Christophe Dettinger a passé la nuit de mercredi à jeudi en détention provisoire. Ce dernier, qui s’était rendu aux autorités après avoir frappé deux gendarmes lors d’une manifestation de gilets jaunes, a vu son procès renvoyé au 13 février.
Jugé en comparution immédiate mercredi 9 janvier pour avoir « boxé » deux gendarmes, le 5 janvier, en marge d’une manifestation des Gilets jaunes dans le Ier arrondissement à Paris, cet ex-boxeur, champion de France des lourds-légers à la fin des années 2000, a finalement été placé en détention en attendant d’être jugé le 13 février prochain.
Une décision qui a provoqué la colère de ses proches, à l’énoncé de la décision de justice, tandis que les avocats de l’accusé — dont la présomption d’innocence a été totalement bafouée par le gouvernement, fait rare — demandaient un report du procès pour mieux préparer sa défense.
Christophe Dettinger a confié regretter ses actes, tout en les justifiant « J’ai eu une réaction comme lorsqu’une dame se fait agresser dans le métro par dix personnes » a-t-il expliqué. « Ces violences policières sont totalement inacceptables », a déclaré Philippe de Veulle, avocat d’une femme de 40 ans qui explique avoir été agressée par la police et que M. Dettinger aurait voulu défendre. Elle envisagerait de porter plainte. « Il s’agit d’un procès d’État. C’est la première fois de ma vie que je vois le gouvernement s’immiscer de cette manière dans une affaire de justice », explique-t-il
Les deux fonctionnaires chargés du maintien de l’ordre blessés par Christophe Dettinger, défendus par Thibault de Montbrial et Émélie Samson, ont eu des ITT de 15 jours et de 2 jours.
Procès le 13 février prochain donc. En attendant, Christophe Dettinger, marié, inséré socialement et père de famille, dort en prison parce qu’il constituerait une menace potentielle (c’est le principe de la détention provisoire). Ce n’est pas tout le temps, loin s’en faut, comme l’actualité toute récente le montre :
- Début janvier dans le sud de la France, un récidiviste ayant giflé un enseignant (donc un fonctionnaire également) a été placé sous simple contrôle judiciaire et laissé libre en attente de procès.
- Dans le Gard, toujours en ce début d’année, un automobiliste qui avait pris en chasse un autre véhicule qui lui avait refusé la priorité avait tiré un coup de fusil visant ce dernier. Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire mercredi 9 janvier pour un jugement au mois de juin.
- Concernant des Gilets jaunes : Deux frères, ainsi qu’un troisième homme ont été présentés à une juge d’instruction et laissés libres sous contrôle judiciaire la semaine dernière, suite à des incidents en marge des manifestations.
- Cinq mineurs ont, en décembre 2018 été déférés et mis en examen des chefs de « destruction par moyen dangereux pour les personnes et participation à un groupement formé en vue de préparer des actes de violence ou destruction ou dégradation de biens ». Ils ont été laissés libres, sous contrôle judiciaire. Ils avaient incendié un lycée à Blagnac en marge de manifestations lycéennes.
Mais aussi en ce début d’année :
- Un homme détenu provisoirement dans le cadre d’une vaste affaire de trafic de drogue a été mis en liberté sous contrôle judiciaire suite à une erreur du tribunal de Marseille.
La détention provisoire, c’est-à-dire la mise en détention d’un individu bénéficiant toujours de la présomption d’innocence, il faut le rappeler, constitue pas loin du tiers des places de prison en France, en ce début d’année 2019. Au 1er décembre 2018, pour 71 061 personnes détenues en prison en France, 20 883, c’est-à-dire 29 %, étaient des prévenus, c’est-à-dire des présumés innocents (toutes les statistiques ici). Christophe Dettinger vient donc augmenter ce chiffre particulièrement alarmant.
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