À Vannes, l’annonce de la fermeture des ateliers de BIC Ecriture a suscité une vive colère chez les 33 salariés. Lesquels se sont mis en grève pour protester contre leur licenciement à venir.
Bic Ecriture chassé par la glisse
Le célèbre stylo Bic 4 couleurs va-t-il signer l’arrêt de mort de son atelier de fabrication breton ? Les salariés du site Bic Ecriture de Vannes sont vent debout depuis plusieurs jours car une grande partie de la production va être délocalisée en Tunisie, à Bizerte plus exactement. Ce transfert d’activités doit avoir lieu d’ici l’été prochain. Jusqu’à présent, les 33 salariés de l’atelier vannetais produisaient plus de 100 millions de stylos par an.
À l’origine de ces évolutions, la volonté de Bic de se recentrer sur son activité historique, à savoir la papeterie, les rasoirs et les briquets. De ce fait, le groupe souhaitait donc se débarrasser de sa filiale Bic Sport, qui officie principalement dans le secteur des sports nautiques (surf, windsurf, etc.) et représente 1 % du chiffre d’affaires de Bic. C’est ainsi que l’Estonien Tahe Outdoors a émis une offre d’achat de Bic Sport. La filiale en question a son siège basé à Vannes et emploie 73 personnes en France (dont plus de la moitié à Vannes), 13 aux États-Unis et deux en Australie. À savoir que Tahe Outdoors est déjà un acteur solide du marché européen du kayak, du paddle et du kitesurf.
Le problème réside alors dans le fait que les ateliers Bic Ecriture de Vannes étaient loués jusqu’alors à Bic Sport. Seulement voilà, l’acquéreur estonien souhaite disposer de l’intégralité des locaux du site. Exit donc la production de stylos !
Bic Ecriture, de Vannes à la Tunisie
Dans ces conditions, les 33 salariés de Bic Ecriture ne font donc pas partie des plans de Tahe Outdoors. S’ils sont assurés de poursuivre le travail jusqu’en juillet 2019 et la fermeture définitive de leur atelier, ce sera notamment pour former leurs remplaçants qui vont prendre le relais… en Tunisie. Des remplaçants qui sont eux-même Tunisiens et produiront désormais le célèbre Bic 4 couleurs dans une autre usine de la marque située à Bizerte (Nord de la Tunisie). Une unité de production s’étendant sur 10 000 m² et ayant vu le jour en 2013.
Ainsi, ce sont 80 % du volume de stylos fabriqués actuellement à Vannes qui seront dorénavant réalisés en Tunisie. Quant aux 20 % restants, c’est l’usine de Marne-la-Vallée qui va hériter de la production.
Grève générale et incompréhension
Si les salariés vannetais sont informés de cette vente depuis quelques mois, ils ont lancé un mouvement de grève générale illimitée depuis ce début du mois de janvier. En effet, aucune solution viable ne leur a été proposée et seulement six d’entre eux pourraient bénéficier d’un reclassement au siège de Bic. La direction a par ailleurs argué de ne pas avoir trouvé de terrain à proximité pour y déplacer l’activité de production de stylos.
De son côté, le personnel breton dénonce un « manque de loyauté » de sa direction. Notamment par l’intermédiaire du délégué syndical CFDT Jean-Louis Le Droguenne, qui indique par ailleurs : « On nous licencie alors qu’on a plein de commandes. » Quant à un éventuel départ de quelques salariés vannetais vers le siège de Bic situé en Île-de-France, le délégué syndical assure qu’aucun d’entre eux ne semble disposer à quitter la Bretagne.
Parmi les exigences des futurs licenciés de Bic Ecriture, la demande de clarifications sur les démarches de déménagement ainsi qu’une prime de 1500 euros bruts par mois et par salarié jusqu’à la fin de l’activité au début du mois de juillet 2019. Tout en refusant de former leurs successeurs tunisiens.
En ce qui concerne la direction, le directeur industriel de Bic Écriture 2000 Benoît Bemer considère que, si « Plusieurs scénarios de réorganisation ont été envisagés », « la piste d’une relocalisation sur le bassin d’emploi de Vannes a été étudiée mais n’a pas été retenue car elle ne présentait pas une viabilité économique et industrielle ».
Politiques : des réactions mais pour quel impact ?
Dans ce contexte, les salariés peuvent-ils compter sur l’aide des responsables politiques locaux ? Lundi 7 janvier, ils ont rencontré le député de la 1ère circonscription du Morbihan Hervé Pellois (LREM). Lequel s’est engager à « mobiliser ses réseaux » et à « contacter le cabinet de Bruno Le Maire ». Des actions qui peuvent prêter à sourire lorsque l’on se rappelle de l’aveu d’impuissance de ce même Bruno Le Maire il y a quelques semaines devant l’Assemblée nationale au sujet de l’affaire Ford à Blanquefort :
Autres personnalités politiques à être montées au créneau, le sénateur du Morbihan Joël Labbé et le député du même département Paul Molac. La délégation de salariés de Bic Ecriture devait rencontrer le premier ce même lundi, le second mardi 8. Joël Labbé compte adresser un courrier à Bruno Le Maire afin de mettre en place une table ronde comprenant le Préfet du Morbihan, les parlementaires ainsi que le maire de Vannes David Robo.
Ce dernier, qui avait apporté son soutien aux salariés, s’est depuis fait beaucoup plus discret : « On a envoyé trois mails au maire de Vannes David Robo mais on n’a toujours pas eu de réponse », a ainsi déclaré le délégué syndical CFDT Jean-Louis Le Droguenne.
RN et Debout La France réagissent aussi
D’autres formations politiques ont également fait entendre leur voix. Comme le Rassemblement national, par l’intermédiaire du président du groupe RN au Conseil régional Gilles Pennelle qui a déclaré le 7 janvier :
« La délocalisation vers la Tunisie de l’usine Bic de Vannes annoncée par la direction du groupe est un nouveau symbole des effets néfastes du modèle mondialiste ultra-libéral défendu par Emmanuel Macron, Alain Juppé et les européistes de Bruxelles. Le Rassemblement National apporte son soutien aux salariés bretons du groupe et réclame que soient prises toutes les mesures nécessaires au maintien de l’unité de production de Vannes ».
Les stylos #BiC 4 couleurs vont quitter #Vannes pour..la Tunisie!!
33 licenciements!
Le modèle économique de Macron, de Juppé, des européistes, installe la misère sur nos territoires…
Le @RNational_off soutient le combat légitime des salariés https://t.co/c11UwReUro— Gilles Pennelle (@GillesPennelle) 6 janvier 2019
Enfin, le secrétaire départemental du Morbihan de Debout La France David Cabas s’est lui aussi manifesté en co-signant par ailleurs un communiqué de presse :
Avec Debout La France, j’apporte mon soutien aux salariés de Bic écriture et je dénonce le changement de stratégie de développement du groupe BIC en rompant avec le « Made in France » vers le « Made in Ailleurs » https://t.co/U1yp5iiVoL
— David CABAS (@DavidCABAS56) 9 janvier 2019
➡️ Notre Communiqué de Presse sur la délocalisation de la production des stylos BiC de Vannes vers la Tunisie.
➡️Après avoir reçu des aides du CiCE, BiC va licencier 33 salariés.
➡️On n’entend pas @BrunoLeMaire sur la stratégie de ré-industrialisation du pays. pic.twitter.com/T8Y3bwbt81
— DLF Hauts-de-Seine (@DLF_92) 9 janvier 2019
Pour soutenir le mouvement de grève des salariés de Bic Ecriture à Vannes, une cagnotte a même été mise en place sur Leetchi.com, un site qui fait décidément parler de lui ces jours-ci.
Crédit photo : Flickr (CC BY-Sa 2.0/ActuaLitté)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine