« Névroses médiatiques ». Tel est le nom du livre coup de poing publié chez Plon et écrit par Gilles-William Goldnadel, avocat, chroniqueur et essayiste que nos lecteurs connaissent déjà.
Voici la présentation du livre par l’éditeur :
L’idéologie religieuse athée, post-chrétienne et post-shoatique a créé un ordre intolérant avec ses grands prêtres impérieux et ses petits clercs vétilleux. Son pouvoir d’excommunication a produit des martyrs. Son culte victimaire a pratiqué la béatification de ses saints successifs : le Juif crucifié en pyjama rayé, le palestinien martyrisé par le juif militarisé, l’immigré musulman, l’homosexuel stigmatisé, la femme violentée etc. Ainsi, symétriquement, que la détestation fantasmatique de nombreux démons : Trump, Netanyahu, l’hétérosexuel blanc etc. Cette idéologie religieuse fanatique, dans ses derniers états théologiques peut être baptisée successivement anti-raciste, islamo-gauchiste ou néo-féministe anti-occidentale.
Le livre décrit son catéchisme et sa liturgie. Il déplore également les ravages commis par ce qu’il nomme l’église cathodique de la mauvaise foi.
Mais, au-delà, le livre explique pour quelles raisons techniques liées à la télévision puis plus récemment aux réseaux sociaux massifiés, l’idéologie décrite et décriée commet désormais des ravages qui affectent le cerveau individuel comme l’inconscient collectif. Goldnadel démontre que le virtuel a définitivement terrassé le réel et que la masse des individus médiatiquement enchainés se conduit comme une foule déchainée irrationnelle. Foultitude de lynchages détaillés à l’appui : Balance ton porc, Charlotteville, l’anti-esclavagisme taliban briseur de statues, l’antiracisme des camps racisés etc… Une dénonciation méthodique d’un enfer névrotique.
Ce livre est à lire et à faire lire autour de vous. Il achève de défoncer quelques vieux totems que tentent encore de nous ressortir les médias mainstream, relais d’un système et d’une petite oligarchie à bout de souffle. Il identifie par ailleurs parfaitement cette nouvelle « foule médiatique » dont on voit aujourd’hui une forme d’aboutissement avec les Gilets jaunes. « Le monde est devenu une foule déchainée » nous dit Gilles-William Goldnadel dans le sous-titre de l’ouvrage.
Une foule déchainée qui pourrait tout emporter sur son passage. Nous avons donné la parole à ce sujet à Gilles-William Goldnadel, dans un entretien particulièrement incisif et corrosif.
Névroses médiatiques – Gilles-William Goldnadel – Plon – 19,90€ (à commander ci-dessous) :
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Breizh-info.com : Quelle définition donneriez-vous au terme névrose ?
Gilles-William Goldnadel : La névrose dans le sens le plus vulgaire du terme est le fait d’être, en raison de fantasmes, privé de toute rationalité, de toute sérénité.
Breizh-info.com : Votre ouvrage, « Névroses médiatiques » sort en pleine crise des Gilets jaunes. On est « en plein » dans votre livre pour le coup : hystérie médiatique et politique, individus qui ne se connaissent pas, mais qui se rallient sur des bases parfois étonnantes, mouvement difficile à identifier… Les Gilets jaunes et le traitement qui leur est réservé ne sont-ils pas finalement la plus belle synthèse de votre ouvrage ?
Gilles-William Goldnadel : Je reconnais immodestement que je n’ai pas été cruellement démenti par cet ouvrage, publié 15 jours avant le phénomène des Gilets jaunes. Je décris avant la lettre cet évènement, d’abord médiatique puis devenu foule physique avec ses aspects positifs et négatifs.
Une chose est certaine : les Gilets jaunes, ce sont d’abord une ou deux vidéos confectionnées par des individus, qui ont ensuite fait partager leur colère à des centaines de milliers de personnes, ce qui a entrainé une foule médiatique, y compris dans son aspect le plus déchainé et le plus irrationnel. Foule qui a constitué ensuite une foule physique, qui a généré dans le cadre d’une dynamique dialectique et quelques fois hystérique, à nouveau une foule médiatique.
Ce que je décris d’une manière général comme le phénomène de la foule médiatique a été réalisé in vitro et in vivo dans l’espace français.
Breizh-info.com : Pour vous, la presse mainstream est une nouvelle Église, qui diffuse une forme de religion. Est-ce la religion des droits de l’homme que d’autres ont dénoncée en leur temps ? Vous la nommez Église cathodique…
Gilles-William Goldnadel : J’explique le phénomène de la foule médiatique. Des individus isolés dans leurs coins, mais qui interconnectés en permanence forment cette foule médiatique. Mais il se trouve que cette foule médiatique, avec parfois ses côtés négatifs décrits par Gustave le Bon ou par Sigmund Freud, a été alimentée — ce qui est beaucoup plus grave d’une certaine manière — par l’Église cathodique qui a répandu ce que j’appelle l’idéologie du pseudo antinazisme devenu fou. Cette Église cathodique a ses petits clercs, ses grands prêtres, et ils véhiculent à travers les médias mainstream une forme d’antiracisme dévoyé qui a entrainé des fantasmes névrotiques.
Nous en sortons enfin, mais cette sortie se fait avec beaucoup de mal.
Breizh-info.com : À l’inverse, on voit aussi circuler tout un tas de contre-vérités, de complots délirants, sur les réseaux sociaux parfois chez les Gilets jaunes. Fruit de la déliquescence de l’éducation nationale, ou d’autre chose ?
Gilles-William Goldnadel : Je ne sais pas ce que c’est les Gilets jaunes. C’est un faux mouvement. C’est plus un cri qu’une véritable entreprise. Vous ne pouvez pas donner des porte-paroles à ce cri. J’observe que ces porte-paroles ont été choisis par les médias mainstream, d’abord en fonction d’un besoin (il fallait alimenter la machine médiatique).
Ce « faux mouvement » des Gilets jaunes, qui venait de la périphérie délaissée, a perdu au fur et à mesure qu’il était médiatiquement traité, beaucoup de son aspect identitaire pour ne conserver que son aspect économique. Je n’y vois pas de complot, mais malgré tout le fait que les porte-paroles sélectionnés pour franchir la porte d’entrée ont poli leur discours identitaire pour ne conserver que le discours économique sinon ils savaient qu’ils n’auraient pas le ticket d’entrée.
Raison pour laquelle ce mouvement, d’une certaine manière, a été sinon dévoyé au moins policé. Les Gilets jaunes ont également été caricaturés par des gens. Dès l’instant où il y avait deux crétins enivrés dans une rame de métro, ils y ont vu un phénomène antisémite. N’oublions pas l’aspect névrotique des médias, fascinés par le fascisme. La couverture du Monde d’il y a quelques jours — à qui j’ai fait un sort dans Le Figaro — montre à quel point le fantasme hitlérien reste très vivace.
Lendemain de publication d’un sondage montrant Bretons, Français, hostiles à l’immigration, @OuestFrance fait sa une sur la Shoah et sur une ancienne déportée expliquant qu’il faut faire « attention au nazi qui sommeille en nous ». De la propagande de haut vol ! @jylgallou pic.twitter.com/h8UumRbYRj
— Breizh-Info (@Breizh_Info) 21 décembre 2018
Breizh-info.com : Il semblerait que le réveil partout en Europe d’une population rejetant de plus en plus massivement l’immigration et craignant pour son identité fasse renaitre l’épouvantail le plus « facile » à agiter, celui du nazisme. On en a eu un bel exemple la semaine dernière, un jour après un sondage cinglant sur l’immigration, avec cette rescapée de la Shoah nous expliquant que nous devrions tous faire attention au nazi qui sommeillerait en nous… Cela semble toutefois prendre de moins en moins sur la population non ?
Gilles-William Goldnadel : C’est une grande spécialité de l’Église cathodique, que ce soit en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, d’aller chercher chez des rescapés de la Shoah, le discours le plus nazifiant possible, le plus diabolisant, qui n’est pas, je dois vous le dire tant s’en faut, majoritaire chez les Juifs et chez les Juifs déportés.
Vous savez, la plupart des Juifs déportés parlent comme moi. Ils savent bien ce qu’est le nazisme, ce qu’est l’antisémitisme. Ils savent bien ceux qui tuaient les Juifs hier et ceux qui tuent les Juifs aujourd’hui. Mais c’est pareil. De la même manière qu’elle sélectionne les porte-paroles des Gilets jaunes, l’Église cathodique sélectionne de manière névrotique les juifs shoatiques.
Breizh-info.com : Ne va-t-on pas tout droit vers des années noires, entre une Église cathodique qui se fait le parfait relais d’une petite oligarchie idéologique déconnectée du réel, et une population qui refuse de se laisser assassiner à petit feu ? Étés vous inquiets pour la suite des évènements, qui pourraient rapidement devenir incontrôlable ? Il semblerait que les fractures en France n’aient jamais été aussi importantes et dures…
Gilles-William Goldnadel : Le pire n’est jamais sûr. L’Église cathodique d’abord, est en train de mourir. Elle est comme un astre mort, mais qui brille encore pour éclairer les Églises cathodiques toujours plus vides, mais qui restent toujours en fonction au sein des grands médias et notamment des médias du service public ?
Mais ils n’abusent plus grand monde. Encore une fois, ces Églises cathodiques ont été désertées par la plupart des fidèles qui ont gagné les réseaux d’information souterrains, avec ce qu’il y a de meilleur et ce qu’il y a de pire. Mais ils savent qu’au sein des catacombes, l’Église cathodique ne sera pas dans la possibilité d’occulter toutes les informations, de privilégier ce qui lui fait plaisir ou de dissimuler ce qui l’embête.
Est-ce qu’on va vers des années noires ? Je ne sais pas. Ce qui est certain c’est que l’Église cathodique peut encore gagner, non plus la bataille des idées qu’elle vient de perdre à plate couture — regardez les succès d’édition, les intellectuels les plus lus — mais elle peut encore gagner la bataille des émotions. Elle conserve encore de très grands pouvoirs de pseudo information, d’indignation, de sidération.
Il n’est qu’à voir la manière dont le sujet de l’immigration — qui reste la grande préoccupation quoiqu’on en dise, des peuples européens d’aujourd’hui — a été une nouvelle fois publiquement mis sous le boisseau. Macron qui, aux abois, dans sa conférence de presse où il a fait montre d’une humilité infiniment plus grande que lors du 31 décembre, avait promis que la question de l’immigration serait posée a capitulé sous la pression du patron de la CFDT et de la gauche. Capitulé en rase campagne.
J’en veux beaucoup à l’opposition républicaine de droite de ne pas avoir montré à quel point cette capitulation était une trahison à l’égard du peuple français. De la même manière que ces partis politiques de droite, toutes tendances confondues, sont incapables de comprendre à quel point cette question identitaire est existentielle — elle ne sait pas non plus mener la critique (centrale) qu’il faudrait pourtant pouvoir mener à l’encontre des grands moyens d’information de cette Église cathodique.
Et notamment du service public audiovisuel qui est un scandale d’État total, raison pour laquelle j’ai lancé sur Twitter une petite campagne à ma modeste échelle, où je pense que les plus inspirés des Gilets jaunes devraient se saisir du problème de la redevance. Car on nous force à payer la redevance pour nous livrer une information corrompue — parce que les grands moyens d’information publics dérogent complètement à leurs charges inscrites dans leurs cahiers du même nom puisqu’ils ont une obligation de neutralité et de pluralisme qui est publiquement foulée aux pieds. C’est un scandale.
Au regard des manquements permanents aux règles de la neutralité et du pluralisme par les préposés en charge de l’information audiovisuelle publique , c’est l’impôt le plus injuste de France .Gilets Jaunes saisissez vous de ce scandale puisque les politiciens s’y refusent ! https://t.co/jp0fmi1QCu
— G-William Goldnadel (@GWGoldnadel) 1 janvier 2019
Breizh-info.com : Cela risque de s’accentuer avec la loi sur les fake news, non ?
Gilles-William Goldnadel : Sans doute, mais on a pas besoin de cette loi sur les fake news pour savoir à quel point la trahison des petits clercs médiatiques apparait de plus en plus invraisemblable au peuple. Mais malheureusement, les relais politiques de droite ne sont pas capables de comprendre à quel point c’est un sujet de fond, et électoralement tout à fait payant.
Propos recueillis par Yann Vallerie
Photo : DR
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