Se tromper est humain. Persévérer est diabolique. Après avoir infligé une première fois 48 h d’interdiction de la vente d’alcool à emporter à Nantes et Saint-Nazaire pour la Saint-Nicolas, sous le prétexte fumeux de limiter les dégâts d’une manifestation de Gilets jaunes, le préfet de Loire-Atlantique Claude d’Harcourt remet ça pour la Saint-Sylvestre. Avec probablement la même absence de résultats probants, sauf pour la santé déjà fragilisée du petit commerce.
Des arrêtés inefficaces ?
Haut fonctionnaire énarque, affecté au ministère de l’Intérieur dès sa sortie de l’école, Claude d’Harcourt a surtout dirigé des ARS (agence régionale de la santé) et même l’administration pénitentiaire. Il ne s’est guère montré jusqu’ici très efficace en termes de maintien de l’ordre, notamment samedi 22 lorsque les forces de l’ordre en nombre manifestement insuffisant se sont retrouvées débordées à plusieurs reprises par des manifestants et des Gilets jaunes très déterminés.
En revanche faire des arrêtés, il sait faire. Sont donc interdites pour la Saint-Sylvestre la vente d’artifices de divertissement, quelle qu’en soit la catégorie (du samedi 29 8h au 1er janvier 10h) et le carburant en jerricans et flacons (du 30 décembre 20h au 1er janvier 10 heures), comme d’habitude. Et, comme d’habitude, on peut présumer que les incendiaires auront fait leurs réserves, puisque bon an mal an une quarantaine de voitures sont brûlées lors du Réveillon à Nantes. On verra si cet arrêté préfectoral a eu un effet positif cet année.
Ouvrir le parapluie ?
En revanche ce qui est nouveau, c’est que la vente d’alcool à emporter est interdite du 31 décembre 22 h au 1er janvier 10 heures. L’arrêté s’applique dans la petite, moyenne et grande distribution, mais les cavistes semblent y échapper. La dernière fois déjà, certains avaient fait de très bonnes affaires.
Sans rire, le préfet justifie son arrêté par « la présence d’un grand nombre de personnes en état de forte alcoolisation attendue pour la nuit du 31 décembre 2018 au 1er janvier 2019 » et « le dépôt sur la voie publique, à l’issue du rassemblement de la nuit du 31 décembre au 1er janvier dernier, de très nombreux déchets notamment des morceaux de verre ».
Un épicier nantais est très sceptique : « vu la durée finalement limitée de l’arrêté, le préfet fait ça pour se couvrir – et ça se voit. Il a juste ouvert son parapluie. Les gens vont faire leurs courses d’avance et, comme la dernière fois, vont même en acheter plus pour faire des réserves ». Un gérant de supérette ironise : « il devrait interdire tour à tour les produits du quotidien pour que les gens viennent chez nous faire des réserves, ça compenserait ce qu’on a perdu avec les manifestations en décembre ». Bref, le préfet d’Harcourt a encore un long chemin à faire avant de convaincre les Nantais.
Louis Moulin
Crédit photo : Dr
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