Gilets jaunes. Jacline Mouraud, de Sarkozy à Macron ?

En 2007 et 2012, Jacline Mouraud a voté pour Nicolas Sarkozy ; à la primaire de 2016 aussi. «  Parce que c’est le seul qui a des couilles », croit-elle savoir (JDD, 23 décembre 2018). Maintenant elle aurait un petit faible pour Emmanuel Macron… « Je l’ai trouvé touchant » ; c’était lors de la dernière intervention du Président à la télévision. A suivre.

On ne rappellera jamais assez cette phrase historique de Jacline Mouraud lancée depuis Bohal (près de Ploërmel). Elle avait en effet posté sur sa page Facebook une vidéo destinée à Emmanuel Macron dans laquelle elle dénonçait la flambée des prix des carburants et « la traque aux conducteurs » : « Mais qu’est ce que vous foutez de tout ce pognon, à part changer la vaisselle de l’Élysée ou faire construire des piscines » ; elle devint immédiatement célèbre (5,5 millions de vues en deux semaines).

Très remontée, elle distillait des petites phrases qui ne faisaient pas dans la dentelle. « Il y aura des millions de personnes. Ce mouvement va marque l’histoire de la France » (Le Figaro, 17,18 novembre 2018). « Emmanuel Macron vient de signer la suite du mouvement. Il va se durcir, bien entendu […] Il nous entend de loin. On a l’impression que l’écho n’arrive jamais jusqu’à lui. Le résultat, c’est que le mouvement va se durcir, c’est obligatoire. » (CNews, mardi 27 novembre 2018).

« Jacline » a mis beaucoup d’eau dans son vin

Mais ça, c’était avant. Depuis « Jacline » a mis beaucoup d’eau dans son vin. Après la radicalisation, place à la normalisation ! Elle commence par rencontrer le Premier ministre à Matignon avec une délégation de « Gilets jaunes libres » (Ouest-France, 8-9 novembre 2018). Estimant que le mouvement a obtenu des « avancées » après les annonces d’Emmanuel Macron, celle-ci demande aujourd’hui une trêve. Après ce bras de fer de plusieurs semaines avec le gouvernement, il est temps, selon elle, de déposer les gilets jaunes et de participer au débat national que propose le chef de l’État (Le Figaro, mercredi 12 décembre 2018). Elle se moque même de ses anciens compagnons gilets jaunes : « Je ne pense pas qu’être au printemps sur les ronds-points en train de cueillir les marguerites [fera] changer la politique du gouvernement. » (RTL, jeudi 13 décembre 2018).

Toutes ces aventures, tout ce tamtam médiatique lui a donné de l’appétit. Certes, elle n’a nullement l’intention d’être candidate aux européennes sur une liste de La République en marche. Mais elle réfléchit à créer son parti. « Au fond, c’est la seule chose envisageable », affirme-t-elle (JDD, 23 décembre 2018).

« les dernières menaces que j’ai reçues, c’est la décapitation ! »

Pleine de bonne volonté et ayant pris goût à l’action publique, elle a demandé un rendez-vous à Macron via la rubrique « contact » sur le site de l’Élysée ; c’était le 15 décembre, elle n’a pas obtenu de réponse, poursuit-elle (JDD, 23 décembre 2018). Macron a tort de mépriser quelqu’un devenu important… Elle pourrait rendre service en lui fournissant des analyses à mille lieues de celles que ses conseillers lui réservent habituellement.

Devenir présidente d’un parti, voilà une bonne idée pour Jacline. Premier avantage : bénéficier de la protection de gardes du corps car elle est « menacée de mort ». Elle vit même dans une ambiance très Révolution française : « les dernières menaces que j’ai reçues, c’est la décapitation ! » (JDD, 23 décembre 2018). Effectivement, il manque à la Bretagne une Marie-Antoinette… Deuxième avantage : se faire des copines évoluant en dehors de sa clientèle « accordéon pour thé dansant » : Ségolène Royal, Marine Le Pen, Rachida Dati… Troisième avantage : être reçue (enfin) à l’Élysée par Emmanuel Macron lorsque le Président estime nécessaire, dans les grands moments, de recevoir les chefs de parti afin de donner l’impression de recueillir leurs avis.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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