La Commission européenne a octroyé une enveloppe de 305 millions d’euros cette semaine à destination des États en première ligne face aux vagues migratoires extra-européennes. Mais certains financements posent question.
Grèce, Italie, Chypre et Croatie
Le 20 décembre, la Commission européenne a déclaré qu’elle avait débloqué dans le courant de la semaine la somme de 305 millions d’euros supplémentaires au titre de l’aide d’urgence pour soutenir les pays les plus exposés face à la pression migratoire. Ceci afin d’assurer une meilleure gestion des frontières de l’UE via ces États situés en limite de l’espace Schengen que sont la Grèce, l’Italie, Chypre et la Croatie.
Toutefois, « meilleure gestion » ne signifie pas pour autant « fin de l’immigration extra-européenne » et encore moins « remigration » car le financement en question a aussi pour objectif d’accroître la capacité d’accueil des migrants. Ces fonds doivent également permettre de protéger les nouveaux arrivants de la traite des êtres humains tout comme de renforcer les capacités de surveillance et de gestion des frontières. Paradoxe du contexte, cette aide de 305 millions d’euros intervient tandis que la signature du Pacte mondial de l’ONU sur les migrations le 10 décembre dernier a divisé l’UE entre les États favorables et ceux qui l’ont refusé. Une dernière catégorie dont font partie l’Italie et la Croatie.
De son côté, le Commissaire pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté Dimitris Avramopoulos a déclaré : « La Commission est résolue à continuer de soutenir les États membres soumis à une pression migratoire. Les 305 millions d’euros supplémentaires attribués cette semaine à plusieurs pays permettront de répondre à des besoins urgents, en faisant en sorte que les nouveaux migrants arrivés dans ces pays soient hébergés convenablement et reçoivent de la nourriture et de l’eau, que la sûreté et la sécurité des personnes les plus vulnérables soient garanties et que les contrôles aux frontières soient renforcés, si nécessaire. »
Déjà 10,8 milliards d’euros mobilisés
Le financement d’urgence sera fourni au titre du Fonds pour l’asile, la migration et l’intégration (AMIF) et du Fonds pour la sécurité intérieure (FSI) de la Commission européenne. Il vient s’inscrire dans un vaste plan de 10,8 milliards d’euros déjà mobilisés par la Commission pour la période 2014-2020 au titre des migrations, de la gestion des frontières et de la sécurité intérieure.
Dans le détail, la Grèce est l’État qui, de loin, recevra la plus grosse enveloppe pour la gestion de cette question migratoire avec 289 millions d’euros. Ainsi, 190 millions d’euros seront notamment alloués au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au titre du logement locatif des migrants.
D’autre part, 61 millions d’euros iront à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et au Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Une somme qui servira à prodiguer un accès aux soins et à l’éducation ainsi qu’à assurer une meilleure sécurité aux mineurs non accompagnés. Mais qui rappelle par ailleurs un autre paradoxe.
Financer l’OIM… qui est favorable à l’immigration
Cette attribution d’une partie des 61 millions d’euros de la part de la Commission européenne à destination de l’OIM nous conduit toutefois à nous intéresser de plus près au cas de cette organisation. Elle n’avait effectivement pas manqué de susciter de vives critiques en avril 2018. Dans un tweet via son compte officiel, l’OIM écrivait alors : « L’immigration est inévitable, souhaitable, nécessaire ».
#Migration is:
• inevitable
• desirable
• necessarythis Easter, let’s not forget those who are caught in crises around the world ? pic.twitter.com/e7fT1FE0D1
— IOM – UN Migration (@UNmigration) 1 avril 2018
Un temps indépendante, l’OIM, agence intergouvernementale basée à Genève, est désormais sous la coupe de l’Organisation des Nations Unies (ONU, à l’origine du Pacte de Marrakech…) depuis le mois de septembre 2016. Et ne s’était donc pas gênée pour prôner davantage d’immigration d’origine extra-européenne dans les pays occidentaux.
Une fois ce rappel effectué, peut-on légitimement faire confiance à l’OIM quant à l’utilisation de la somme versée par la Commission dans l’intérêt des citoyens de l’UE ? Il est permis d’en douter !
En ce qui concerne le reste de la dotation, l’Italie bénéficiera d’une aide d’urgence de 5,3 millions d’euros, notamment pour « contribuer à protéger les victimes de la traite des êtres humains dans le contexte migratoire ». Chypre va percevoir pour sa part 3,1 millions d’euros afin de pérenniser un centre d’accueil pour migrants. Enfin, la Croatie se verra allouer quelques 6,8 millions d’euros pour renforcer la gestion des frontières extérieures de l’UE.
En définitive, la corrélation des différents financements octroyés par la Commission à travers cette enveloppe de 305 millions d’euros donne une fâcheuse impression de dépenses contradictoires. Ou comment financer dans le même temps le contrôle des frontières et des organisations favorables à l’immigration. Mais à quoi joue donc la Commission ?
Crédit photo : Pixabay (CC0/dimitrisvetsikas1969)
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