Après la session du conseil départemental de Loire-Atlantique, qui a vu ce 17 décembre les élus adopter, dans une ambiance surréaliste, un vœu pour un référendum sur la réunification après avoir rejeté le droit d’option sur le même sujet, nous avons interrogé l’ancien président socialiste du conseil général Patrick Mareschal, inlassable militant pour la réunification.
Une interview que nous vous proposons alors que le sénateur Ronan Dantec s’est pris un vent, hier au Sénat, par la dénommée Jacqueline Gourault, une ministre de la cohésion et des territoires que peu de français doivent connaitre.
Tout le monde aura apprécié la totale non-réponse de @j_gourault qui appelle donc à une modification de la loi, ce à quoi nous devons maintenant nous atteler. Espérons que cette absence de réponse à la demande unanime des élus de deux grandes collectivités n’est que passager… https://t.co/GzNr9Tbw2q
— Ronan Dantec (@RonanDantec) 18 décembre 2018
Concernant la réunification de la Bretagne, voici ce qu’a répondu la ministre, à propos du référendum : « le code général des collectivités territoriales précise qu’il faut une décision concordante des collectivités concernées, les deux régions ainsi que le département de Loire-Atlantique« . Avant de rejeter la demande des élus locaux en arguant que « sans mesures législatives l’Etat n’est pas en mesure d’organiser une consultation sur le sujet évoqué et sur une seule partie du territoire national. Ce sujet doit faire d’abord l’objet de discussions au sein de chaque assemblée délibérante pour que l’Etat puisse l’examiner de la manière la plus éclairée possible »
Une bonne façon de botter en touche.
Breizh Info : Patrick Mareschal, que pensez-vous des votes de la session de lundi ?
Patrick Mareschal : Pour tous les militants c’est une victoire.
Breizh Info : Pourquoi ?
Patrick Mareschal : Les citoyens se sont intéressés largement à la réunification via la pétition, et cela a obligé à un débat large sur le sujet au département.
Breizh Info : Regrettez vous que le droit d’option ait été rejeté ?
Patrick Mareschal : Non, car c’est une voie très étroite, semée d’embûches. Au fond, le droit d’option est un levier pour ouvrir de nouvelles portes. Si le référendum s’ouvre ce sera très bien, le fait que le département le demande est une victoire.
Breizh Info : Nantes est l’une des villes qui attire le plus de population extérieure au département. La Loire-Atlantique connaît elle aussi un solde migratoire positif – avec de nombreuses personnes issues d’autres régions françaises qui s’y installent. N’y-a-t-il pas un risque que ceux qui viennent d’arriver – et sont souvent rarement concernés par la question bretonne – décident d’enterrer la réunification au détriment de ceux qui sont originaires du département ?
Patrick Mareschal : J’ai travaillé à l’INSEE. Or, il y a beaucoup de gens qui s’installent ici qui reviennent en réalité. Ils ont des attaches personnelles ou familiales en Loire-Atlantique. Par ailleurs ce ne sont pas toujours les gens rapportés de fraîche date qui sont les moins attachés à l’identité.
Breizh Info : Tout à l’heure, le maire de Geneston intervenait pour dénoncer la « charge supplémentaire » que constituerait un référendum ou une consultation, sur une question qui ne lui semble pas prioritaire. Elle reflète une opinion qui existe aux confins du département, notamment tout au sud de la Loire, qu’en pensez-vous ?
Patrick Mareschal : Certains d’entre eux ont conscience aussi de la dimension économique induite par le rattachement. Ce n’est pas pour rien que Maxime Chéneau et d’autres vignerons militent pour que le Muscadet soit un vin breton et non pas noyé dans les Vins du val de Loire.
Breizh Info : D’autres ont plaidé les réussites des Pays de Loire, qui serait une région qui marche et qu’il ne faut pas casser…
Patrick Mareschal : les Pays de Loire, c’est en partie nous. Quelle est la part de la Loire-Atlantique dans ces réussites ?
Breizh Info : D’ailleurs, les Pays de Loire sont une réussite ou pas ?
Patrick Mareschal : Dans les années 1970 quand les Pays de Loire se sont formés, notre grande crainte c’était que les gens finissent par s’y trouver bien et qu’une vraie identité s’y forme. Cela ne s’est pas produit. Pour avoir régulièrement assisté à des commissions au conseil régional, j’étais stupéfait par les divergences qui ne manquaient jamais de se former entre élus des divers territoires de la région, par exemple entre le Mans et Nantes. Pour le Mans, le centre, c’est Paris, le port c’est le Havre, les projets maritimes à Saint-Nazaire ne les concernent pas.
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