Le 53ème numéro de la revue nationaliste bretonne War Raok est paru avec pour question centrale, quel avenir pour la Bretagne ?
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SOMMAIRE N° 53
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial (Padrig Montauzier). page 3
Buan ha Buan (Jelvestr Le Cloarec, Goulc’hen Danio de Rosquelfen, Denez Le Floc’h…).
Page 4
Politique
C.A.O. d’Arzano, Brizeux outragé ! (Erwan Houardon). Page 11
Société
Centenaire de la guerre 1914-1918 (Rozenn Le Hir, Herve Pedennlec’h). Page 14
Tradition
Tartans bretons, portons-les fièrement ! (J. Le Bouter). Page 16
Billet d’humeur
La pensée enchaînée des Libre-Penseur (Erwan Houardon). Page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton (Yann Tregael). Page 19
Tribune libre
L’abolition des frontières. Une idée folle et irresponsable (Hans Cany). Page 24
Histoire de Bretagne
Chrysogone-Clément de Guer, marquis de Pontcallec (Meriadeg de Keranflec’h). Page 26
Environnement
Pour une écologie authentique et traditionnelle (Jure Georges Juric). Page 29
Civilisation bretonne
Fonctions et visages de la Déesse-mère ( Fulup Perc’hirin). Page 32
Nature
L’homme est aussi un animal carnivore… (Youenn Caouissin). Page 35
Lip-e-bav
Pesk ha farz (Youenn ar C’heginer). Page 37
Keleier ar Vro
Quel avenir pour la langue bretonne ? (Mael Le Cosquer). Page 38
Bretagne sacrée
Koad Brekilien (Per Manac’h). Page 39
Le peuple breton sacrifié sur l’autel de la France !
« Un mort gisait depuis longtemps devant les barbelés,
Un mort brûlé de soleil, fraîchi de vent et de rosée.
Chaque jour je scrutais son visage, et chaque jour
J’en étais plus sûr : ce devait être mon frère !
Je le voyais à toute heure, couché là devant moi,
Et sa voix me venait des jours de paix, des jours de joie.
Souvent, dans la nuit, un sanglot m’arrachait au sommeil :
Frère, frère bien-aimé, en est-ce fait de ton amour ?
Je finis une nuit par aller jusqu’à lui sous les balles.
Je le ramenai, l’ensevelis : c’était un camarade d’en face !
Mes yeux s’étaient trompés. Mon cœur, lui, avait vu juste :
Les morts ont tous pour nous le visage des frères ».
Heinrich Lersch.
Il y a cent ans, éclatait la Première guerre mondiale, première grande tragédie européenne. Pas possible d’échapper à ce funeste anniversaire, encore moins en Bretagne. Faste, magnificence, le centenaire de l’armistice est célébré en grande pompe et on assiste incontestablement à un déferlement de propagande et de récupération politicienne. Les causes profondes de la guerre comme ses lendemains sont totalement escamotés. La France, par la voix de son président, désigne le nationalisme comme responsable, sans doute aussi pour justifier le paysage politico-idéologique à partir duquel il entend mener la bataille des européennes.
Mais qu’a-t-on réellement célébré ? La victoire ou la fin d’une terrible boucherie ?…
Revenons sur cette guerre stupide et meurtrière, guerre restée encore profondément ancrée dans la mémoire collective du peuple breton. 240 000 hommes de Bretagne morts et sacrifiés par la France ! Combien en sortirent invalides, défigurés à vie ? Combien de familles décimées ?
Faut-il rappeler l’enfer vécu par ces soldats bretons que l’on envoie en première ligne, chair à canons car courageux et téméraires ! Faut-il rappeler l’enfer des tranchées où plane la mort avec l’odeur putride des corps en décomposition, la faim, les morsures du froid, des rats… les tempêtes d’obus, les claquements des rafales, les blessés qui pleurent et supplient de venir les chercher ou par pitié de les achever… la peur au plus profond des os et enfin l’instinct qui vous transforme en bêtes.
On ne dénoncera jamais assez cette immense barbarie. Chaque 11 novembre en Bretagne est un jour de deuil national. Le peuple breton, mon peuple a souffert cruellement et c’est pour cela que je tiens à crier mon incompréhension, mon indignation face à cette boucherie, ce suicide collectif, dessinant sans relâche les tranchées, les bombes, les barbelés, les gaz… et surtout les hommes, des hommes terrés, apeurés, aucunement des héros, mais des hommes plus souvent avec la trouille au ventre que l’envie d’en découdre. Tous ces morts, tout ce sang, le sang de mon peuple versé pour une France qui se disait, à l’époque, gardienne de la civilisation mais qui n’agissait en fait que par esprit de revanche masquant ainsi le caractère impérialiste et conquérant de cette sale guerre.
Me zo ar Gedour bras en e sav war ar c’hleuñ,
Goût a ran petra on ha me oar petra ran :
Ene Kornog, he douar, he merc’hed hag he bleuñ
Holl gened ar bed eo, an noz-mañ a viran…
Yann-Ber Kalloc’h.
Padrig MONTAUZIER.
Crédit photo : DR
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