Ce samedi officiellement 66.000 Gilets jaunes ont manifesté en France soit deux fois moins que le samedi dernier. Des chiffres qui sont cependant à nuancer – d’autant que des milliers de Gilets jaunes ont été bloqués aux péages franciliens le matin et empêchés de rejoindre Paris. À Nantes, où des échauffourées ont eu lieu, 17 interpellations on été effectuées.
Comme le samedi 8 décembre, de nombreux points de blocage ont été observés en province – généralement dans le calme – et des manifestations plus agitées en ville. Le record est pour Saint-Étienne avec de nombreux casseurs et 53 interpellations (!) pour… 2000 à 3000 manifestants officiellement.
De gros rassemblements ont aussi eu lieu à Lyon (9 interpellations, 6 policiers blessés ), Marseille (16 interpellations ), Toulouse (30 interpellations, 10 blessés dont 3 policiers), Bordeaux (27 gardes à vue, 22 blessés dont 6 policiers ), et donc Nantes (17 interpellations et 6 blessés ). Une barre de péage à été incendiée à Narbonne ce matin – quelques jours après une autre à Perpignan.
En Loire-Atlantique, à Saint-Nazaire près de 400 manifestants ont défilé dans le calme à partir de 14 h du front de mer à la gare. D’autres points de blocage pacifique avaient été installés à Vallet, Blain, au péage du Bignon, à Donges (6 croix ), Herbignac, portes d’Armor et de Grandlieu près de Nantes…
A Nantes, profitant de la manifestation, les casseurs étaient de sortie
À Nantes en revanche la manifestation partie à 13 h de la croisée des trams, forte de 2000 manifestants tout au plus – dont 250 activistes d’extrême gauche et une centaine de jeunes issus de quartiers multiethniques répartis en petits groupes très mobiles – a très vite dégénéré.
Pendant que certains manifestants taguaient « Nike l’État » (sic) ou 1.3.1.2 (pour le slogan anarchiste ACAB = all cops are bastards ), d’autres jetaient des projectiles divers sur les forces de l’ordre. Qui répondaient à la lacrymo – de façon disproportionnée.
Le centre ville à été noyé au point de ne plus voir la Tour de Bretagne par moments, le marché de Noël à du fermer en catastrophe trois fois entre 16 et 18h – la pluie battante n’arrangeait guère les affaires déjà – et un débitant de tabac place du Commerce à reçu un palet de lacrymo fumant à l’entrée de son commerce. Ses clients ont été gazés dont deux fortement incommodés ; il a annoncé son intention de porter plainte.
Vers 17h la manifestation s’est disloquée – un dernier accrochage à eu lieu près de Notre Dame de Bon Port où une voiture en autopartage à été incendiée et des barricades faites avec des clôtures de chantier.
À Paris où de nombreux gilets jaunes ont été empêchés de parvenir, bloqués qu’ils étaient aux barres de péage franciliennes – après les interpellations massives de la semaine dernière, les forces de l’ordre ont essayé l’entrave de manifester – il y a eu 168 interpellations dont 115 gardes à vue et 7 blessés en urgence relative. Éric Drouet qui se présente désormais comme le « fondateur des gilets jaunes » à parlé devant un millier d’entre eux place de l’Opéra, s’adressant à « Macron et la nation ».
« On veut reprendre le pouvoir, pas juste quelques euros du smic et de frais bancaires »
Même si la pluie, le froid et l’incertitude douchent le mouvement, nombre de Gilets jaunes veulent continuer. « Macron nous a filé 30 balles et un Mars », « On n’a pas fait tout ça pour ça », « Les pourris du gouvernement nous donnent des miettes et se gavent », « on veut reprendre le pouvoir, pas juste quelques euros du smic et de frais bancaires » – voilà ce que on pouvait entendre dans les manifestations de ce samedi.
Cependant le mouvement hésite sur la suite – poursuite des blocages aux ronds points (que le ministre de l’Intérieur Castaner veut faire libérer la semaine prochaine) ou pas, poursuivre les manifestations le samedi ou pas, se structurer ou pas, élire des représentants ou pas, transformer ou non le mouvement en grève générale, faire ou non usage de la violence … ou tout cela à la fois puisque la nature diverse et multiforme du mouvement l’a plutôt servi jusqu’alors que desservi.
Dans certains territoires des « assemblées générales » ont élu des représentants, dans d’autres des Gilets jaunes se sont mis en association loi 1901. À Nantes deux gilets jaunes auraient été reçus cette semaine pour une courte audience par le préfet – ils protestaient notamment contre la « répression policière » de la manifestation de samedi dernier et le refus des autorités de les laisser passer sur le quai Ceineray le jour dit, contrairement à ce qui aurait été accordé auparavant.
Le rêve de Macron : une liste Gilets jaunes aux Européennes
Et les récupérateurs politiques sont à l’affût. Macron rêve d’ailleurs d’une liste des Gilets jaunes aux européennes – la seule chance pour lui de faire oublier sa défaite en créant une opposition de pacotille qui reprendra des points à la France insoumise, au Rassemblement national – en tête et de loin dans les sondages – et à Debout la France (déjà à 8% au lieu de 4). Une tête de liste aurait déjà été trouvée; reste à la faire accepter aux Gilets jaunes et … à ne pas se faire prendre en flagrant délit de manipulation politique.
Enfin dans le pays réel – celui qui ne prête guère attention aux chiffres de la mobilisation donnés par Castaner et les (nombreux) relais du gouvernement dans les médias, Macron poursuit sa descente aux enfers en termes de popularité : 23% (-2 points) pour lui et 31% (-3) selon le dernier baromètre IFOP-JDD. La « Start-up nation » à un gros plomb dans l’aile.
Louis Moulin
Crédit photos : Breizh-info.com
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