L’attentat de Strasbourg n’a en rien entamé la détermination des Gilets jaunes, qui continuent à préparer des actions dans l’ensemble du pays ce samedi – ainsi qu’à Paris. A ce sujet, mais aussi à la volonté de l’État de laisser les Nantais payer seulsla facture de la décision de Johanna Rolland de « mettre à l’abri » les migrants clandestins du square Daviais, nous avons interviewé l’élue d’opposition (PCD) Blandine Krysmann.
Breizh Info : Blandine Krysmann, que pensez-vous du mouvement des Gilets Jaunes ?
Blandine Krysmann : Je comprends que la colère soit grande, Macron a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais cela faisait un moment que la France était le pays champion des taxes toutes catégories.
Breizh Info : parmi les Gilets jaunes, il y a beaucoup de femmes. Qu’en pensez-vous ?
Blandine Krysmann : Cela touche beaucoup de femmes. Nourrir ses enfants, s’en occuper dignement, ça les touche aux tripes. Au-delà de la seule dimension fiscale, il y a une dimension familiale qui n’est pas abordée. A la campagne, les questions liées aux voitures sont centrales – c’est le travail, la socialisation, mener ses enfants chez le médecin. Il y a une vraie angoisse de ne pas pouvoir vivre correctement de son travail, mais aussi un problème constant lié à la politique anti-familles de ces dernières années : les allocations ont baissé, les aides à la garde d’enfants aussi, les impôts, eux, ont augmenté… Il y a une vraie inquiétude pour les enfants – la capacité de les faire manger, de remplir le frigo. Viscéralement, c’est une grosse colère. J’ai discuté avec des Gilets jaunes sur le terrain, les gens nous parlent de leurs enfants et de leurs inquiétudes à leur sujet.
Breizh Info : Dans les grandes villes comme à Nantes ainsi qu’à Paris certaines manifestations de Gilets jaunes ont été émaillées de casse, notamment suite à des tentatives de récupération par l’extrême-gauche violenteou à l’entrée de certains lycées et de facultés dans le mouvement. Qu’en pensez-vous ?
Blandine Krysmann : La plupart des mouvements de Gilets jaunes sont calmes. Y en a cependant qui ont profité des manifestations pour piller, casser – c’est le cas de l’extrême-gauche – soit pour mettre à bas le système, soit pour faire leurs courses. Mais cela ne concerne pas la majorité des Gilets jaunes.
Breizh Info : Que pensez-vous de la décision du gouvernement de laisser la mairie de Nantes – et dont les contribuables nantais – assumer seuls la décision de Johanna Rolland de « mettre à l’abri » les migrants du square Daviais ?
Blandine Krysmann : On a toujours déploré la méthode de Mme le maire. Bien sûr qu’il faut mettre à l’abri les gens qui sont dans la rue – indépendamment de leurs origines. Mais Mme le maire n’a pas eu la bonne méthode, et l’État n’a pas non plus pris ses responsabilités.
Breizh Info : Avec quel bilan à posteriori ?
Blandine Krysmann : Des migrants qui continuent à arriver sur Nantes, et une facture pour les Nantais. Aujourd’hui tous les gymnases sont libérés, des gens ont été envoyés à Ancenis, Batz, à la Caserne Mellinet, à Nantes-Sud, rue Gaston Turpin dans un bâtiment du diocèse.
Breizh Info : Et si ça recommence, dès le printemps prochain ?
Blandine Krysmann : L’une des questions, c’est que fait l’État ? Il y a à peu près 25% des places en CADA occupées par des déboutés du droit d’asile ou des gens qui l’ont eu mais qui n’arrivent pas à trouver des places dans des logements relevant du droit commun. Ce n’est pas aux associations de les mettre dehors.
Breizh Info : Pendant ce temps le squat de Beauséjour fait le plein – il a plus que doublé depuis son ouverture fin novembre – et les SDF français continuent à dormir dehors, où ils peuvent. Il y a-t-il de bon et de mauvais pauvres pour la Ville de Nantes, dont Mme le maire Johanna Rolland est « solidaire, mais pas trop » ?
Blandine Krysmann : Il ne faut pas opposer les misères. Mais effectivement, la communication municipale donne le sentiment – j’insiste – donne le sentiment qu’il y a eu deux poids deux mesures.
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