Jean-Pierre Bardinet, qui nous avait déjà adressé un texte récemment, nous renvoie une tribune libre intitulée « Quelques propositions pour redresser la France qui tombe ». Toujours dans l’optique de susciter le débat et de permettre à tous de s’exprimer, nous la reproduisons ci-dessous :
Depuis 40 ans, les gouvernements successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’ont pas su équilibrer le budget de l’Etat. Ils ont tous laissé filer la dette souveraine, qui est actuellement à plus de 2200 Md€ , sans avoir le courage d’engager des réformes profondes pour recentrer l’Etat sur ses missions régaliennes, pour faire mieux et moins cher, en offrant aux citoyens un service de qualité, qui soit véritablement à leur service, et non pas en laissant se développer une techno-bureaucratie inhumaine, tatillonne, dictatoriale et très onéreuse. Elle nous pourrit la vie de tous les jours avec une noria de taxes, de normes et de règlements contraignants.
Abolir la loi de transition énergétique et revoir la
politique énergétique
L’argent de l’Etat, c’est notre argent, et il en a usé et abusé comme si c’était le sien. La crise actuelle est l’aboutissement de ces 40 ans d’incurie de l’Etat et des Collectivités Locales, et il sera très difficile de calmer les citoyens en colère. Voici quelques propositions, volontairement limitées (en sus des récentes annonces d’Emmanuel Macron), mais essentielles pour redresser la France
- Supprimer la taxe carbone sur les carburants et geler le prix du kWh.
- Supprimer de la Constitution le principe de précaution
- Abolir la loi de transition énergétique et revoir la politique énergétique
- Réduire le millefeuille administratif en veillant à ce que cela réduise effectivement les dépenses publiques
- Lancer un grand chantier de remise à plat des missions de l’Etat, afin qu’il soit plus efficient.
Les deux premiers points peuvent être traités très rapidement.
Il faut noter que c’est la Commission européenne qui a été la source de ces politiques climat-énergie, pour des raisons idéologiques et irrationnelles. Aucun de ses objectifs de départ n’a été atteint, malgré, au niveau européen, des dépenses aussi pharaoniques qu’inutiles.
La couverture de l’heure de pointe du soir, en hiver, par temps froid anticyclonique est-elle garantie ? Non, car le solaire ne produit rien et l’éolien quasiment rien (ce sont des énergies fatales)
- Moins d’émissions de CO2 ? Elles sont en augmentation.
- Des prix compétitifs ? Ils ont dérapé chez les champions des EnR intermittentes : Allemagne, Danemark et Espagne, le champion étant l’Allemagne avec un prix de 30 €/MWh. Ces pays rétropédalent plus ou moins vigoureusement…
- Sécurité d’approvisionnement ? La dépendance à la Chine (éolien, solaire, terres rares) et à la Russie (gaz) a augmenté.
- Réduction de la précarité énergétique ? Elle augmente en fonction du prix du MWh.
- Garantie de stabilité du réseau électrique européen ? L’intermittence augmente les risques de délestages, voire de black-out généralisé.
- La couverture de l’heure de pointe du soir, en hiver, par temps froid anticyclonique est-elle garantie ? Non, car le solaire n’y produit rien et l’éolien quasiment rien (ce sont des énergies fatales)
Il serait utile d’analyser la transition énergétique allemande (prix du kWh, performances, facteurs de charge des EnR, gestion de l’intermittence, bilan carbone, impacts sur l’environnement, la biodiversité et la santé publique…) et en déduire ce qu’il ne faut pas faire.
Puis, en un second temps, faire un bilan sans concession de notre loi de transition énergétique (prendre en considération les rapports très critiques de la Cour des Comptes) :
- Performances de chaque filière, coûts, valeur ajoutée, impacts sur l’environnement et la biodiversité, impacts sur la santé publique, risques de black-out en heure de pointe hivernale du soir, sûreté de fonctionnement, indépendance énergétique, surcoûts pour les ménages et les entreprises, projections pour 2030 (voir les analyses de l’IFRAP),
- Considérer que même si, par extraordinaire, les thèses hypothétiques du GIEC étaient exactes, il serait absurde de dépenser des centaines de milliards d’euros, compte tenu du fait que notre bilan carbone est l’un des plus bas des pays développés, et que nos émissions de CO2 sont marginales (0,9% du total des émissions), grâce au nucléaire et à l’hydraulique.
- Pour éviter toute distorsion de concurrence et tout impôt déguisé en taxe (CSPE), n’accorder aucun avantage particulier à chaque filière :
- Pas d’obligation d’achat par EDF,
- Pas de tarif conventionné (chaque filière détermine son coût de production) ou bien des tarifs conventionnés, mais identiques pour tous, proches du prix marché, afin d’avoir un faible prix du kWh
Le point 3 peut être étudié en quelques mois, en évitant d’y faire participer les Verts et les extrêmes. Il ne faut surtout pas renouveler la catastrophe du Grenelle de l’Environnement, dans lequel les idéologues verts ont imposé leur idéologie mortifère, ce qui a eu pour conséquences cette absurde politique climat-énergie et une inflation de taxes, de normes et de règlement contraignants, le plus souvent contre-productifs.
Le point 4 nécessite une participation d’élus locaux et nationaux et d’un panel de citoyens véritablement apolitiques. La difficulté sera notamment de deux ordres :
- Faire accepter à nombre d’élus et de fonctionnaires locaux de quitter leur poste, l’intérêt général ayant priorité sur les intérêts particuliers. Les aider à se reconvertir dans le secteur privé. Réorganiser et optimiser le fonctionnement des structures locales pour améliorer la qualité de service.
- La réduction du millefeuille devra effectivement réduire les dépenses et non pas les transférer vers d’autres services publics ou parapublics.
Toute la colère actuelle a pour cause 40 ans de mauvaise gestion étatique dont nous payons le prix douloureux. Toute la classe politique en est responsable. La cause étant connue, il faut à présent s’attaquer aux remèdes, donc à la refonte du fonctionnement de l’Etat, ce qui prendra évidemment du temps, mais c’est le seul moyen de redresser la France qui tombe.
Priorité devra être donnée aux missions régaliennes. L’Etat devra leur donner les moyens humains et financiers afin d’assurer au mieux ces missions. Il faudra mettre en place des indicateurs de suivi et faire des bilans réguliers sur les progrès réalisés.
Seule une réduction significative des dépenses de l’Etat pourra être suivie de réductions d’impôts, l’objectif étant d’équilibrer le budget, ou, mieux, de dégager des excédents budgétaires, ce qui permettrait une meilleure politique redistributive.
Ce grand chantier pourrait être confié à un certain nombre de groupes de travail, avec nombre limité de participants : élus de diverses tendances, nationaux et régionaux, citoyens issus du monde de l’entreprise (cadres, dirigeants, salariés), fonctionnaires, Cour des Comptes, Think Tank (IFRAP). La Grande Administration pourra être consultée pour avis et conseil mais sans pouvoir de décision, lequel sera du ressort du gouvernement, mais avec validation par le Parlement.
Jean-Pierre Bardinet
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