Coup de tonnerre à la CGT ! Le premier syndicat de France perd sa couronne. Après des décennies en tête des élections, la Confédération Générale des Travailleurs est défaite. Un processus lent de déclin qui vient de passer un nouveau cap avec les élections professionnelles dans la fonction publique.
A l’issue de ce scrutin, la CFDT devient le premier syndicat dans les secteurs publics et privés confondus. Une sorte de première place au classement général tandis que la CGT demeure première dans la fonction publique dans son ensemble avec 21,8 % des suffrages contre 19 % pour la CFDT et 18,1% pour Force Ouvrière.
Ce déclin de la CGT est riche en enseignement.
Tout d’abord, il suit, de manière différée, le déclin du Parti Communiste auquel la centrale est liée. Et comme le Parti Communiste, la CGT a commis un pêché mignon : le gauchisme. Depuis plusieurs années, la CGT flirte avec des positions historiquement pas franchement staliniennes notamment en matière de défense des minorités et tout particulièrement des migrants.
En penchant plus du côté des causes humanitaires que sociales… et remplaçant le travailleur par le clandestin, la CGT s’est progressivement coupée de sa base.
Une tendance sociétale plus que sociale et qui ne date pas de la présidence Martinez… Bernard Thibault ancien secrétaire général de la CGT devenu administrateur au BIT, le bureau International du Travail, s’est recyclé dans la défense de l’immigration évoquant notamment le dumping social comme danger pour les travailleurs étrangers.
Une vision inversée du dumping social qui autrefois était considéré avant tout comme une menace pour les travailleurs nationaux…
Et à ce petit jeu de défense des minorités et tout particulièrement des migrants, la CGT va sur un terrain que maîtrise très bien un autre syndicat : la CFDT la Confédération Française Démocratique du Travail. La centrale sociale-réformatrice à l’image plus policée a depuis longtemps su s’inspirer des think tank socialistes comme Terra Nova et l’Institut Jean-Jaurès pour cultiver un discours plus progressiste et moins social. Son secrétaire général Laurent Berger est d’ailleurs plus conciliant avec l’exécutif comme en témoigne son récent passage à l’Elysée dans le cadre du dialogue ouvert par le chef de l’Etat après le séisme des Gilets Jaunes.
Une bienveillance à l’égard de l’exécutif qui n’empêche d’ailleurs pas le patron du nouveau premier syndicat de rappeler Emmanuel Macron à l’ordre quand ce dernier ose rapprocher la question sociale de la question migratoire comme il l’a fait lors de son allocution télévisée de lundi.
Le paysage syndical continue donc sa mutation. Et si la CGT recule ce n’est pas pour autant la fin du syndicalisme de contestation puisque la centrale demeure un bastion imprenable dans certains secteurs et notamment à la SNCF où CGT et son homologue d’extrême gauche Sud rail se partagent la place d’élus majoritaires.
Un syndicalisme radical qui tend cependant à s’affaiblir si l’on regarde le paysage social dans son ensemble. Déjà largement dépassé en nombre d’adhérent par la CFDT et cela depuis plusieurs années, la CGT devra faire des prouesses pour parvenir à récupérer sa première place.
Avec la CFDT comme partenaire, Macron peut, au moins un temps, calmer la gronde… et surtout il trouve dans ce syndicat une organisation à l’ADN pas très éloignée de son propre profil de haut fonctionnaire de centre gauche.
Ce changement s’inscrit donc dans une tendance au recentrage de la gauche qui assume désormais sa proximité avec un certain patronat et des élites sorties de l’ENA…
Alors que la gronde populaire des Gilets Jaunes a montré les limites des syndicats, officines subventionnées à grand coup de millions par l’Etat, la CGT n’a pas souhaité participer au mouvement, ratant toujours plus le coche des classes moyennes et laborieuses.
Dans les mois à venir le président et son gouvernement vont inclure les syndicats au fameux dialogue social pour feindre une certaine ouverture mais la CGT ne sera, lors de ces rendez-vous, qu’un syndicat parmi les autres.
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