La victoire de FO aux élections professionnelles risque fort de relancer le conflit entre les agents de l’administration pénitentiaire et le gouvernement. La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a du souci à se faire.
Début février, après un conflit syndical historiquement très dur entre les agents pénitentiaires et le ministère de la Justice, l’UFAP, syndicat majoritaire depuis 26 ans, avait décidé de signer les propositions de Nicole Belloubet et de sortir du conflit plutôt que de le continuer comme le souhaitait FO.
Dans nos colonnes, le délégué adjoint inter-régional UFAP-Pénitentiaire pour la DISP Rennes expliquait qu’il « valait mieux signer que de sortir la queue basse du conflit ». Mais aux dernières élections syndicales, c’est FO qui est devenu majoritaire. Le syndicat affiche sa détermination pour repartir sur une confrontation dure si le ministre refuse ses demandes.
Majoritaire chez les surveillants depuis le 6 décembre dernier, FO a sollicité une audience auprès de Nicole Belloubet, sévèrement malmenée l’hiver dernier par la fronde sans précédent des agents pénitentiaires, et qui avait cependant fait la sourde oreille à la plupart des demandes émises par les agents sur le terrain.
« Si Mme Belloubet ne veut pas céder, on repart en action. »
« On a gagné à Nantes aussi, deux scrutins sur quatre et un match nul », nous explique William Cozic, délégué FO-Pénitentiaire à Nantes. « L’UFAP a payé car ils ont signé. Du coup on reprend la plateforme de revendications de l’hiver dernier et si Mme Belloubet ne veut pas céder, on repart en action. Pour l’heure, on est un peu en attente. On va voir si le gouvernement cède, même si des collègues ont été refroidis par la perte de trentièmes de leurs salaires en janvier et quelques mises à pied qui commencent à tomber – entre cinq et dix jours à chaque fois ».
Le syndicat dénonce un manque constant de postes. « Une calamité » à Nantes. « Il y a des collègues qui ont fait jusqu’à 500 heures supplémentaires dans l’année, ils ont bossé 15 mois au lieu de 12. En journée il y a au moins quatre postes qui ne sont pas couverts, depuis mi-juillet tout explose ». La pénitentiaire est une administration, et souffre aussi « du discours qui casse les administrations depuis des années et passe comme une lettre à la poste : les politiques montent les salariés du privé contre les fonctionnaires, et pendant ce temps là depuis 2010 on n’a pas eu d’augmentation sauf deux fois 0.6% sous Hollande. On en a marre de nous faire casser ».
Les prisons souffrent aussi de la lenteur de l’État à prendre en compte les problématiques et des privatisations partielles via les PPP. Ainsi, pour lutter contre les projections de drogue et d’armes par-dessus les murs – un fléau à la maison d’arrêt de Nantes comme ailleurs – des filets devraient être installés. « Il y a un devis à 800.000 €, qui a de grandes chances d’être multiplié par trois grâce à la gestion en PPP, et on ne les aura que fin 2021 au mieux. Y en a assez ».
Louis Moulin
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