Gilets jaunes. A propos du discours d’Emmanuel Macron [Tribune libre]

Un lecteur nous adresse ce texte, à propos du discours d’Emmanuel Macron lundi 10 décembre, en pleine crise des Gilets jaunes.

Le Président Macron a parlé aux français lundi 10 décembre 2018… Qu’en ont pensé les 23 millions de français qui l’ont écouté ? … Je ne sais.

J’en suis réduit à ausculter ce qu’en ont dit les médias.

A grands traits, je retiens que l’exécutif :

– considère que la colère des Gilets jaunes (GJ) est juste ;

– condamne la violence (mais l’État la pratique assidûment) ;

– lance la notion d’urgence économique et sociale (idée nouvelle, mais totalement vide de réalités concrètes) ;

– soulage les plus malheureux par : une prime de fin d’année payée par les employeurs ; un coup de pouce au SMIC de 100 € qui ne coûtera rien aux employeurs (elle coûtera donc au budget de l’Etat) ; un gel en 2019 de l’augmentation de la CSG des retraités gagnant moins de 2000 €/mois ; la défiscalisation des heures supplémentaires ; la chasse à l’évasion fiscale (le milliard des congrégations de 1789).

Cela me semblait bref pour 12 minutes de discours. Alors j’ai écouté en différé. Eh bien, ce que j’ai trouvé en plus est un flot de sentiments, généreux d’un côté, menaçants de l’autre, mais sans application directe, avec en toile de fond l’idée que les soucis du temps présent, c’est « la faute à mes prédécesseurs sur 40 ans ».

Si ce dernier point était un constat, on s’approcherait de quelque chose de constructif. J’ai connu il y a 40 ans, une France avec un taux de prélèvements obligatoires à 28% à la sortie des « trente glorieuses ». Il est aujourd’hui de plus de 50%, et il a encore augmenté sous la présidence de M. MACRON.

En économie politique, cela s’appelle du collectivisme, ou encore du communisme, sans Lénine.

Les conséquences de ce collectivisme sont :

– l’appauvrissement de la France, mesurable à son recul dans le classement économique des nations (fuite des entreprises et des grandes fortunes) ;

– la ruine des classes moyennes, et notamment de la couche inférieure de la classe moyenne, poussée vers l’indigence alors qu’elle travaille dur : c’est le cœur de la révolte des GJ. L’issue normale des économies de type collectiviste est l’anarchie. Pourquoi ? Parce que dans un tel système, la pression fiscale ne peut qu’augmenter au fur et à mesure :

– qu’augmente les charges de l’état qui dirige tout et subventionne à tour de bras : l’éducation, l’information, la santé, la recherche, l’entretien du patrimoine, les infrastructures…outre ses charges régaliennes de toujours (polices, armées, administration) ;

– qu’augmente le personnel nécessaire à cette prise de possession de toutes les activités du pays ; – qu’augmente la charge de secours aux plus démunis (RSA, chômage, accueil des migrants…) ;

– que diminue la solvabilité des Français au travail. La pression fiscale augmente jusqu’à ce que l’Etat finisse par caler, comme un bulldozer qui ne cesserait de décaper le sol et dont le tas n’arrête pas de grossir. La machine chauffe et finit un jour par s’arrêter.

M. Macron a raison. Ses prédécesseurs étaient comme lui des socialistes collectivistes, comme une partie notable des GJ, qui pensent que les institutions sont en cause, le dialogue, le rôle des femmes, épatati, épitoussa (pour le détail, se rendre sur les médias officiels et payés par l’État). Le bateau « État » n’est pas neuf, mais il n’est pas en cause. S’il coule et n’avance plus, c’est qu’on l’a trop chargé de fret (impôts, taxes…) et qu’on a noyé trop de rameurs (foyers fiscalement producteurs).

Or, dans son dernier discours, que propose M. Macron, qui vient de signer l’accord de Marrakech sur les migrations ? :

Réparer superficiellement le bateau (commissions, dialogues, états d’urgence…), augmenter le poids du Fret (augmentation du SMIC à charge de l’impôt), « flinguer » de surcroit quelques rameurs (prime de fin d’année payée par les employeurs ; chasse à l’évasion fiscale, prison pour les GJ – je serai impitoyable).

Aussi, je pense hélas que l’on va vers un acte V des GJ.

Raoul Kerhaliguen.

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