Une véritable littérature fleurit sur les barrages tenus par les Gilets jaunes. Il y en a pour tous les goûts. Mais, en général, c’est la haine de Macron qui apparaît. Édouard Philippe, pourtant Premier ministre, on ne connaît pas…
Pour qui souhaiterait proposer à un éditeur un manuscrit original, il y a possibilité de trouver les bons matériaux en faisant le tour des barrages de Bretagne. Car les Gilets jaunes ont beaucoup d’imagination et ils écrivent. Leurs analyses politiques – telles qu’elles apparaissent sur des panneaux – valent bien celles de Thomas Legrand (Matinale de France Inter). C’est du vécu, du vivant, de l’humain. Bien sûr, elles sont souvent cruelles car leur rejet d’Emmanuel Macron est total. « Lorsque les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir », écrivait Antoine de Rivarol 1753 -1801).
Macron : un mépris de classe ?
Il est vrai que le Président a tout fait pour être détesté. Son mépris de classe est pour beaucoup dans les critiques assassines que lui adressent les Gilets jaunes. Alors qu’il était ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique dans le gouvernement Manuel Valls II, il s’était fait remarquer par les Bretons avec cette sortie catastrophique : « Sur les dossiers que j’ai, il y a la société Gad (…) Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées (…) Ces gens là n’ont pas le permis de conduire. » (Europe 1, mercredi 17 septembre 2014). Devenu président de la République, il a multiplié les gaffes, parlant à tort et à travers. L’une d’elle est célèbre ; s’adressant à un chômeur, horticulteur de son état, il lui sort : « Dans les hôtels, cafés et restaurants, je traverse la rue et je vous en trouve [du travail] » ( 15 septembre 2018, dans les jardins de l’Élysée, lors de la journée du patrimoine).
« Macron tu es viré, traverse la rue pour trouver un vrai boulot, mais tu vois en face, y’a pas de banque »
En effectuant une tournée sur les barrages de Haute-Bretagne, on a trouvé la réponse donnée par un Gilet jaune à cette phrase historique. C’était au rond-point de la Jaunaie, à Redon : « Macron tu es viré, traverse la rue pour trouver un vrai boulot, mais tu vois en face, y’a pas de banque ».
Effectivement, si Macron était « viré », comment se passerait sa reconversion ? Pourrait-il retourner chez Rothschild, banque d’affaires où il travailla pendant quatre ans ? A coup sûr, il y gagnerait davantage d’argent qu’en ramant à l’Élysée. Entre décembre 2010 et mai 2012 , il avait perçu, en tant qu’associé-gérant, deux millions d’euros brut ; il avait en particulier piloté une grosse négociation (Le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer). C’est plus juteux que l’indemnité accordée au président de la République : 14.910,31 euros brut par mois.
Bernard Morvan
Crédit photos : Breizh-info.com
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