Aujourd’hui nous partons découvrir le travail artisanal des moines de l’abbaye de Landévennec, dans le Finistère. Les frères y suivent depuis le IXe siècle la règle de saint Benoît, qui stipule notamment : « C’est alors qu’ils seront vraiment moines, lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains ».
L’abbaye de Landévennec vit donc en totale autonomie. Elle ne perçoit aucune aide financière de l’Etat, de la commune ou même du Vatican.
La communauté de 18 frères se lève donc de très bon matin pour prier le premier office à 5h20, puis enchaine les septs offices, entrecoupés de temps de travail artisanal, pour subvenir aux besoins de la communauté.
En plus des travaux domestiques et d’entretien, on compte notamment la confection d’un célèbre caramel au beurre salé, et la fabrication de pâtes de fruits. À eux deux ces produits sont aujourd’hui l’une des plus importantes source de revenu du monastère. Et la charge de travail est déjà si importante pour les frères qu’ils ne peuvent davantage se diversifier, même si l’envie est là et les possibilités pourraient être nombreuses !
Un succès incontestable
Sans aucun doute, le pot de caramel au beurre salé des moines participe à la renommée du monastère. Et elle grandit chaque mois un peu plus ! D’un ton amusé, le frère qui tient la boutique raconte par exemple qu’un de ses derniers clients, qui venait alors tout juste d’en acheter un pot, est revenu cinq minutes après pour en redemander plusieurs… Il n’avait en effet pas encore quitté le parking qu’il avait déjà finit son premier à la petite cuillère !
Les moines produisent ce caramel au beurre salé depuis 6 ans, à raison de 6 tonnes par an environ. À ce jour, il s’agit du seul et unique caramel au beurre salé produit par une abbaye française !Le frère François-Xavier est responsable de tout l’atelier de caramel. Un vrai travail de communauté orchestré notamment par ce frère !
Une recette du pays
Au tout début,ce caramel était réservé à la communauté pour accompagner les crêpes des moines.Les frères qui cuisinaient utilisaient alors une recette trouvée sur internet, mais la trouvait très compliquée. C’est en rendant visite à leur voisine que celle-ci lui a donné son « truc ». Et après quelques tests pour trouver les proportions justes, sa recette, l’unique recette encore utilisée aujourd’hui, était née !
Quelle est-elle ?
Sans nous en dévoiler toutes les subtilités, frère François-Xavier nous en dévoile certains aspects : le point crucial, et le plus difficile, est la cuisson et l’émulsion du beurre salé, de la crème fraîche et du sucre. La couleur du caramel en dépend aussi entièrement. Et l’on ne rajoute surtout pas de sel : celui du beurre salé suffit ! Sans colorant ni conservateur, ce caramel au beurre salé fut si apprécié des moines qu’il fut adopté pour accompagner leurs desserts au réfectoire, et en dégustation pour les quelques visiteurs de la boutique !
Le début de la renommée
Un jour, un jeune couple de passage l’apprécie tant qu’il en demande 10kg pour leur mariage. Frère François-Xavier fut donc obligé d’en produire en grande quantité.Et le succès fut tel qu’il en reproduisit 40 pots pour les vendre dans sa boutique avec des étiquettes personnalisées.Face à la renommée grandissante, la communauté s’est finalement décidée à en produire en grande quantité, et de façon permanente ! Pour seconder frère François-Xavier, frère Antoine lui créa donc un appareil d’après un prototype en cuir. Aujourd’hui, la machine permet aux moines de produire 100 pots en une heure ! On nous chuchote à l’oreille que les moines savent aussi faire le fameux kouign amann… Sauf pendant le carême bien sûr !
Pourrait-il à l’avenir en faire des bonbons au caramel ? Pourquoi pas, mais pour l’instant les moines ne son pas assez nombreux pour pouvoir davantage se diversifier.Pour l’instant, les quelques bonbons au caramel qui sortent de l’atelier sont réalisés avec les résidus des cuissons ratées.
Article écrit en collaboration avec Divine Box, le spécialiste des produits monastiques et des bières trappistes
Crédit photo : DR
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