Gilets jaunes : vers une amnistie générale par Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron, en tant que Président de la République, a le pouvoir de se prononcer pour une loi d’amnistie générale pour toutes les personnes arrêtées et condamnées dans le cadre de la révolte des Gilets jaunes partout en France.

Un geste symbolique qui, assurément, contribuerait à un début d »apaisement avant d’éventuelles annonces plus fortes.

Traditionnellement, cette amnistie avait lieu après chaque élection présidentielle, avec un champ des mesures d’amnistie qui s’est réduit à chaque élection présidentielle récente, jusqu’à disparaitre.

  • en 1981, le texte comprenait 14 domaines d’« exclusion », c’est-à-dire des catégories de crimes et de délits indélébiles ;
  • en 1995, le nombre des condamnations que même le président de la République ne peut effacer est passé à 28 et, en 2002, à 49 ;
  • à partir de 2002, l’amnistie des infractions au code de la route est de plus en plus contestée, notamment par les associations s’investissant dans les problèmes de sécurité routière (Ligue contre la violence routière notamment). Après la réélection de Jacques Chirac, le champ a été restreint mais il a subsisté des mesures individuelles d’amnistie ;
  • en 2007, François Bayrou et Nicolas Sarkozy, rejoints plus tardivement par Ségolène Royal, se sont déclarés opposés à l’amnistie des infractions au code de la route. Cette position a été confirmée par Nicolas Sarkozy peu de temps après son élection ;
  • en 2012, les équipes de François Hollande et de Nicolas Sarkozy déclarent que leur candidat respectif ne fera voter aucune loi d’amnistie post-présidentielle.

Mais on retrouve aussi les accords d’Évian de 1962 qui comportent une clause d’amnistie pour les infractions commises pendant la guerre d’Algérie en lien avec le conflit. Les infractions des manifestants de Mai 68, ou encore les violences commises par les indépendantistes et les anti-indépendantiste en Nouvelle-Calédonie dans les années 1980 font également l’objet de lois d’amnistie.

« le pouvoir s’est autorisé à recourir au ‘’procès d’intention »

Certains groupes, comme les identitaires de la Ligue du Midi, militent clairement pour une loi d’amnistie à destination des Gilets jaunes, comme ils l’indiquent dans un communiqué adressé à la presse ce jour, communiqué qui circule sur les réseaux sociaux :

« Afin de dissuader les manifestants, le pouvoir aux abois, a appliqué une sévérité judiciaire inouïe et pour l’essentiel totalement injustifiée à l’encontre des Gilets Jaunes. La répression policière a été également d’une violence incroyable, digne d’une dictature latino-américaine -engins blindés, gendarmes à cheval- qui a choqué le monde entier.

Selon le bilan du ministère de l’Intérieur, la seule journée du 8 décembre a donné lieu à 1.723 interpellations dont 1.220 gardes à vue. Un record extravagant jamais vu depuis la Libération. Cela sans compter celles des semaines précédentes. Ces chiffres à eux seuls illustrent la dérive autoritaire d’un pouvoir devenu fou.

L’immense majorité de ces arrestations a été effectuée très en amont des manifestations, à titre préventif et sans aucun commencement d’exécution de faits délictuels. Fait sans précédent, le pouvoir s’est autorisé à recourir au ‘’procès d’intention’’, totalement contraire à la morale et aux principes fondamentaux du droit.

Jamais depuis la Libération on n’a vu un pouvoir créer ainsi volontairement, de manière organisée et graduée les conditions d’un potentiel chaos afin de justifier l’usage de moyens d’exception pour mâter le peuple de France.

Provocations successives, verbales, puis policières, déclarations irresponsables de la part des plus hautes autorités politiques et administratives sur l’utilisation légitime des armes létales sur des personnes totalement désarmées. Ainsi, c’est un véritable permis de tuer qui avait été donné et encouragé par le pouvoir aux forces de l’ordre alors qu’aucune situation insurrectionnelle sérieuse menaçant le pouvoir n’a pu être observée. Et quand bien même, lorsque le peuple se lève il est souverain, et même les vopos (milice de la République Démocratique Allemande) n’ont pas tiré sur les berlinois lors de l’effondrement du mur. MACRON en panique, bunkérisé dans son palais, n’a pas hésité à autoriser l’utilisation d’armes létales contre le peuple de France.

« Ainsi, afin de jeter le discrédit sur les gilets jaunes, le gouvernement a délibérément usé de la stratégie du pourrissement et de la tension.»

De très nombreuses images « vidéo » ont été enregistrées montrant la violence inouïe des forces de l’ordre. Tirs de flashball en pleine face, visages éclatés, victimes à terre, mains arrachées, tirs de grenades sans sommations préalables en infraction avec toutes les procédures, matraquages ultra violents de gens souvent âgés à l’arrêt les bras levés, acharnement à plusieurs sur des personnes tombées à terre et ne pouvant ni fuir ni se défendre. Utilisation de grenades potentiellement létales de type GLI-FA contenant une dose de TNT. On n’en connait pas encore le nombre exact mais plusieurs personnes seraient décédées des suites de ces violences dont une octogénaire à Marseille.

Ainsi, afin de jeter le discrédit sur les gilets jaunes, le gouvernement a délibérément usé de la stratégie du pourrissement et de la tension. Le pouvoir a laissé les casseurs, black blocks et autres antifas totalement libres d’agir à leur guise. À Paris d’abord lors des premières actions des gilets jaunes, permettant la profanation et le pillage de l’Arc de Triomphe par la racaille ; en province, ensuite. Ainsi, hier 8 décembre, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Saint Étienne… étaient en feu, livrées à l’émeute et soumises à la loi des pillards et de la racaille.

Au vu de la médiatisation de ces événements et en particulier grâce à la diffusion d’images, il apparaît que du fait des paroles, des actes et des décisions du Président de la république, des provocations actives ou passives de la part du gouvernement, des exactions policières et des dégradations commises par les casseurs-complices, la responsabilité incombe en totalité au seul pouvoir.

Dans ces conditions, en préambule à toute autre déclaration du chef de l’État, la LIGUE du MIDI exige un engagement du Président, sur une loi d’amnistie, générale et immédiate, pour toutes les poursuites engagées à l’encontre des gilets jaunes depuis l’origine des événements.»

Reste à savoir si le président Emmanuel Macron, dans son allocution de ce lundi 10 décembre au soir, écoutera cet appel, qui tourne énormément sur les réseaux sociaux.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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