Tennis Elbow, de l’éditeur Mana Games. Il s’agit sans doute là du jeu de tennis le plus complet qui existe sur ordinateur depuis le mythique Great Courts 2.
Un jeu qui réunit des milliers et des milliers de fans depuis des années qu’Emmanuel Rivoir, son concepteur, s’acharne à proposer du nouveau contenu, des mises à jours, des nouvelles versions, des améliorations. Tennis Elbow, ce n’est pas graphiquement le plus beau jeu de tennis. Mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Vous en avez ras le bol des Top Spin avec 5 licences officielles ? Alors plongez vous dans Tennis Elbow.
Ici, vous pourrez jouer une carrière avec Agassi, avec Pioline, avec Parmentier, avec Rios, avec l’intégralité des joueurs qui existent et qui ont existé ces dernières décennies. En junior, sur le circuit pro, vous irez affronter des joueurs sur toute la planète, pour devenir le numéro un mondial, si vous réussissez à triompher d’une intelligence artificielle parfaitement adaptée.
Nous avons voulu interroger Emmanuel Rivoire, sur ce projet de plusieurs décennies maintenant, que ce mordu de tennis porte à bout de bras, soutenu par une communauté de fans du monde entier. Rencontre avec le père fondateur de Tennis Elbow, qui vient d’annonce l’arrivée de Tennis Elbow Manager 2 !
Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs et présenter la genèse de Tennis Elbow ?
Emmanuel Rivoire : Je suis Emmanuel Rivoire, un auteur de jeux vidéo indépendant de 42 ans, localisé dans la petite ville de Romans, presque dans le sud de la France. Je suis fan de tennis depuis mes 13 ans et la finale de Monte Carlo où Muster avait été battu par Chesnokov en 1990.
2 ans plus tard, après avoir joué à plusieurs jeux de tennis, j’ai découvert le petit bijou de l’époque qu’était Great Courts 2. J’y ai joué jusqu’à plus soif, en me heurtant à son principal défaut : il fallait charger longtemps ses coups pour qu’ils soient frappés fort. A l’époque je pratiquais le tennis régulièrement et je savais pertinemment que sur un vrai court il n’était pas nécessaire de charger ses coups.
Depuis l’âge de 14 ans, je souhaitais devenir créateur de jeux vidéo, et après quelques errances, je m’y suis mis sérieusement à 17 ans. J’ai décidé de commencer par un jeu de tennis, car d’une part cela me semblait un jeu relativement simple à faire, et de l’autre je souhaitais créer un gameplay qui pallierait le principal défaut de GC2.
Ainsi naquit Tennis Elbow, 1er du nom, après plus de 2 ans de dur labeur, en Novembre 1996.
Breizh-info.com : Pour ceux qui ont connu Great Courts, qui fût la Rolls royce du jeu de tennis, Tennis Elbow semble être son seul et unique successeur depuis des années, et en nettement mieux. Comment expliquez vous votre succès ? Quel est votre concept face aux grosses cylindrées ?
Emmanuel Rivoire : Tennis Elbow a toujours été pensé comme un équilibre entre le fun et le réalisme : il me tenait à cœur de transmettre le véritable esprit du tennis dans le jeu, mais sans devenir quelque chose que seuls des mutants à 4 mains pourraient maitriser.
Et ainsi, face à des jeux de tennis plus connus et plus grand public, Tennis Elbow a toujours su offrir un réalisme des échanges nettement plus proches de la réalité, même si en terme de qualité graphique il était loin des grosses productions.
Ce qui fait que pour la plupart des amateurs et connaisseurs de tennis, il a été une référence depuis très longtemps.
Cela a été nettement renforcé avec la sortie de TE2009, amélioré par les versions 2011 puis 2013, où à la fois le gameplay et le réalisme ont été perfectionnés : meilleure physique de la balle, plus d’aisance à visée où on veut, etc.
En terme de gameplay, la principale différence avec tous les autres jeux de tennis est le fait qu’on ne s’occupe pas de taper dans la balle au bon moment : notre joueur le fait automatiquement pour nous. Sur un vrai court de tennis, un joueur aguerri n’a pas de problème avec ça, et le retirer du gameplay permet de libérer du temps et de l’attention pour des concepts de tennis qui comptent réellement sur un court : le positionnement et la coordination pour viser.
Breizh-info.com : Concrètement, de quels moyens disposez vous pour mettre en oeuvre ce type de jeu, qui impressionne pas sa base de données et ses possibilités ? Pouvez vous chiffrer le nombre de joueurs, que ce soit pour TE ou TE Manager ?
Emmanuel Rivoire : Mes principales ressources sont mon temps, mon cerveau et mon amour du tennis..! Cela fait 25 ans que j’ai commencé à travailler sur Tennis Elbow, et même si ce n’était pas toujours à plein temps, cela représente une somme de travail et une expertise considérables.
Pour TE, le nombre total de joueurs depuis 22 ans sur toutes les versions doit être dans les 2 ou 3 millions, en comptant les gens qui n’ont fait que essayer la démo. Sur Steam, TE2013, la dernière version en date, s’est vendu à plus de 20’000 unités. Pour TEM, c’est beaucoup moins important : autour de 100’000 , toujours en comptant la version démo.
Breizh-info.com : Parlez nous du Tennis Elbow Manager 2 à venir. Quel est le concept ?
Emmanuel Rivoire : TEM2 reprend le concept de TEM1, sorti en 2007 : on prend le contrôle d’un coach de tennis et de son joueur, et on s’occupe de toute la partie management, sans jouer soi-même au tennis. Le jeu est assez similaire aux jeux de management que l’on trouve dans les autres sports, avec la gestion des entraînements, les sponsors, le planning, les entraîneurs spécialisés, la gestion de l’argent, engager des joueurs supplémentaires, etc.
La nouveauté la plus visible de TEM2 par rapport à TEM1, mis à part le nouveau style graphique des menus, ce sont les matchs en 3D. Là où TEM1 ne proposait que des matches textuels sans animations, TEM2 permet de voir optionnellement nos joueurs jouer pour de bon sur le court, ainsi que de les coacher en temps réel.
En bonus, on peut même prendre leur contrôle et jouer soi-même au tennis, même si la partie management s’en trouve alors un poil déséquilibrée, car dans ce cas certaines compétences ont moins d’utilité.
Breizh-info.com : Avez vous déjà été contacté par des grosses firmes à propos de votre jeu ? Qu’est ce qui explique les limites de jeux comme Top Spin, ou les récentes sorties, pas géniales selon nous. Vous prouvez pourtant que faire un bon jeu avec pas grand chose est possible …
Emmanuel Rivoire : J’ai déjà été contacté ces dernières années par plusieurs éditeurs, mais rien ne s’est concrétisé. La raison principale c’est que je veux rester complètement maître de mon projet, et ce sans contrainte de temps externe, quitte à ne faire qu’avec un tout petit budget.
Les grosses productions sont limitées en terme de simulation tennistique principalement pour 3 raisons :
Elles ne sont pas faîtes par des amoureux et véritables connaisseurs de tennis ; quand il y a des experts sur un jeu, ce sont généralement des consultants qui n’ont pas d’emprise sur le projet ni des joueurs de jeux vidéo.
Elles doivent ratisser large pour être rentable, et une simulation rigoureuse, même accessible, risque de repousser une partie du public qui s’attend à une expérience de jeu connue toujours pour attirer le plus grand nombre, il faut qu’en terme d’animation, cela soit joli plutôt que maniable : par exemple, la plupart des grosses productions vont bloquer le joueur pour pouvoir jouer les animations comme prévu, plutôt que de lui donner le niveau de liberté qu’il aurait sur un vrai court de tennis
Breizh-info.com : Quels sont vos projets dans l’avenir ?
Emmanuel Rivoire : Mon prochain projet après TEM2 est le très attendu Tennis Elbow 4. Comparé à TE2013, il comprendra la nouvelle physique de TEM2 encore plus réaliste, ainsi que de gros efforts sur le visuel pour que cela ne soit plus un frein pour les gens qui n’ont pas encore voulu se lancer dans l’univers de Tennis Elbow.
Après, je risque de travailler sur la suite de mon jeu de donjon « The Fall of the Dungeon Guardians », mais cela dépendra du succès de TEM2 et TE4 et du degré de liberté que cela me donnera.
propos recueillis par Yann Vallerie
Pour vous procurer un des jeux (Tennis Elbow ou Tennis Elbow Manager) et pour soutenir le projet, c’est ici
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