L’État s’introduit toujours un peu plus dans les foyers, de manière peu démocratique : ainsi, dans la nuit de jeudi à vendredi, l’Assemblée nationale a voté en première lecture une proposition de loi visant à interdire les « violences éducatives ordinaires », parmi lesquelles figure la fessée. « L’Assemblée nationale vote largement l’interdiction de la fessée » peut-on lire du côté de la presse mainstream, non sans malhonnêteté intellectuelle.
Peu démocratique, car en réalité, ce n’est pas l’Assemblée nationale qui a voté, mais moins de 10 % des députés élus par le peuple français lors de la dernière élection législative. En effet, seuls 54 députés ont participé au vote (51 voix pour, 1 contre, 3 abstentions). Sur 577 députés élus, cela représente très peu. 9,3 % des députés exactement.
À noter que les députés l’absence (sauf une) des députés Les Républicains, qui auraient pu faire basculer le vote à eux seuls par leur présence en nombre (voir ici les présents).
Si l’on applique ce pourcentage au nombre de Français qui ont voté lors du second tour de l’élection législative 2017 pour faire élire ces députés (18 millions de suffrages exprimés), cela signifie que la loi qui touchera tous les Français a été votée par des députés qui ne représentent que 1,6 million de Français ayant voté.
Pire encore, si l’on rapporte ce vote au nombre d’inscrits sur les listes électorales, cela signifie que cette loi interdisant la fessée et instaurant une police des foyers pourrait être appliquée alors même que les députés présents représentent seulement 9,3 % des 38 % de Français inscrits sur les listes électorales qui ont pris part au vote lors des élections législatives.
De quoi sérieusement s’interroger sur l’aspect démocratique du fonctionnement de l’Assemblée nationale, qui, il faut le rappeler, vote les lois qui ensuite, concernent l’ensemble des Français.
Le Conseil de l’Europe — non élu — avait admonesté la France il y a trois ans pour ne pas respecter la Charte sociale européenne. Actuellement, 54 pays à travers le monde (sur 324) ont adopté une législation interdisant en toutes circonstances d’infliger des châtiments corporels aux enfants. Au niveau européen, l’interdiction de la fessée a été prononcée dans 23 États membres qui ont légiféré en ce sens.
Considérant que la violence n’est pas un mode d’éducation, la proposition de loi prévoit que les titulaires de l’autorité parentale doivent l’exercer sans violence et ne doivent pas utiliser la violence physique, verbale ou psychologique, les châtiments et l’humiliation à l’encontre de l’enfant.
Le Gouvernement remettra douze mois après la promulgation de la loi un rapport présentant un bilan des violences éducatives et évaluant les besoins et moyens nécessaires au renforcement de la politique de sensibilisation, de soutien, d’accompagnement et de formation à la parentalité à destination des futurs parents
Rappelons tout de même que des voix se sont élevées contre cette interdiction, non pas parce qu’ils soutiennent la fessée, mais pour d’autres raisons : ainsi, le pédiatre Aldo Naouri, hostile au châtiment physique, ne comprend pas l’obstination du Conseil de l’Europe à obliger la France à réglementer la vie des parents.
« Il ne faut jamais battre un enfant, pas même lui donner une petite tape sur le dos de la main. Et ce pour deux raisons ; la première est que tout châtiment physique est attentatoire à la dignité de l’enfant, la seconde est que recourir à une punition physique signifie la faiblesse de l’autorité parentale. Or, l’enfant le perçoit comme tel. La fessée est une faillite ». Sur la réglementation : « C’est une décision scandaleuse. Interdire en passant par une loi la fessée inverserait le rapport entre les générations, cela mettrait les parents au service de l’enfant. Je dis qu’un enfant ne peut grandir qu’avec la contrainte et donc qu’il est parfois nécessaire de lui donner une punition. »
Quelle sera ensuite la prochaine étape, une fois la loi définitivement votée, sur les conseils fermes de l’omniprésente bien que simple secrétaire d’État Marlène Schiappa ? La création d’une police incrustée dans les foyers ? Une brigade de la fessée dirigée par des enfants-roi de 12 ans ? L’interdiction de crier sur son enfant pour éviter tout traumatisme post adolescence ? Aujourd’hui, on en rigole…… demain, qui sait ?
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