L’Italie ne signera pas le Pacte International pour l’Immigration, un pacte lancé par l’ONU en 2016 pour réglementer les flux migratoires internationaux et assurer ainsi une “immigration sécurisée, ordonnée et en règle”. Le document non contraignant interdit toutefois les arrestations de migrants, sauf en dernier recours et s’appuie sur une vision positive de l’immigration.
“Le gouvernement italien, […] ne signera rien et n’ira pas à Marrakech ; c’est au Parlement d’en discuter”, a déclaré Matteo Salvini. Ce pacte est dit « pacte de Marrakech » puisqu’il doit être entériné lors d’une conférence internationale dans la ville marocaine ces 10 et 11 décembre. Les membres du gouvernement italien ne feront donc pas le déplacement.
Le premier ministre Giuseppe Conte a déclaré à ce sujet : « Nous trouvons tout de même important de porter le débat au Parlement et reporter les choix définitifs à l’issue de la discussion comme d’ailleurs cela a été fait en Suisse. A Marrakech, de fait, le gouvernement ne sera pas présent, se réservant d’adhérer ou non au texte seulement quand le Parlement se sera prononcé ».
“ J’éprouve une profonde estime et du respect pour le choix de Giuseppe Conte qui, sur le modèle suisse, a confié au Parlement le dernier mot, ce qui représente un degré maximum de démocratie”, a commenté le ministre de l’Intérieur. “Il y aura une initiative conjointe de la Ligue et du M5S : ils n’arriveront pas à nous faire nous disputer encore cette fois ! – a-t-il expliqué – J’ai parlé hier avec Mr Moavero [Ministre des affaires étrangères, europhile, indépendant] : il est absolument d’accord. Mr Bonafede ? [Ministre de la Justice, député du M5S] Je ne sais pas, je n’arrive pas à voir tout le monde ».
Contre le Pacte international de l’ONU, on trouve aussi Fratelli d’Italia [parti politique italien de droite présidé par Giorgia Meloni – NDT] qui depuis des jours fait pression sur le gouvernement afin qu’il ne signe pas. « Salvini dit que s’il n’y a pas d’accord avec le M5S, il s’en remettra au Parlement, mais si on votait en liberté, le M5S et la gauche italienne diraient oui – explique Giorgia Meloni – Nous espérons donc que l’on vote notre ordre du jour et nous ne pourrons que braquer les projecteurs sur cette question. Ou bien l’Italie dit non au Pacte de l’ONU ou bien Salvini évalue la possibilité de dire non au gouvernement ».
D’autres pays ont dit non au pacte de Marrakech : en 2017 les États-Unis de Donald Trump ont quitté les discussions. Ensuite d’autres pays ont renoncé ou gelé leur décision : l’Australie, la République Tchèque, la Belgique, Israël, la Pologne, l’Autriche, la Bulgarie, la Slovaquie… et même la Suisse qui a pourtant conduit 18 mois durant avec le Mexique les négociations pour élaborer et faire accepter le pacte par consensus international des gouvernements… et en se gardant bien de faire entrer les électeurs ou les Parlements dans la boucle.
En Suisse, des parlementaires se sont en effet prononcés contre le Pacte. Le gouvernement hongrois a estimé de son côté que le texte était « dangereux » et « incitera des millions de personnes à prendre la route ». Le gouvernement polonais a renchéri en affirmant que le Pacte « ne garantit pas la sécurité de la Pologne ».
Traduction : Hélène Lechat
Source : Il Giornale (28 novembre 2018)
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