À l’approche des élections européennes, Jean-Yves Le Drian est sorti du bois pour tenter de fédérer en Bretagne. Avec une stratégie quelque peu éculée que n’a pas manqué de décrypter le Parti Breton.
« Progessistes bretons-Breizh Lab »
Ce « laboratoire d’idées » est censé fédérer des élus mais aussi des acteurs de l’économie et du monde associatif. Le tout dans un but qui semble de plus en plus compliqué par les temps qui courent pour un mouvement sur lequel plane l’ombre d’Emmanuel Macron : « contribuer à refonder l’Europe »…
« Le Drian : Breton à géographie variable ? »
Dans un communiqué de presse dont le titre « Le Drian : Breton à géographie variable ? » résume plutôt bien la relation entre le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et la Bretagne, le Parti Breton ne manque pas d’interroger sur les intentions réelles de Jean-Yves Le Drian.
Ce dernier entend d’ailleurs « rassembler » divers courants politiques dans ce laboratoire « breton » en s’adressant tout aussi bien aux élus et sympathisants du PS, de LREM, du MoDem mais aussi de la droite modérée. Sans oublier de faire un clin d’oeil aux régionalistes. Il est vrai que Jean-Yves Le Drian se redécouvre régulièrement une fibre bretonne à l’approche d’une échéance électorale.
Si Jean-Yves Le Drian ne compte pas briguer de nouveau mandat, il n’entend pas pour autant rester spectateur des événements et a affirmé que, puisque « l’Europe est en danger », la Bretagne a désormais « une forme de responsabilité historique ». « Valeurs écologiques » et « humanistes », « faire ensemble la Bretagne du progrès », des éléments de langage qui paraîssent usés jusqu’à la corde tant ils ont été utilisés par le passé. Avec les résultats que l’on connaît.
Le Parti Breton tâcle Le Drian sur la réunification
Le mouvement « Progressistes bretons-Breizh Lab » sera officiellement fondée le 16 décembre prochain à Lorient lors d’une assemblée qui réunira Jean-Yves Le Drian et ses soutiens. Parmi les premiers noms à rallier l’initiative de l’ancien édile lorientais, les députés d’Ille-et-Vilaine Laurence Maillart-Méhaignerie (LREM) et François André (apparenté LREM), mais également la vice-présidente de la région Bretagne Anne Gallo, Didier Le Gac (député LREM du Finistère) et Gwendal Rouillard (député LREM du Morbihan).
Un enthousiasme que ne partage donc pas le Parti Breton. Qui interroge alors : « »L’Europe est en danger ». Dans sa forme actuelle, sans aucun doute. Et la Bretagne ?
- Quid de la réunification ?
- Quid d’un vrai pouvoir politique et financier au plus près des Bretonnes et des Bretons afin de répondre à leurs besoins et préparer l’avenir ?
- Quid d’une réelle démocratie avec une implication de tous les citoyens dans les processus décisionnels ?
- Quid de la protection et du développement de la culture, de l’histoire et des langues de Bretagne ? Etc. »
Dans son communiqué, le Parti Breton relève par ailleurs que, « pour le moment, les personnalités politiques ayant rejoint le mouvement sont… des élus LREM. Une coïncidence ? Sûrement pas ! »
Jean-Yves Le Drian : un « dinosaure bon serviteur de l’État » ?
Tandis que cette formation politique bretonne était jadis réputée pour tenir très convenu et généralement peu offensif envers la majorité qui gère la Région Bretagne depuis 2004, en l’occurence Jean-Yves Le Drian et ses amis, le ton est désormais plus acerbe. Le Parti Breton ne mâche pas ses mots :
« Macron sentant le péril en la demeure, et c’en est un, bat le rappel des dinosaures bons serviteurs de l’Etat, pour tenter d’influencer les « ploucs » de Bretagne par un vote utile face à la montée prévisible des extrêmes aux élections européennes. Montée des extrêmes résultant d’un narcissisme étatique, d’une méconnaissance et d’un mépris des territoires et d’une centralisation forcenée y compris par la refonte du mode de scrutin de ces élections ».
Une Bretagne à cinq départements pour les européennes
S’il n’est pas fermé à « une alliance du monde politique, du monde associatif, du monde économique », le Parti Breton rappelle que cela doit se faire « dans l’intérêt bien compris de la Bretagne et des Bretons ». En précisant au passage son point de vue : « Oui pour une Europe respectueuse et garante des libertés des territoires, une Europe où l’économie va de pair avec le solidaire, où la protection de l’environnement est l’affaire de tous et non pas subie par les plus vulnérables ».
Enfin, la Parti Breton estime que la France est face à une « responsabilité historique » qui consisterait pour elle à « accepter la réunification de la Bretagne » en organisant ce scrutin des élections européennes avec une circonscription correspondant à la Bretagne réunifiée. La formation nationaliste bretonne met aussi en garde contre « ce mode de scrutin qui a voulu, à dessein, supprimer les circonscriptions régionales pour s’éloigner encore plus des territoires » et qui, de fait, « ne manquera de renforcer l’abstention ». Et d’inciter, en guise de réponse aux manoeuvres de Jean-Yves Le Drian, à mettre « un Gwen ha Du dans l’enveloppe électorale ».
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