Nous vous l’avions annoncé dimanche, les Suisses étaient appelés à voter ce dimanche dans ce pays où chaque citoyen est un homme politique potentiel et peut exprimer, plusieurs fois dans l’année, ses choix de société, au contraire de la France et de son système politique particulièrement rigide.
Votations fédérales : 1 non et 2 oui
Il n’y a pas eu de surprise dimanche à l’annonce des résultats des 3 votations populaires fédérales soumises au peuple Suisse.
Le seul objet accepté été celui pour la surveillance des assurés. Le « oui » l’a emporté avec 64.70% des suffrages. Seuls les cantons de Genève et du Jura ont voté en majorité pour refuser le texte. Dans les cantons ruraux de Suisse-Allemande, on tournait à plus de 70% en faveur du oui. Ne soyez donc pas surpris si vous voyez des détectives privés au coin d’une rue, suivre ou observer des concitoyens qui prennent un café sur une terrasse ou lisent leur journal sur leur balcon. Et peut être qu’un jour une initiative sera lancée pour intégrer des puces électroniques sous la peau des assurés, qui sait.
Les deux autres objets soumis à votation, ont été refusés comme le laissaient présager les sondages.
Les agriculteurs qui détiennent des animaux à cornes et qui décident de ne pas les écorner, ne seront donc pas aidés financièrement par la Confédération. Seuls 45.30% des citoyens ayant voté, se sont prononcé en faveur du oui. Dans 6 cantons, le oui a été majoritaire, contre 20 cantons qui ont porté le non en tête des suffrages.
Même sentence pour l’initiative pour l’autodétermination, avec un net refus : 66.20% de non et une unanimité des cantons. Contre-performance donc pour l’UDC et son combat contre l’Union Européenne. Pourquoi un tel score ? Il semblerait que la notion de « juges étrangers » soit restée trop abstraite pour les électeurs. Egalement la crainte de l’éventuelle résiliation de certains accords internationaux. En face les opposants ont su fédérer un front très large dans les cercles attachés à la défense des droits humains (ONG, juristes, militants divers).
Pour ces votations fédérales, le taux de participation se situait aux alentours de 47%. Ce qui signifie que comme souvent, moins d’un électeur sur deux ne s’est pas prononcé. C’est d’un côté dommage, quand on sait la chance que les suisses ont de pouvoir voter sur de nombreux textes. Mais on se dit que parfois il est préférable que les citoyens qui préfèrent se laisser guider et/ou qui trouvent trop complexes certaines questions, ne choisissent pas « au hasard » ou selon l’affiche la plus jolie.
Valais : la Constitution réécrite par 130 citoyens
Après avoir accepté de confier la réécriture de leur Constitution par 130 de leurs concitoyens, les Valaisans devaient voter dans chaque district. La principale surprise est venue d’Appel Citoyen, un mouvement non partisan qui a vu le jour à l’occasion de cette élection, qui a obtenu 18% des voix et qui aura 16 sièges. La Gauche et les Verts auront 25 sièges. Le centre-droit (PDC) 47 sièges, la droite 42 sièges (21 pour le PLR et 21 pour l’UDC).
Dans cette projection, qui compare le nombre de sièges avec ceux du Grand Conseil (le Parlement Valaisan), on voit que la droite et le centre-droit sera nettement majoritaire. Reste maintenant à savoir si ces constituants seront plutôt conservateurs, ou si la Constitution Valaisanne enregistrera de nombreux changements. Les 130 constituants ont maintenant 4 ans pour travailler là-dessus, en espérant qu’ensuite les citoyens valaisans accepteront la nouvelle Constitution. Dans le cas contraire, cela sera un énorme échec démocratique.
Erwan Pennarun
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