Les chasseurs d’écume, dernier tome (bande dessinée)

La bande dessinée Les chasseurs d’écume décrit la rude vie des pêcheurs de Douarnenez au XXe siècle. Le tome 8 conclut avec émotion cette série enracinée.

Les trois premiers tomes se déroulent avant la Première Guerre mondiale. La sardine est le cœur de l’activité économique. Dans le tome 1, en 1901, Jos Gloaguen âgé de seulement 12 ans embarque sur la chaloupe de son père. Les femmes -les Penn Sardin- s’activent à la conserverie contre un salaire de misère. Dans le tome 2, Jos participe à une révolte des pêcheurs réprimée par la gendarmerie à cheval. Dans le troisième tome, Jos devient marin sur des navires de guerre : il défend la France pendant la première guerre mondiale, puis les russes blancs luttant contre la révolution bolchévique. Le tome 4 décrit la situation des pêcheurs de Douarnenez pendant les années 1920. Les tensions sociales se crispent.

Dans le second cycle, le lecteur suit les aventures de Fanch Gloaguen, le fils de Jos. Dans le tome 5, en 1934, pendant une sortie scolaire sur la plage, Fanch découvre le crâne d’un esclave noir qui s’était échappé d’un navire pratiquant le commerce triangulaire ! Pendant ce temps, Jos convainc son équipage d’acheter un moteur pour le bateau de pêche, supplantant ainsi les voiles… Le tome 6 nous transporte pendant la seconde guerre mondiale. Engagé pour combattre les allemands sur le croiseur Dunkerque, Fanch subit l’attaque de la flotte française à Mers-el-Kébir par l’aviation anglaise. Puis il découvre Douarnenez sous l’Occupation. Fanch livre des boîtes de sardines à la Résistance et cache même un pilote anglais avant de l’amener en bateau jusqu’à un sous-marin allié. Le tome 7 se déroule en 1946. Pour Jos, il est temps que son fils Fanch lui succède aux commandes de son bateau de pêche. Son père lui suggère d’expérimenter un nouveau type de filet mécanique : la bolinche. Fanch se laisse tenter par la modernité au mépris des traditions.

Le huitième et dernier tome nous mène jusqu’en 1960. Grâce aux bonnes saisons des années précédentes, Fanch a enfin pu acquérir une nouvelle embarcation qu’il baptise Pierre-et-Maria, en souvenir de ses grands-parents décédés. Il doit désormais se trouver un équipage. Il s’équipe d’un sondeur, quitte à s’attirer les foudres de ceux qui craignent que les ondes fassent fuir les poissons. Les premières pêches sont fructueuses. Mais il rencontre de multiples difficultés : la malhonnêteté des nouveaux membres de son équipage, la concurrence face aux cargos congélateurs soutenus par les conserveurs et, enfin, la maladie de son père Jos avec qui il est en conflit…

Après l’adaptation de plusieurs textes d’Anatole Le Braz, le scénariste François Debois s’inspire d’un roman historique du nantais Jean-Claude Boulard (L’épopée de la sardine, un siècle d’histoires de pêche), maire socialiste du Mans décédé en mai dernier. Il crée un scénario ethnographique. Dans le tome 8, il imagine que des marins sont à la recherche de la ville d’Ys enfouie au large de Douarnenez.

C’est à la fin de cette série que les personnages principaux deviennent véritablement attachants, sans doute en raison du souffle romanesque apporté par les choix difficiles que doit faire Fanch.

Par un trait classique et réaliste, le dessinateur Serge Fino reconstitue avec justesse les ports de Rosmeur (Douarnenez) et de Quiberon. Ses planches panoramiques représentant la pêche de la sardine au lever du soleil sont magnifiques. On regrettera seulement une colorisation un peu terne.

Kristol Séhec

Les chasseurs d’écume, t. 1, 1901, Premières sardines ; t. 2, 1909, Les maîtresses du quai ; t. 3, 1913, Le patron de pêche ; t. 4, 1920, La revanche des chevaliers de fer blanc ; t. 5, 1934, Le crâne de la plage ; t. 6, 1939, Les sardines sous le contrôle de la Gast ; t. 7, 1946, La guerre de la bolinche ; t. 8, 1960, Ne pas perdre un homme. 13,90 euros chaque tome. Editions Glénat.

Crédit photos : DR
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