Le n°175 de la revue Eléments est disponible chez votre marchand de journaux, ou bien en abonnement (ici). Découvrez ci-dessous l’éditorial, ainsi que le sommaire :
Chaque jour, les Européens se voient sommés de présenter leurs excuses pour des actes qu’ils n’ont pas commis. Il faudrait avoir honte de son passé, réduit aux seules pages noires d’une histoire qui a pourtant compté bien des pages lumineuses. Se repentir de ses péchés passés en reniant une culture dénoncée comme criminelle. Se vider de soi pour mieux s’ouvrir aux autres. Devenir étrangers à nous-mêmes pour que nul ne puisse plus se sentir étranger chez nous. Tout désir de contrôler les flux migratoires relèverait du racisme ontologique de l’Occident, de la haine de l’étranger, d’une indéracinable mentalité « postcoloniale ». À la limite, l’Europe serait coupable d’exister.
D’où vient cette obsession ? L’une des causes évidentes est l’idéologie du progrès qui, par principe, dévalue le passé par rapport au présent (et le présent par rapport à l’avenir). (…) Mais l’idéologie du progrès n’est pas seule en cause. Il y a aussi une idéologie de la mauvaise conscience. (…) L’homme de la mauvaise conscience présuppose l’homme du ressentiment. Celui-ci inculque la mauvaise conscience au moyen d’un raisonnement simple : si je souffre, c’est que tu es méchant, et si tu es méchant c’est que je suis bon. Les Européens sont des méchants, ceux qui les dénoncent représentent le bien. (…)
La mauvaise conscience est inhibitrice et paralysante. C’est un bourreau intérieur. La faire naître, puis l’entretenir, est une façon de saper une puissance que l’on n’ose affronter en face. Quand on ne peut affaiblir directement celui que l’on veut incapaciter, on peut le conditionner moralement pour qu’il s’affaiblisse lui-même en retournant contre lui sa propre puissance, pour qu’il se punisse lui-même en s’éprouvant comme coupable, comme éternel suspect, c’est-à-dire comme éternel débiteur. (…)
Les révolutionnaires d’autrefois ne se posaient pourtant pas en victimes, mais en acteurs de l’histoire. Nous sommes à une époque où les victimes ont remplacé les héros : c’est beaucoup plus rentable. (…) Ainsi, le pape François prône l’accueil inconditionnel aux migrants au double prétexte que tout chrétien est par nature étranger à ce monde, puisqu’il est d’abord citoyen de la patrie céleste, et qu’un monde sans frontières préfigure la cité de Dieu. Du point de vue de la foi, en effet, l’étranger n’existe pas : le peuple de Dieu ne connaît pas de frontières. Mea culpa, mea maxima culpa. Une religion qui fait naître tout être humain en état de péché héréditaire (…) est mal armée pour faire face aux défis de notre temps, et surtout pour susciter une résistance sans états d’âme.
À la morale du péché, cependant, on peut toujours opposer l’éthique de l’honneur. Dans l’éthique de l’honneur, on ne se repent de rien. Quand on a fait une faute, on en tire la leçon. On oublie souvent, mais l’on ne pardonne pas plus qu’on ne demande à être pardonné. Never explain, never complain. On ne s’explique pas, on ne se justifie pas. On ne se plaint pas, on ne se pose pas en victime, on ne cherche pas à faire un instrument de pouvoir d’une souffrance réelle ou supposée. On ne s’agenouille pas, on ne courbe pas la tête. On vit et on meurt debout.
Au sommaire d’Elements N°175
• Pourquoi Mélenchon bute sur la question migratoire, l’analyse de Jérôme Fourquet et Jérôme Sainte-Marie
• Races et antiracismes, critique d’un discours schizophrène, par Alain de Benoist
• Populisme : Jean-Claude Michéa persiste et signe
• La science soumise au politiquement correct : l’éternel retour de Lyssenko
Dossier catastrophisme : fin du monde ou fin d’un monde ?
• La fin du monde, une histoire sans fin : impolitique de la catastrophe
• Apocalypse now : Quelle alternative à l’économie du désastre ?
• Déclin de l’Occident : les 100 ans du maître-ouvrage de Spengler
• Halte à la croissance ! L’étrange destin du rapport Meadows
• Là où finissent les étoiles : Isaac Asimov et l’effondrement de la galaxie
• Paul Virilio, guetteur d’apocalypse : l’accélération du monde
Et aussi…
• Sahra Wagenknecht, la gauche allemande au défi de l’immigration
• Relire Walter Scott, un héros de l’Europe romantique
• Saint-Exupéry, le voltigeur foudroyé
• La maison rouge de Malaparte
• Anarcho-primitivistes fin-de-siècle : les naturiens contre le progrès
• Une histoire mouvementée du rock identitaire français
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