Qui a ordonné le meurtre Jamal Khashoggi ?
Samedi, le Washington Post indiquait que la CIA avait conclu que le meurtre avait été commandité par Mohamed Ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite.
Donald Trump se montre plus prudent. Le président américain a indiqué que les services de renseignement allaient finaliser leur rapport cette semaine. Selon le quotidien américain, la CIA a examiné plusieurs sources de renseignement, notamment un appel entre Khalid ben Salmane, frère du puissant prince héritier et ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, et Jamal Khashoggi. Khalid ben Salmane a conseillé à Jamal Khashoggi de se rendre au consulat saoudien à Istanbul, lui assurant qu’il ne lui arriverait rien. Un coup de fil passé à la demande de « MBS ». Le Washington Post ajoute en outre qu’il n’était pas clair si Khalid ben Salmane était au courant que M. Khashoggi serait ensuite assassiné.
Comment les Etats-Unis réagiront-ils vis-à-vis de leur partenaire ? La Maison Blanche continue d’être particulièrement embarrassée.
Réponse de la famille l’intéressé, via twitter :
As we told the Washington Post the last contact I had with Mr. Khashoggi was via text on Oct 26 2017. I never talked to him by phone and certainly never suggested he go to Turkey for any reason. I ask the US government to release any information regarding this claim.
— Khalid bin Salman خالد بن سلمان (@kbsalsaud) 16 novembre 2018
La justice saoudienne (dont il nous est impossible de connaitre le degré d’indépendance vis à vis du régime en place) a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés pour leur rôle dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre, tout en blanchissant Ben Salmane.
Jamal Ahmed Khashoggi est un journaliste saoudien et auteur, ayant notamment été directeur général de la chaîne Al-Arab News . Il a également été rédacteur au journal saoudien Al-Watan.
Initialement proche du pouvoir saoudien, il entre en dissidence à partir de 2017, à la suite de l’avènement de Mohammed ben Salmane au statut de prince héritier et de dirigeant de fait du pays. Il fuit l’Arabie saoudite en septembre 2017 et s’exile. Il déclare alors que le gouvernement d’Arabie saoudite l’a « banni de Twitter » et écrit ensuite des articles de presse critiques vis-à-vis du régime saoudien. Extrêmement critique à l’égard du prince héritier, Mohammed ben Salmane, et du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, Khashoggi s’oppose fermement à l’intervention au Yémen.
Khashoggi entre dans le consulat d’Arabie saoudite en Turquie le et y est assassiné par un commando saoudien. L’Arabie saoudite, voire le prince héritier en personne, sont accusés d’avoir commandité l’opération. Une inspection par des officiels saoudiens et turcs a lieu le , alors que la presse affirme qu’il a été démembré vivant à l’intérieur du consulat. Après avoir initialement nié sa mort, affirmant que Khashoggi a quitté le consulat vivant, l’Arabie saoudite finit par reconnaître le que Jamal Khashoggi a été tué à l’intérieur du consulat, mais donne successivement plusieurs versions contradictoires des circonstances de son décès avant d’admettre que le meurtre était prémédité.
Affaire à suivre …
ll faut savoir que la France a livré pour 1,38 milliard d’euros d’armement à Riyad l’an dernier. Sur dix ans, l’Arabie saoudite est le deuxième plus gros client de la France dans ce secteur l’an dernier, après l’Inde. En 2017, les exportations commerciales (hors militaire) vers l’Arabie saoudite ont atteint 4,51 milliards d’euros, soit une hausse de 8,8 % sur un an. Emmanuel Macron n’entend pas remettre ce commerce en cause, estimant fin octobre que la mort de Jamal Khashoggi et les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite n’avaient « rien à voir ».
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