La « Jaunitude », vraiment ?

Inutile de crier, lisez… Le « jaunisme » est une vieille habitude en notre beau pays – Ségolène dit « jaunitude ». La plus récente utilisation massive du « jaune » s’est produit entre 1940 et 1944, sous l’occupation allemande où une partie de la population fut distinguée de la majorité braillante et maréchaliste avec une « étoile jaune ».[1] L’origine de la détestation du « jaune » remonte cependant « à la plus haute antiquité », comme on dit chez Pierre Dac et l’abominable (hic!) Pierre Desproges. Il fut un temps où les faux-monnayeurs étaient conduits au supplice dans une chemise « jaune », rappel du détournement de l’or véritable pour de la pacotille. Rappel de l’infamie. On parle aussi de l’apôtre qui trahit le Jésus, mais ça complique la raison…

Ce fut en 1899 que fut lancé le syndicalisme « jaune »

À la toute fin du XIXe siècle, l’utilisation du « jaune » contre les « rouges » fut également une affaire de traîtrise. Pensez ! On était en Saône-et-Loire, au Creusot ou à Montchanin ou encore à Montceau-les-Mines. Les vrais ouvriers faisaient grève contre le méchant patron, un Schneider – « Eugène Deux ». Celui-ci offrit du boulot à ceux qui en voulaient, des non-grévistes. Colère des grévistes qui avaient alors des dirigeants qui n’étaient ni Mélenchon, ni Ruffin – le Marat de Picardie. Les partisans de la lutte des classes, comme ils avaient des loisirs forcés, vinrent assiéger les gueux en temps de pause, dans leur local. Comme de bien entendu, ils brisèrent les carreaux des fenêtres en lançant des cailloux et autres objets de récupération prolétarienne. Remis de leurs émotions et dégagés par la troupe, les non-grévistes remplacèrent les vitres par du papier « jaune »… La couleur devait leur coller à la peau. Ce fut donc en 1899 que fut lancé le syndicalisme « jaune ». Un syndicalisme qui fit des petits car les « rouges » ne cessèrent de décliner… Enfin pas tout de suite. Il faut attendre ces jours-ci, pour voir la CGT passer la main.

Le petit roi Emmanuel en est tout racorni

Ces histoires d’avant-guerre n’intéressent plus personne, apparemment. On voit des politiques de tous les bords se mettre en connivence avec les « insurgés du gilet jaune »… Pas de quoi être farauds quand on est « rouge ». Il n’empêche, ces mêmes ont voté et revoté,  au temps où ils avaient du « pouvoir », les taxes et autres fariboles de taille et de corvée qu’ils reprochent désormais à leurs successeurs. Notre petit roi Emmanuel en est tout racorni. Il en a encore pour trois ans car son règne ne dure au mieux que dix ans, ce qui est préférable à toute une vie sous la houlette d’un pauvre hère héréditaire. C’est pourquoi, personnellement – mais vous vous en fichez – je suis républicain-monarchiste. Tss !

Qu’a-t-on vu ces jours-ci ? Le comble de la chienlit éructante brandir des carottes en montant en voiture et promettant de les mettre dans le c… du monarque! Si si, je les ai vus, dans le Nord-Est. Une dame bretonne furieuse évoquait le changement de vaisselle au Palais en ignorant que les ouvriers des ateliers d’État sont bien heureux d’avoir encore du boulot en la bonne ville de Sèvres. Ça fait des siècles qu’ils n’ont pas sorti autre chose que des vases à fleurs et des cochons de tirelire pour les gamins. Alors ?

On a vu des buveurs de bière, des roteurs professionnels, dirent qu’ils étaient maltraités comme des gros lards qu’ils sont

Le comble de l’ignominie a été atteint sur le pourtour de la France. Le petit roi Emmanuel ayant décidé de rendre hommage aux poilus, suivait à vue de nez la « ligne de front » qui court, vous l’aviez oublié, de la frontière suisse à la mer du Nord. Il commença par Strasbourg, noble capitale alsacienne. Il finit à Péronne où se tient, à l’écart des Offenstadt, un centre permanent de la commémoration. Sans oublier l’excellente après-midi qu’il passa à Rethondes avec des gens considérables. Eh bien, il y eut, tout le long du parcours qui dura une semaine, des malotrus pour venir hargneusement le questionner sur leur « misère ». Les pauvres n’ont plus de dignité, les vrais pauvres se tiennent à l’écart et se taisent. On a vu des buveurs de bière, des roteurs professionnels, dirent qu’ils étaient maltraités comme des gros lards qu’ils sont. Pensez ! Encore heureux qu’ils ne fument pas des « maïs » ni ne roulent en « diesel ». J’ai constaté que le prix de l’essence avait baissé de plus d’1,50 € aux pompes de mon supermarché. Que demande le peuple, ce va-nu-pieds en idéologie « rouge ». J’en connais un qui se plaint d’avoir un prélèvement de 800 €uros à l’année  (soit 66,6666 par mois sur une retraite mensuelle d’au moins 3500 € !)… J’en pète les plombs ! Comme on est loin de ce consentement à l’impôt qui fit la gloire des Vosges, en son temps, et qui valut aux habitants de ce département d’avoir leur place à Paris, dans le Marais.

Le petit roi Emmanuel n’en a plus que pour trois ans… laissons le « faire » sans l’insulter grassement ou lui pourrir le quotidien. Comme dit mon ami Sloterdijk (la fin ça se lit « daïke ») : « Si vraiment il se prend pour le successeur des rois, il a de bonnes raisons d’avoir peur pour sa nuque ».

MORASSE

[1] Sur ce point, Trump a raison, non pas sur l’apprentissage de la langue allemande, mais sur le collaborationnisme d’une population qui acclame, c’est bien connu, le vieux maréchal au mois d’avril et se rue sur les barricades en août… Et sur les « grands résistants », il y aurait tant à dire !

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