11 novembre 2018 : Reminiscere de 1918

A la 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois de 1918 la boucherie de quatre ans de guerre cesse. Il y a 100 cent ans, jour pour jour, cesse une tuerie qui a duré quatre ans et trois mois, qui a vu disparaître la fine fleur de la jeunesse et ceux qui, dans la quarantaine, étaient les forces vives de la nation. Et pouvaient assurer sa pérennité.

Elle aurait pu s’arrêter un an plus tôt sans les questions d’orgueil ou de haine religieuse. Charles 1erd’Autriche, parent des Bourbon-Parme exilés après les lois d’exil prononcées contre la Famille de France, avec l’aide de Benoît XV au Vatican, a cherché à établir des contacts secrets avec le gouvernement français et le roi d’Angleterre Georges V.

Les Prussiens (protestants) ont accusé le souverain catholique de traîtrise alors qu’il voulait, de par ses convictions religieuses, arrêter le carnage.

Les entretiens secrets capotèrent par la volonté de l’anti-calotin Clémenceau.

Le bilan est catastrophique ce 11 novembre : 1 million 490 mille morts. Sans compter ceux qui mourront les années suivantes et dont  de rares monuments aux morts portent les dates de ceux décédés de leurs blessures en 1919, 1920.

Un pays saigné à blanc dans ses forces vives tombées partout dans le Nord, le Nord-est et l’Est de la France. Et ceux qui sont tombés dans les Dardanelles.

Parmi eux des Bretons au nombre de 130 mille (sur 2.300.000 habitants) mais 240 mille noms gravés dans le granite des tables mémorielles du monument de Sainte Anne d’Auray, chiffre jugé excessif par certains mais qui prend en compte ceux qui sont décédés de leurs blessures après l’arrêt des hostilités qui n’a pas été pour eux l’arrêt des infections et  des traumatismes.

Peut-être aussi des suicides chez les « gueules cassées » ou physiologiquement brisés ?

Il ne faut pas oublier aussi le clergé dont 80 500 prêtres ou religieux seront mobilisés. 6.400 seront tués sur le front soit comme soldats, soit comme infirmiers-brancardiers soit comme aumôniers. Ou fusillés par les Allemands.

412 religieuses seront tuées dans leur activité d’infirmières.

20 mille prêtres et religieux seront cités à l’Ordre de la Nation ; 35 mille seront décorés.

Alors quand en 1924, le pays pansant ses plaies béantes, le radical-socialiste alors « bouffeur de curé » Edouard Herriot (politique déjà clairvoyant quant il disait : la politique c’est comme l’andouille, il faut que ça sente la merde mais pas trop) décide de faire repartir dans leurs pays d’exil les religieux qui se sont battus, le Père Paul Doncoeur, chassé en 1902 par les lois anticlérical de Clémenceau, se lève et clame :

Non, Nous ne partirons pas !

« Vous voulez rire M. HERRIOT ! Mais on ne rit pas de ces choses. Jamais, pendant cinquante mois, vous n’êtes venu me trouver. Ni moi, entendez-vous, ni aucun autre (car tous ceux qui étaient en âge de se battre se sont battus), ni aucune femme, nous ne reprendrons la route de Belgique. Cela jamais ! Vous ferez ce que vous voudrez, vous prendrez nos maisons, vous nous ouvrirez vos prisons. Mais partir comme nous l’avons fait en 1902 ? Jamais !

« Nous avons aujourd’hui un peu plus de sang dans les veines, voyez-vous, et puis, soldats de Verdun, nous avons appris aux bons endroits ce que c’est que de s’accrocher à un terrain. Et je vais vous dire maintenant pourquoi nous ne partirons pas. Nous ne partirons plus parce que nous ne voulons plus qu’un [étranger] nous rencontrant un jour loin du pays, nous pose certaines questions auxquelles nous répondrions, comme jadis, en baissant la tête : « La France nous a chassés ». Pour l’honneur de la France jamais nous ne dirons plus cela à un étranger. Donc nous resterons tous. Nous le jurons sur la tombe de nos morts ! ».

Et Herriot retourna manger son andouille.

C’était un sacré clergé, n’est-ce pas ?

Via souvenir chouan de Bretagne

Crédit photos : DR
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