Le virus Ebola a tué plus de 200 personnes en République démocratique du Congo depuis qu’une épidémie a éclaté il y a deux mois dans l’est du pays, ravagé par la guerre.
La pire épidémie de l’histoire du pays
L’inquiétude était déjà vive dans le courant du mois d’août dernier. Et ce début d’automne est venu confirmer la tendance : la République démocratique du Congo est confrontée à la pire épidémie d’Ebola de l’histoire du pays, selon des responsables. Le 11 novembre dernier, le docteur Oly Ilunga Kalenga, ministre de la Santé, a déclaré : « aucune autre épidémie dans le monde n’a été aussi complexe que celle que nous connaissons actuellement ».
Depuis 1976, date à laquelle la fièvre hémorragique a été identifiée pour la première fois à Yambuku, dans la province de l’Équateur, cet épisode mortel causé par Ebola est le 10ème en RDC. À l’hure où nous rédigeons ces lignes, au moins 205 personnes sont ainsi décédées suite à la contraction du virus depuis août et près de 330 cas confirmés ou probables ont été signalés.
Ebola : le facteur sécuritaire
Cette nouvelle épidémie, qui est déjà la deuxième depuis le début de l’année 2018, a commencé dans la province du Nord-Kivu avant de se propager dans la province de l’Ituri, dans l’est du pays.
De plus, les autorités de la RDC n’ont pas seulement cette question sanitaire à régler mais doivent aussi prendre en compte le facteur sécuritaire. Ainsi, si le virus se répend à un rythme important au sein de la population, sa progression est encore davantage facilitée par le climat de violence permanente qui règne dans la région. En plus de s’en prendre aux civils, des groupes de miliciens armés ont aussi attaqué des responsables de la santé. Des kidnappings ont été signalés ainsi que des vols de matériels.
Des attaques qui, toujours selon le ministre de la Santé, auraient causé la mort de deux agents de santé. Au cours du mois dernier, 11 civils et un soldat ont été tués à Beni, une ville de 800 000 habitants qui est par ailleurs l’épicentre de cette épidémie d’Ebola.
Confusion générale et inquiétudes
Cette situation de confusion, où la propagation d’un virus mortel se confond avec la poursuite de conflits armés, a semé la peur dans les pays voisins. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d’un million de réfugiés et de personnes déplacées se trouvent au Nord-Kivu et en Ituri. Leur déplacement à l’intérieur et à l’extérieur des provinces constitue un facteur de risque potentiel pour la propagation d’Ebola.
Le bilan de cette 10e épidémie d’#Ebola reflète sa complexité. Agressions physiques, destruction de matériel, kidnapping… Voici la réalité de nos équipes qui malgré cela continuent à travailler avec courage & détermination.Ces #HerosDeLaSante méritent toute notre reconnaissance pic.twitter.com/JKLUsGXSB5
— Dr. Oly Ilunga (@OlyIlunga) 11 novembre 2018
En Ouganda, pays frontalier, le ministère de la Santé, avec l’aide de l’OMS, a commencé à vacciner ses agents de santé contre le virus Ebola en milieu de semaine dernière. Des agents qui risquent fort de se retrouver confrontés à des malades en provenance de la RDC voisine. L’OMS juge d’ailleurs « fort probable » une arrivée du virus en Ouganda au regard des mouvements de populations entre les deux États tandis que les services de santé ougandais devraient attirer de nombreux Congolais.
C’est dans ce contexte, que l’on peut décrire comme « tout sauf serein », que va se tenir l’élection présidentielle en République démocratique du Congo le 23 décembre prochain. Une situation qui incite à relativiser les péripéties pré-électorales auxquelles nous assistons parfois dans nos contrées européennes…
Crédit photo : Flickr (CC BY 2.0/CDC Global)
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