Depuis le 5 juin 2016, la chapelle Notre-Dame des Victoires à Beautour, un petit village dépendant de Vertou (44), est devenue la paroisse orthodoxe roumaine des Saints Apôtres Pierre et Paul après avoir été vendue par le diocèse en accord avec la mairie. Problème : le stationnement anarchique des fidèles le week-end gêne commerçants et riverains. Or les forces de l’ordre semblent refuser de s’attaquer au problème… tout en criblant d’amendes les riverains.
« Ils ont peur d’eux ! », tempête un riverain. « En revanche, lorsque les clients du café ou de la boulangerie se garent comme ils le peuvent au vu du bazar, ils se prennent des amendes systématiquement ». Courant octobre, un riverain qui a photographié des voitures de fidèles garées n’importe comment s’est fait menacer par « deux jeunes roumains âgés d’une trentaine d’années, armés de couteaux ». Un autre a mis « 35 minutes pour sortir de chez lui : il y avait trois voitures devant, il a du aller à l’église, demander à qui c’était, ça a pris des plombes. Que se passera-t-il s’il y a un incendie ou une urgence médicale ? ».
Selon nos informations, des riverains excédés ont engagé une procédure pour interdire complètement le stationnement dans la rue. L’arme ultime pour revenir à un peu de tranquillité. « Ils se croient tout permis : dernièrement ils sont allés voir un riverain pour exiger une servitude de passage au nom du tour d’échelle de l’église – seulement pour cela, il faut avoir commencé des travaux ! ».
Si les riverains du village reconnaissent qu’ils « ont bien restauré l’église à l’intérieur », certains critiquent que l’évêché ait vendu l’église et la mairie avalisé la vente sans demander leur avis. « Cette chapelle, c’est notre patrimoine commun ». Et pour cause : construite par l’industriel conserveur Georges Tertrais suite à son mariage avec Marie-Louise Versin en 1897, elle a été consacrée le 3 juillet 1902. Elle a été privée jusqu’en 1949, avec un chapelain salarié par la famille Tertrais. Passée au diocèse, elle est devenue l’église paroissiale jusqu’à la construction de l’église Sainte-Famille. Son père, maire de Vertou (1878-1881) et fervent catholique, avait aussi construit une école libre et une garderie pour les enfants des ouvrières.
La conserverie Tertrais, elle, a été crée en 1853 par le restaurateur nantais Laurent Tertrais. Elle a employé jusqu’à 200 salariés avant de fermer en 1955 après son rachat par Saupiquet. N’en restent guère que les demeures de la famille (n°33, 46 et 50 route de Nantes), l’école Sainte-Famille donc, la chapelle et de curieux jetons de nécessité d’une somme peu commune – 7 francs.
Louis Moulin
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine