Peu amateur de romans mais quand même intéressé par la chose bretonne j’ai été intrigué par la thématique du livre « Tant que se dresseront les pierres », de Marina Dedeyan.
Un roman écrit en 2018 ayant pour objet une éventualité de l’indépendance bretonne pendant la deuxième guerre mondiale et de surcroit écrit par une jeune femme , je me posais pas mal de questions … Alors je me plongeais dedans et en terminais la lecture en quelques heures.
Au début si l’on a l’impression d’avoir un cours sur l’autonomisme breton à partir de 1932 et de l’attentat de Gwenn ha du, chose que je connais assez bien, je me suis un peu demandé où l’auteur (remarquez que je ne mets pas de e pour ne pas suivre le politiquement correct actuel) allait en venir ; était-ce une mouture de « Le nationalisme breton pour les nuls » ?
Mais après tout le public ne connaissant pas trop cette période a besoin d’être éclairé car trop de bêtises ont été dites … Et peu à peu les personnages ont pris le dessus sur la rhétorique. Attachante cette Véra, exilée de Russie, ayant fui le communisme soviétique pour finalement se retrouver dans un conflit de civilisation. Elle qui, sorte de fil d’Ariane, côtoie successivement Officier Russe, Officier SS, Médecin de campagne, et les trois frères, fils de la personne qu’elle est allée soigner en son manoir. Une histoire d’Amour et d’Amours sur fond de passions et de haine. Passions amoureuses et passion pour la Bretagne. Car le personnage principal reste quand même celle-ci. Car pour elle on s’allie à la France, maréchaliste ou libre, ou encore à ce Reich qui a envisagé un statut spécial pour elle. Et de rêver d’indépendance. Et de s’engager dans des partis divers et opposés. Les trois frères sont guidés par l’honneur de l’amour de leur chère Bretagne, mais aussi de leur famille et de la loyauté entre eux.
Nous suivons pas à pas les événements de ces âges sombres où les phares n’étaient pas les mêmes selon les inclinations mais où chaque protagoniste cherchait le meilleur pour sa patrie charnelle. Car cette Bretagne parfois mythifiée risquait de disparaître sous les coups des envahisseurs qu’ils soient allemands, français, anglais ou américains… Et les vaincus ont toujours tort. C’est le vainqueur qui fait l’histoire officielle.
Alors ce livre va à contre courant de ce qui a été la doctrine des vainqueurs, la réalité étant toujours plus complexe que les caricatures … Il est certainement temps en 2018 d’aborder le devoir de mémoire autrement que par des positions manichéistes . Ce roman est une esquisse , réhabilitation de ceux qui ont cru , par des voies différentes, que la Bretagne avait des choses à dire pendant ces années de sang et que pourquoi pas , elle, petite nation d’Europe, aurait pu avoir un destin apaisé et reconnu après ces années …
Le roman est extrêmement bien documenté et nous assistons véritablement sous couvert de fiction à des événements qui ont eu lieu ici où là.
En définitive je le conseillerai vivement à tous ceux qui ont pour passion notre Bretagne, anciens de l’Emsav ou pas afin qu’ils voient ce qu’une amoureuse slave de notre patrie a conçu comme ode à la mémoire de ceux qui se sont battus pour elle.
A chacun, l’âge venu, la découverte ou l’ignorance.
Eric ABGRAAL
« Tant que se dresseront les pierres » – Marina Dedeyan – Plon (à commander ci-dessous)
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