Un de nos lecteurs, ancien officier supérieur des services de renseignement, nous a fait parvenir une nouvelle « lettre confidentielle de Vladimir à Donald » qui aurait été interceptée et décryptée par ses services. Elle traite du résultat des élections américaines de mi-mandat, mais pas que…
Nous la livrons à nos lecteurs, sans la moindre garantie, encore que…
Vladimir
Moscou le 7 Novembre 2018
Résidence du Kremlin Place Rouge, Moscou
mail: [email protected]
Mon cher Donald,
Mes services ne s’étaient pas trompés. Vos élections de mi-mandat se concluent, à très peu près, avec les résultats que je vous annonçais le 1er novembre. Vous gardez le contrôle du Sénat, en y élargissant même votre majorité (53 à 47), vous restez en tête au nombre de gouverneurs et d’exécutifs d’état (28 à 22) et vous perdez la chambre de peu avec 206 sièges sur 435. Félicitations donc à vous (et à mes services qui avaient vu venir les choses….).
Le carton plein n’est pas au rendez-vous, mais un tel résultat aurait été exceptionnel dans l’histoire de votre pays pour des élections de mi-mandat qui entraînent, dans l’énorme majorité des cas, un retour du balancier et une cohabitation pour la fin des mandats présidentiels. Ce contre-pouvoir va vous compliquer les choses concernant l’affaire iranienne. Je n’en suis pas vraiment fâché… J’attends désormais beaucoup de nos prochaines rencontres. Nous nous croiserons à Paris le 11 novembre et nous rencontrerons sans doute à Buenos Aires le 30 novembre prochain, en marge du G20.
Comme vous le savez, mon pays (dans son ancienne configuration) s’est effondré en 1990 pour des raisons économiques. Après avoir entrepris sa refondation sur des bases plus saines, je suis donc aujourd’hui très attentif aux évolutions économiques du monde et à tout ce qui pourrait menacer le rétablissement complet de ma patrie. Plusieurs signes alarmants m’ont conduit, au cours des derniers mois, à réduire mes réserves de change en dollars et à remettre sur le marché 85% des 100 milliards de dettes US, que mon pays détenait, pour acheter de l’or…
Dagong, l’agence de notation de mes amis orientaux, généralement clairvoyants, a, en effet, classé votre dette comme un actif à risque en Janvier dernier, en la notant BBB+ avec perspectives négatives. De plus, un de vos anciens secrétaires au Trésor, Larry Summers a posé cette question inquiétante: «Combien de temps le plus gros emprunteur du monde peut-il rester la première puissance planétaire ?» . Enfin, jour après jour, je vois de nombreux pays sérieux se délester progressivement de leurs créances en bons du Trésor US (Japon, Chine, Suisse, et même Allemagne, Hollande, Inde, Turquie…etc.). Seul un quarteron de pays (parmi lesquels l’Arabie Saoudite, la France et le Royaume-Uni ) semblent encore, pour des raisons qui m’échappent, faire aveuglément confiance à votre pays en rachetant votre dette à tour de bras et en liant leur destin au vôtre et à celui de cet actif à risque que constitue, chaque jour un peu plus, le dollar.
Ce qui me préoccupe, c’est que les 22 000 milliards de dollars de dettes publiques que vous atteindrez en fin d’année risquent, faute de maîtrise de l’addiction de votre pays à l’endettement, de causer quelques désagréments chez vous et dans le reste du monde. Un vieux dicton de mon pays nous dit: «Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse…».
Les effondrements économiques sont parfois brutaux et douloureux. Mon pays l’a appris à ses dépens. D’autres pourraient l’apprendre (ou le réapprendre après le séisme de 1929), dans un avenir proche.
Pour conclure ce bref message et dans l’attente de nos rencontres qui pourront peut-être nous permettre de développer ces sujets et de nous entendre mieux, je voudrai vous appeler à réfléchir sur le risque que peut faire courir à un état, quel qu’il soit, un excès d’assurance de son gouvernement et le fait de s’attaquer, simultanément, à un trop grand nombre d’adversaires tout en contrariant ses amis…
«Take Care».
Votre «partenaire»: Vladimir
Crédit photo : DR
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