Si les deux premiers trimarans ULTIME ont réussi à éviter le coup de vent, il n’en est pas de même pour le gros de la flotte de cette onzième Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Le vent de Sud-Ouest a forci cette nuit, puis le front est passé sur les leaders de chaque catégorie en basculant à l’Ouest, créant une mer très désordonnée. Plusieurs solitaires ont choisi le repli vers des ports bretons ou espagnols…
Après 40 heures de course, de nouveaux solitaires ont décidé de s’abriter au vu de la situation météorologique : la deuxième dépression commence à sévir sur les concurrents au cœur du golfe de Gascogne et les conditions, surtout de mer, se sont sensiblement dégradées… Ainsi parmi les Rhum Multi, Loïck Peyron suivi par Yann Marilley tout comme Gilles Buekenhout, tente de rallier la côte Nord de l’Espagne, probablement vers Gijon ou La Corogne, tandis que Charlie Capelle, Pierrick Tollemer, Christophe Bogrand, Gérald Bibot font route vers la Bretagne Sud.
Faire le dos rond
Il faut dire que le golfe de Gascogne est particulièrement agité depuis le début de cette deuxième nuit de course avec l’arrivée d’un flux de Sud-Ouest puissant et une mer très formée et chaotique : les Class40 sont ainsi secoués par une houle de Nord-Ouest contrariée par des vagues de Sud-Ouest et un vent qui oscille entre 35 et 40 nœuds avec rafales ! Et il y a déjà plus de 150 milles d’écart latéral entre Louis Duc, au Nord et Kito de Pavant, au Sud. Difficile de déterminer qui s’en sortira le mieux car il semble qu’il y a moins de mer au septentrion alors que la porte de sortie apparaît plus ouverte dans le secteur méridional. Or pour l’instant, c’est au centre que la solution est la meilleure puisque Yoann Richomme conserve le leadership.
Côté monocoque IMOCA, la bataille Nord-Sud perdure toujours avec le Britannique Alex Thomson qui conserve la main sur la route directe (orthodromie) tandis que Vincent Riou et Paul Meilhat ont croisé en milieu de nuit, l’un choisissant de partir à l’Ouest derrière le front quand l’autre plonge vers le Sud face à une mer très dure… Or la situation est déjà très différente pour les Multi50 puisque deux d’entre eux ont réussi à déborder le cap Finisterre cette nuit : Armel Tripon et Lalou Roucayrol glissent désormais le long des côtes du Portugal, certes dans un flux de Sud-Ouest mais nettement moins musclé qu’au Nord, et surtout avec des vagues plus négociables que pour Thierry Bouchard, Thibaut Vauchel-Camus ou Gilles Lamiré en plein milieu du golfe de Gascogne.
Échappée par le Sud
Enfin pour les grands multicoques, deux d’entre eux vont pouvoir éviter le gros de la dépression, voire passer dessous : François Gabart et Francis Joyon ne se quittent pas d’une semelle et ont déjà atteint la latitude du cap Saint-Vincent, pointe Sud-Ouest du Portugal. Dans un vent de secteur Ouest d’une douzaine de nœuds, ils cherchent à accrocher les alizés canariens, mais la brise est vouée à mollir ces prochaines heures.
Ce qui n’est pas le cas pour Armel Le Cléac’h, 200 milles plus au Nord, qui a dû enchaîner deux virements de bord cette nuit. Le premier lorsque le vent s’est installé au Sud-Ouest 35-40 nœuds au large du cap Finisterre, le second quelques heures plus tard quand la bascule à l’Ouest 30-35 nœuds a eu lieu derrière le front. Il y a ainsi plus de 300 milles de décalage Nord-Sud entre les deux leaders et leur poursuivant ! Quant à Romain Pilliard, toujours au cœur du golfe de Gascogne, la situation météo n’est pas très favorable à la glissade : 35 à 40 nœuds de Sud-Ouest et une mer forte…
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