Ainsi donc, c’est raté. La Nouvelle-Calédonie (Kanaky) ne sera pas indépendante. Pour le moment en tout cas. Encore la population locale peut-elle se féliciter d’être consultée par référendum, ce que beaucoup d’habitants de la métropole aimeraient pour de nombreuses questions, notamment sociétales, qui concernent leur quotidien.
Il faut toutefois souligner que 43,6 % des votants l’ont fait en faveur de l’indépendance, contre 56,4 % contre l’indépendance. Géographiquement, c’est toutefois très clair : toutes les petites îles veulent leur indépendance. Et sur l’île de Grande Terre, il n’y a que le sud-Ouest de l’île, celle où se trouvent le plus de Blancs, et la zone la plus riche qui veut le maintien dans la métropole.
Pour rappel, la population de la Nouvelle-Calédonie était estimée à 265 639 habitants en 2012, dont 40 % de Mélanésiens, 29 % d’Européens, 8-9 % de Wallisiens et de Futuniens, plus de 3 % d’Asiatiques (Indonésiens, Vietnamiens, Chinois et Japonais). Le reste de la population est composé de diverses ethnies, dont des Tahitiens et des Vanuatais. Regroupées, les autres communautés identifiées représentent 7,3 % de la population totale : Tahitiens (2,0 %), Indonésiens (1,6 %), Vietnamiens (1,0 %), Vanuatais ou Ni-Vanuatu (0,9 %), autres Asiatiques (0,8 %) et autres ethnies (1,0 %).
En métropole, c’est l’euphorie chez les principaux partis politiques, indécrottables jacobins, Rassemblement national en tête : « Par cette refondation souveraine issue des urnes, les Calédoniens ont clairement exprimé un choix en faveur d’un avenir français ! » explique Marine Le Pen.
« On pense encore à toi oh bwana » chantait Michel Sardou dans « le temps béni des colonies ». On sent chez la classe politique en France que ce refrain est encore dans toutes les têtes, à l’heure où pourtant, à des milliers de kilomètres des préoccupations de la métropole, certains cherchent encore absolument à maintenir dans le giron de la France ce qui n’a pourtant culturellement, ethniquement, identitaire rien de France.
Visiblement, le retour de bâton de la colonisation, que nous subissons de plein fouet aujourd’hui à travers la mise en marche de millions d’individus vers l’Europe, n’a pas servi de leçon. Non, la représentante de la seule force « populiste » en France s’obstine à faire d’une priorité ses « compatriotes d’outre-mer » comme son père avant elle. Chassez le naturel, il revient au galop. La défense de la Nouvelle-Calédonie, comme la défense de Mayotte, département français, une des portes d’entrée principale de l’immigration africaine que nous connaissons aujourd’hui en France.
« Mais ce sont nos compatriotes », disent-ils en cœur, pensant encore sans doute à ces « épopées coloniales » à cet Empire français, tellement puissant encore aujourd’hui que la sécurité des citoyens est de moins en moins assurée dans une large partie des métropoles de l’hexagone. Fin de la discussion.
Mais qu’on largue ces anciennes colonies, bon sang ! Qu’on laisse ces peuples disposer d’eux-mêmes, par eux-mêmes, et pour eux mêmes.
Et puis à quoi nous servira encore d’envoyer des fusées dans l’espace depuis la Guyane si nos enfants ne sont plus certains de rentrer vivants après une soirée passée dans les rues de Nantes ou de Paris ?
Qu’on en finisse avec ce qui est en train de nous tuer, de nous dissoudre aujourd’hui. Cette « vocation mondiale » de la France, et de la francophonie, cet universalisme qui devient de plus en plus insupportable et invivable quand on nous impose en plus aujourd’hui de l’appliquer devant notre porte.
Heureusement, ce référendum ne sonne pas le glas de l’indépendance du peuple kanak. Comme le prévoient les accords de Nouméa de 1998, un deuxième référendum doit être organisé si le tiers des membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui doit être renouvelé en mai 2019, le souhaite. Eu égard de l’énorme percée indépendantiste, et du renouvellement à venir du congrès, il est presque certain qu’il aura lieu dans les prochaines années.
Avec une issue qui, il faut l’espérer, conduira la Nouvelle-Calédonie à se séparer de la France, comme devraient d’ailleurs le faire tous les départements d’outre-mer et les territoires d’outre-mer, territoires héritiers d’un passé qui aujourd’hui nous explose en plein visage, dans nos rues, dans nos quartiers, et cela dans toute l’Europe de l’Ouest.
Vive la Kanaky libre !
Julien Dir
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