À Quimper, c’est bien une hausse de l’insécurité qui se confirme : l’été et la rentrée ont été agités, comme nous vous le rapportions ici, et la soirée d’Halloween a montré une nouvelle fois que l’insécurité a fortement progressé dans la cité, traditionnellement tranquille, de Cornouaille. Mais cette fois, ce qui inquiète est la réaction des élus et du Préfet de Quimper.
Kermoysan : un problème avec Halloween
Incendies, feux de poubelles, plusieurs interventions des brigades de pompiers, devanture de bar et abris bus attaqués : la soirée promettait d’être plus chaude que les années précédentes dans le quartier de Kermoysan, une partie de la population ayant visiblement un problème avec cette fête celtique du 1er novembre.
Le 31 octobre est aussi la date d’un autre événement Quimpérois, le Kunt, le Kemper Urban Noz Trail, une course lancée à 20H, courue dans l’obscurité à travers Quimper sur plus de 15 km. Des heurts entre plusieurs bandes et des bénévoles du Kunt surveillant le parcours dans sa traversée du quartier, qui a la particularité d’être boisé et perché sur une colline, ont dégénéré au point de faire intervenir la police nationale. Déjà dans un premier temps, une patrouille de police avait du faire face à un caillassage en règle contre une petite quarantaine d’habitants du quartier, aux abords du centre commercial, lieu de deal connu. Les échauffourées ont duré toute une partie de la nuit.
Evènement traditionnel, festif et sportif, Halloween 2018 a été marqué par une hausse des violences physiques et des dégradations matérielles, dans un contexte toujours plus inquiétant à Quimper. Il faut remonter aux tragiques évènements de 2005 pour retrouver une telle flambée de violence.
Le pilotage de la préfecture en question
Pour cette soirée d’Halloween, la préfecture s’était surtout signalée par l’interdiction de la manifestation du groupe local L214, militants antispécistes, qui voulait se joindre à la soirée en centre ville pour dénoncer le traitement infligé aux animaux dans les élevages et les abattoirs. Cette manifestation, intitulée « défilé macabre », avait donc été interdite par le Préfet, qui avait estimé que l’action de l’association pouvait entraîner des… troubles publics.
Coupable de ne pas avoir anticipé les réels troubles à l’ordre public de cette soirée, la préfecture a voulu, le 2 novembre, taper du poing sur la table : pour répondre aux incidents de Kermoysan , elle a décidé , par arrêté préfectoral, d’interdire sur la voie publique, « le transport et la consommation d’alcool », le long des Quais le week end du 3 novembre. Les Quais de l’Odet se situent pourtant loin de Kermoysan, en plein… centre ville.
Des élus dépassés
Du côté des élus politiques, nous avions quitté début octobre un Maire, Ludovic Jolivet, qui voulait, bien que tardivement, « montrer ses muscles ». Le résultat a été de tout autre ordre, et sa réponse publique « musclée », s’est finalement résumée par une publication Facebook, avouant avec des accents plaintifs le caractère inédit de la soirée Halloween, et dénonçant sans plus de précision « une minorité agressive et sournoise » agissant dans ce quartier.
L’adjointe de quartier, Valérie Lecerf Livet, également responsable de circonscription Les Républicains, s’est dite « atterrée » et en a profité pour remercier Ludovic Jolivet « pour ses actions menées sur le terrain ».
A gauche, plusieurs réactions, dont celle de l’ancien adjoint UDB Loïc Philippon, qui dénonce « l’inaction politique » actuelle, visant la municipalité, le « tout sécuritaire » et évoque une « récupération politique raciste et xénophobe », pointant un collage de stickers Génération Identitaire dans le quartier (on se demande bien quel est le rapport d’ailleurs…). Il ajoute également que « Kermoysan, ce n’est pas que cela, que ses jeunes, c’est aussi la réussite dans tous les domaines » appelant au « dialogue entre tous », et à ne pas mélanger dans les évènements d’Halloween, « les actions anti drogue avec la soirée d’Halloween » qui a dégénéré et qu’il jugeait « prévisible ».
La Conseillère Départementale Isabelle Assih, PS, annonce « ressentir inquiétude et colère » , prend rendez-vous pour des « Assises de la Sécurité » qu’elle propose afin de réunir « tous les acteurs concernés ». Dans son communiqué, elle fait référence à « un certain nombre de données, recueils d’informations préoccupantes en direction du Conseil Départemental, signalements au procureur, plaintes déposées, signalement d’incidents en milieu scolaire » et se demande « quelles sont les réponses apportées au quotidien » pointant son doigt sur la municipalité.
L’ancien Maire PS Bernard Poignant se fait un plaisir de s’inviter dans la ronde des communiqués et appuie la proposition d’Isabelle Assih : des Assises de la sécurité publique.
Une droite ( Macroniste ? ) dépassée bien qu’aux commandes, une gauche qui désire reprendre la main sur la sécurité, des observateurs inquiets pour Quimper « la Belle endormie », tous sont anxieux et les moulinets du Maire LR ne sont pas de nature à rassurer. La situation actuelle marque le réveil de Quimper, mais par la petite porte.
Yann Vallerie
Crédit photos : wikipedia (cc)
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