17 novembre 2018. Des blocages sont annoncés partout en France, pour protester contre la hausse du carburant, contre la baisse du niveau de vie, du pouvoir d’achat. Et si c’était le début d’une révolte – la France, et la Bretagne en particulier, en sont spécialistes – de la France périphérique contre la France des grandes métropoles urbaines, dominées par une classe bourgeoise qui vit (très) bien de la mondialisation ?
Car finalement, ce que le gouvernement – comme ceux qui l’ont précédé – met en place, au quotidien, c’est une politique lente d’abandon de la ruralité, cette ruralité qui nourrissait il y a encore peu tout le pays et qui se voit aujourd’hui parfois réduite à une séance de moquerie généralisée un lundi soir sur une chaine de télévision.
Pendant que les métropoles – on en a l’exemple en Bretagne de Nantes à Brest en passant par Rennes – vampirisent tout autour d’elles, selon le modèle très centralisateur et jacobin de la République française, les campagnes elles, sont abandonnées, sacrifiées.
Ici, une fermeture de maternité, et 45 minutes à faire pour certaines familles si elles veulent accoucher à l’hôpital. Là, des heures de route pour se faire soigner par un spécialiste, ou pour consulter un éminent spécialiste. Les bobos des villes, eux, ont tout à portée de main.
On ferme ou on déplace les services hospitaliers. Et dans le même temps on coupe les budgets, ce qui fait que les infirmiers, les aides-soignants, les brancardiers, les ambulanciers, sont sous payés, exploités, surmenés, et qu’ils travaillent à la chaine là où ils devraient rendre un service public. Résultat : un service de santé qui se décompose, des tâches mal accomplies, des personnels qui n’en peuvent plus, et un public qui prend de plus en plus le monde médical et hospitalier pour un droit universel, en toutes circonstances, puisqu’on ne lui demande rien et que tout est gratuit….
Et puis, après avoir vanté durant des décennies les mérites de l’agriculture intensive, après avoir fait s’endetter des générations entières d’agriculteurs, après avoir imposé la grande distribution et la malbouffe dans nos assiettes venus des quatre coins du monde, les mêmes, jamais responsables, jamais coupables, viennent leur expliquer qu’ils polluent, qu’ils assassinent la terre, qu’ils ne sont pas écolo, qu’ils doivent s’endetter de nouveau pour changer de modèle.
On imagine la rage de tout ce peuple de la ruralité, qui travaille, qui trime, qui crée, qui invente, qui s’entraide, qui se débrouille, quand il observe les bénéficiaires de la mondialisation et leur morale, ces ayatollahs de l’écologie qui taxent le gazole et l’essence tout en fermant les centrales nucléaires, histoire de rendre impossible de faire survivre énergiquement 70 millions d’habitants.
Imaginez la colère qui monte, lorsque des populations qui payent leurs impôts souvent élevés, leurs charges salariales ou patronales, leurs droits de succession y compris pour simplement transmettre un patrimoine familial ancestral, des populations à qui le moindre dérapage est interdit, voient que pour d’autres, en marge des métropoles, c’est la culture du pardon et de l’excuse qui prend systématiquement le dessus.
Il arrivera forcément un jour où tous les tranquillisants injectés en masse à la population via la télévision, les journaux ou les grands temples de la consommation, ne suffiront plus à apaiser un peuple que ceux d’en haut ont méprisé, insulté, volé, manipulé, calomnié depuis des décennies.
« Aujourd’hui, on vit côte à côte. Je crains que demain, on ne puisse vivre face à face ». Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, 3 octobre 2018.
Julien Dir
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