Si l’intégralité des ménages Français achetait demain une voiture électrique, le pays n’aurait pas, en raison de la fermeture des centrales nucléaires, les possibilités de leur permettre de rouler. Cela n’empêche pas une politique actuelle de matraquage fiscal de la part du gouvernement, qui fait du diesel et de l’essence, et donc des Français de la ruralité, les nouveaux pestiférés du pays.
Ainsi, la hausse de la fiscalité sur les carburants se poursuivra dès le 1er janvier 2019, avec une augmentation des taxes sur le diesel de 6,5 centimes et sur l’essence de 2,9 centimes par litre, selon les précisions données par l’exécutif dans le cadre du projet de loi de finances pour l’an prochain.
Installé à Matignon, au milieu d’une ville construite pour un mode de vie « bobo », Édouard Philippe explique vouloir rendre de moins en moins simple l’utilisation du fioul, du pétrole, en expliquant que la hausse du prix du carburant vient de 20 à 25% de décisions assumées par le gouvernement en matière fiscale. Pour les 70 à 75% restants, pas question, au nom de l’intérêt national avant tout, d’aller mettre le couteau sous la gorge aux pays producteurs de pétrole qui pratiquent un chantage et un racket qui, dans d’autres situations et avec des dirigeants plus courageux, aurait déclenché une action diplomatique plus énergique.
Une baisse des prix de l’essence et du diesel est possible
Avec une politique volontariste, baisser les prix de l’essence et du diesel serait possible – le gouvernement le sait parfaitement. Ainsi en 2012, en pleine explosion des prix des carburants, le gouvernement de l’époque avait baissé la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) pour compenser la hausse du prix du pétrole brut. Une baisse de 3 centimes de la TICPE durant trois mois, puis une pression sur les groupes pétroliers. Comment ce fait-il qu’en Espagne, le SP 95 coûte actuellement aux alentours de 1,32 euro et le diesel 1,29 euro ?
Jean Baptiste Giraud, dans Economie Matin, explique qu’il est possible d’aller encore plus loin : « Dans la réalité, les recettes fiscales tirées du carburant seront supérieures aux prévisions du Budget, au deuxième semestre 2018. Certes, l’Etat continue à emprunter des milliards pour boucler son budget, comme chaque année. Mais on ne répétera jamais assez que la solution à la réduction du déficit budgétaire ne passe pas par plus d’impôts, mais bien évidemment par moins de dépense publique. Encore faut-il avoir l’audace et le courage de prendre les mesures qui s’imposent.
Il y a par ailleurs mille et une manières différentes de compenser la hausse du pétrole brut, et l’impact sur le budget des ménages. Par exemple, pourquoi ne pas baisser la TICPE sur le fuel domestique, sachant que l’immense majorité des utilisateurs de chauffage au fuel sont installés en zone rurale, ou dans la banlieue des grandes villes, partout où le gaz de ville, plus économique, n’arrive pas ? Autre mesure évoquée par plusieurs parlementaires : instaurer un chèque carburant, que l’employeur pourrait offrir à ses salariés, en exonération totale de charges. Quant aux transporteurs, sans toucher à la fiscalité des carburants, ils sont soumis à bien d’autres taxes dont le taux pourrait être modulé provisoirement, sans renier l’idée même de la transition écologique. »
Vers un sévère bras de fer entre le peuple et ses dirigeants ?
Le gouvernement semble décidé dans tous les cas à passer en force, la ruralité l’intéressant moins que « les quartiers » et les métropoles, où la majorité de la population française s’entasse. Le 17 novembre, les manifestations et blocages annoncés partout en France pourrait toutefois permettre l’entame d’un sévère bras de fer entre le peuple et ses dirigeants, qui semblent déconnectés de ses préoccupations principales. Selon un sondage Odoxa-Dentsu consulting réalisé pour franceinfo et Le Figaro, 78% des Français trouvent « justifié » l’appel aux blocages des routes le 17 novembre pour protester contre la hausse du prix des carburants.
Yann Vallerie
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