Comment politiser une course/aventure sportive et populaire ? L’ONG SOS Méditerranée possède visiblement la bonne recette pour promouvoir son activité d’aide aux passeurs de migrants.
Ainsi, l’ONG est parvenue à faire se mobiliser plusieurs skippers qui vont prendre le départ de la Route du Rhum 2018, en faveur des migrants et de l’Aquarius, bateau déclaré illégal dans de nombreux pays car considéré par eux comme complice de trafics d’êtres humains. Ce dernier – qui allait au large des côtes africaines pour récupérer des migrants sous contrôle de passeurs esclavagistes et les ramener en Europe – est en effet désormais privé de pavillon et toujours à quai à Marseille.
L’assistance en mer est un devoir pour tout marin, pas l’aide au trafic d’êtres humains
L’assistance en mer est un devoir pour tout marin, tout comme l’assistance d’urgence sur terre est un devoir pour n’importe quelle personne formée au secourisme notamment. C’est un fait. Un fait qui ne signifie pas qu’il faille, comme l’Aquarius, prendre des personnes au large d’un continent et les transférer sur un autre continent. Il ne s’agit alors plus d’assistance, mais d’immigration organisée.
« Ils s’appellent François Gabart, Kito de Pavant, Alexia Barrier, Isabelle Joschke, Thibaut Vauchel-Camus, Romain Pilliard ou Luke Berry… Tous ces skippers ont décidé de soutenir l’Aquarius dans sa course contre la montre pour retourner en mer sauver des vies et porteront les couleurs de SOS MEDITERRANEE lors de la 11e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe dont le grand départ sera donné aux 123 marins participants ce 4 novembre à Saint-Malo en Bretagne.» explique l’ONG, qui se félicite du soutien et de l’engagement politique (sous couvert d’humanitaire) de ces skippers au long cours.
François Gabart, qui fera la course en catégorie Ultime, a même été le parrain de SOS Méditerranée. Dommage pour les spectateurs de toutes obédiences qui, par milliers, s’apprêtent à voir partir les skippers et qui sont, d’une certaine façon, pris en otage par ceux qui ont un message politique à faire passer.
Nous vous laissons découvrir ci-dessous les raisons de l’engagement de ces marins :
Kito de Pavant (Class40 Made in Midi) : « L’assistance aux personnes en danger en mer n’est pas un crime. Je suis sidéré que l’Aquarius ait été privé de pavillon sous des prétextes fallacieux et que le sauvetage en mer soit visiblement devenu un délit ! C’est un scandale que les États n’organisent pas eux-mêmes le sauvetage de ces personnes qui sont soumises aux caprices de la mer sur des coques de noix ! »
Alexia Barrier (IMOCA 4myplanet) : « L’Aquarius était le dernier navire venant en aide aux migrants en Méditerranée. Cette situation est inacceptable. C’est pour ça que j’ai choisi de soutenir l’Aquarius dès mon parcours de qualification sur la Méditerranée, la mer qui a bercé mes premiers souvenirs. Une mer que je refuse voir se transformer en cimetière sans rien faire ! »
Isabelle Joschke (IMOCA Monin) : « D’entendre les témoignages des marins de l’Aquarius me bouleverse. Demander que ce bateau retrouve un pavillon et puisse de nouveau organiser des opérations de sauvetage en Méditerranée est la moindre des choses que nous puissions faire. »
Luke Berry (Class40 Lamotte – Module Création) : « Avec Théo, marin sur l’Aquarius, on se connaît depuis longtemps. On a grandi dans la même rue. Quand il m’a parlé de ce regroupement, c’était une évidence que j’y participe. »
François Gabart (ULTIME MACIF) : « On a du mal à laisser les gens en détresse sur notre terrain de jeu. Je soutiens SOS Méditerranée depuis plusieurs années. L’assistance à personnes en danger est universelle, et est ancrée en nous, les marins. Aider à sauver des vies ne résout pas tout, mais si on peut déjà faire quelque chose, c’est déjà ça. »
Thibaut Vauchel-Camus (Multi50 Solidaires en Peloton – ARSEP) : « C’est profondément choquant de voir à quel point le fait de sauver des vies semble poser problème. Pour nous qui allons en mer avant tout pour notre plaisir, c’est un devoir de faire notre possible pour que ce bateau retrouve un pavillon et puisse de nouveau reprendre ses missions humanitaires. De savoir que l’Aquarius est traité de cette manière me scandalise. »
Romain Pilliard (Ultime Remate Use It Again) : « Ça fait plusieurs années qu’on essaye d’aider SOS MEDITERRANEE. On est tous à naviguer dans ces zones en Méditerranée et à quelques centaines de milles de nous, des personnes sont en train de mourir. Il y a toujours eu des migrations dans l’histoire des grands peuples, c’est une force pour un pays. On devrait être ouvert aux autres. Que la France ne soit pas leader dans ce domaine me paraît inconcevable. »
Jacques Valente (Class40 Destination Evian) : « Un grand merci pour ce que vous faites, chapeau bas. On ne devrait jamais laisser quelqu’un en détresse en mer, cette situation est folle. »
Manifestement, ces skippers n’ont pas lu les dernières déclarations de Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur jusqu’en octobre 2018, qui s’inquiète d’une possible sécession en France (et donc d’une guerre civile larvée) en raison notamment de l’immigration, incontrôlée. «Les gens ne veulent plus vivre ensemble», énonçait d’abord Gérard Collomb. «Quelle est la part de responsabilité de l’immigration ?», questionnait alors l’intervieweur. «Énorme», répondait le ministre sans détour, en ajoutant : «C’est pour ça qu’avec Emmanuel Macron, nous avons voulu changer la loi.»
Mais il est vrai qu’en mer, au large, loin de toute réalité humaine, on peut effectivement avoir de belles idées et de belles utopies…
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