La Vierge blanche de Brière, Pactum Salis : Romans policiers en Presqu’ile Guérandaise (automne 2018).

Comme chaque année, de nouveaux romans policiers apparaissent dans les librairies des villes bretonnes, avec une préférence certaine pour les stations balnéaires où affluent les touristes. Prenons l’exemple de la Presqu’ile Guérandaise. Cette année 2018, au moins trois romans policiers qui viennent de sortir se déroulent à Guérande, La Baule ou dans la Brière. Nous avons noté ces romans.

La Vierge blanche de Brière

Septembre 1774, dans les marais de Brière. Un coupeur de tourbe de l’île Pendille découvre, enfoui dans le sol, un grand coffre. S’emparant d’une pelle, il l’ouvre. Il contient deux cadavres : une femme blonde portant une couronne de fleurs et habillée d’une longue robe blanche, et un bébé emmailloté dans un linge blanc. La jeune femme porte au cou des traces de strangulation. Il s’agit d’Agnès Vince, une jeune femme de Saint-Joachim. Mais tout le monde la croyait partie, deux ans plus tôt, rejoindre sa mère à Anvers. Guillaume Fleury, commissaire principal à la sénéchaussée royale de Guérande, célèbre pour avoir résolu plusieurs affaires ardues, se voit confier l’affaire. C’est avec l’aide du sergent Étienne Moyon et du chapelain Alain Godet, deux Briérons de souche, que le commissaire résoudra cette enquête pleine de suspense, de mystère et de rebondissements.

La vierge blanche de Brière est la troisième enquête du commissaire Fleury en Brière, héros imaginé par Béatrice Verney. Cette romancière est venue s’installer à Batz-sur-Mer en 1982. Elle a travaillé pendant onze ans au Centre de Rééducation Fonctionnelle de Pen-Bron, à la Turballe. Puis elle a dirigé pendant onze autres années le Centre Saint Jean de Dieu du Croisic (établissement accueillant des adultes handicapés moteurs) jusqu’à son départ en retraite fin 2009. Après avoir publié des ouvrages historiques consacrés au Croisic, elle écrit maintenant des romans enracinés dans la presqu’ile guérandaise se déroulant au XVIII ème siècle.

Dans son premier roman (L’homme en habit de sel), Béatrice Verney créait une intrigue policière dans la presqu’île guérandaise du XVIIIe siècle, au coeur du commerce du sel. Son deuxième roman avait pour cadre les anciennes vignes de Guérande (Mort étrange dans les vignes de Guérande)

Dans son troisième roman historique, enraciné et bien écrit, Béatrice Verney décrit la Brière au XVIII ème siècle. Elle évoque les métiers des briérons, leur volonté de conserver une certaine indépendance ainsi que leur croyance.

Béatrice Verney nous immerge dans le quotidien de ces iliens. Les briérons, qui possédaient les marais, vivaient essentiellement de ses ressources. Cette immense étendue plate était leur mère nourricière. De nombreux briérons vivaient de la construction des chalands, bateaux typiques de la région.

Dans ce roman, il est aussi question du projet d’assèchement des marais de la Brière. Cette enquête policière se déroule en effet au début d’une rébellion des habitants de la Brière contre ce projet.

Si la religion chrétienne a depuis bien longtemps prospéré dans les marais, la sorcellerie n’a pas encore totalement disparu. Ainsi apparait parfois, au soir tombant sur la Brière, une Vierge blanche et lumineuse. Le prêtre de la Brière affirme ainsi que « nous ne pouvons ignorer les croyances populaires. Vous avez sans doute remarqué que les régions où elles sont le plus présentes sont aussi celles où la religion catholique est le plus fortement ancrée. La Bretagne en est un bel exemple. Si nous faisons abstraction de ces superstitions, nous perdrions nos fidèles et leur confiance. Il faut savoir composer avec ce qui nous entoure. Et puis, Dieu peut bien accepter quelques petits arrangements, pas vrai ? » (p. 172).

On regrettera seulement que Béatrice Verney s’écarte parfois de l’enquête policière, comme par exemple lorsqu’elle nous fait visiter Londres à l’occasion du mariage du commissaire. Mais sa plume est toujours aussi agréable.

L’ouvrage s’achève par un lexique des termes régionaux et une note sur les personnages ayant réellement existé.

C’est le meilleur roman de l’année en Presqu’ile Guérandaise.

La vierge blanche de Brière. 272 pages. 20 euros, Editions La Geste.

Pactum Salis

Olivier Bourdeaut est un écrivain né à Nantes en 1980[][]. Son premier roman En attendant Bojangles, paru en 2016, énorme succès auprès du public,[, ]est récompensé par le prix France Culture-Télérama, le grand prix RTL-Lire, le prix Emmanuel-Roblès, et le prix Roman France Télévisions. Après un tel succès, Olivier Bourdeaut se remet à l’ouvrage. Il semble s’inspirer de sa jeunesse pour imaginer ses deux personnages principaux car, comme l’un ou l’autre, il a été agent immobilier et paludier.

Dans Pactum Salis, il imagine la rencontre invraisemblable, en plein été, entre Michel, un agent immobilier nantais en pleine réussite professionnelle et Jean, un paludier guérandais. Le premier collectionne les signes extérieurs de la réussite (Porsche, belles montres, mocassins luxueux…) et loge au palace l’Hermitage à La Baule après ses virées en boîtes de nuit. Le second a quitté la vie parisienne pour se ressourcer dans les marais salants de Guérande, déconnecté de l’époque moderne, réalisant selon son souhait un travail physique éreintant et peu rentable. L’un se couche quand l’autre se lève, de sorte qu’ils n’ont que peu de chances de se rencontrer. Pourtant, un soir de cuite, la Porsche rouge de Michel tombe dans un œillet cultivé par Jean, lequel furieux tente de lui asséner un coup de pelle ! Ils vont passer une semaine à tenter de sapprivoiser et même parfois sympathiser. Mais l’on devine que l’un d’eux est le cadavre que, dès le début du roman, l’on découvre dans les marais salants…

La lecture de Pactum Salis déçoit car on espérait une œuvre de meilleure qualité de la part de l’auteur de « Bojangles ». On regrette des personnages peu attachants, des scènes invraisemblables, du sexe racoleur (dans une boîte de nuit) et un style parfois grandiloquent. Mais certaines attaques contre notre société sont réjouissantes : « on détruit des églises et on construit des ronds-points «  (p. 36), « les écologistes des hauts-plateaux télévisés… montent polluer l’air dans leurs hélicoptères comme on monte en chaire, pour expliquer aux foules pécheresses qu’elles ont saccagé la planète » (p. 124). Par rapport aux simples polars de plage, ce roman présente également l’intérêt d’offrir une description juste du métier de paludier.

Pactum Salis, 256 pages. 18,50 euros. Editions Finitude.

Vol 744 pour Le Pouliguen

11 septembre 1992 : un petit avion privé Cessna 340, en provenance de Zurich via Paris, se crashe dans la forêt bordant l’aérodrome de la Côte d’Amour, à La Baule-Escoublac. Selon le plan de vol, trois passagers avaient pris place à bord. Parmi eux, le grand couturier Aldo Palmavira et son photographe attitré, venus au Pouliguen réaliser l’album de la prochaine collection de printemps. En raison de la notoriété du couturier, le ministre demande au commissaire Anconi, d’origine marseillaise mais officiant à Paris, de mener son enquête. Il s’agit surtout de « ne pas faire de vague ». Le commissaire Anconi se rend à Pornichet pour seconder le commissaire Martineau, collègue baulois. Il découvre alors que le couturier n’était pas dans l’avion. Avait-il été préalablement enlevé ?

Le romancier Rémi Devallière, ancien médecin hospitalier à Saint-Nazaire, continue ainsi, chaque année, d’écrire un ou même deux polars dont l’action se situe dans la Presqu’ile Guérandaise (L’esprit d’Hoëdic, Calculs sévères à St-Nazaire, Sacré Bidule à Pornichet, « Pari » au mois d’août, Piriac et son caillou mystérieux).

Le commissaire Anconi, toujours aussi attachant, recherche cette fois ses suspects dans l’extrême-droite autrichienne ou les anciens de l’Algérie française. Tout cela reste très convenu et manque d’originalité… Mais le rythme, comme chacun des romans policiers de Rémi Devallière, est soutenu.

Vol 744 pour Le Pouliguen. 269 pages. 10,50 euros, Editions Alain Bargain.

Kristol Séhec.

Crédit photo : DR
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