Transporter du cacao et du café à bord d’un voilier-cargo en 2018 ? Le pari de l’entreprise Grain de Sail a de quoi surprendre. Mais mérite que l’on y regarde de plus près.
Grain de Sail, un succès original
Si l’originalité est devenu un facteur différenciant primordial en marketing, la marque Grain de Sail a visiblement bien assimilé la chose. La société a vu le jour en 2013 sous l’impulsion de ses deux fondateurs Olivier Barreau et François Liron.
Parmi leurs idées de départ, il était tout d’abord question de développer dans le Finistère une activité de production de café et de chocolat dont les matières premières seraient transportées, depuis la zone Caraïbes vers la Bretagne, par un voilier-cargo conçu spécialement pour cette activité. Les projets se réaliseront finalement un par un, le temps de réunir les moyens nécessaires. La torréfaction de café débutera en 2013 au pied de l’écluse à Morlaix.
Puis, en 2015, ce sera au tour de la chocolaterie de devenir opérationnelle. Le succès est alors au rendez-vous et Grain de Sail se fait rapidement un nom dans les commerces alimentaires bretons. Y compris au sein des grandes et moyennes surfaces. De 150 points de vente en mars 2017, Grain de Sail en compte désormais 350 répartis sur les cinq départements bretons. De quoi aborder sereinement le rêve ultime des fondateurs de l’entreprise : la construction d’un voilier-cargo.
Un chantier naval de Loire-Atlantique
Ce voilier-cargo de 72 pieds avec deux mâts en aluminium va être construit par le chantier naval Alumarine Shipyard, basé à Couëron, en Loire-Atlantique. Après six mois de négociations, le contrat a été signé le 25 octobre. Les travaux, d’un montant de moins d’un million d’euros, devraient durer 12 mois et la première traversée transatlantique est prévue pour l’automne 2019.
L’objectif de ce navire sera d’effectuer deux livraisons annuelles de 35 tonnes de matières premières. La société Grain de Sail a donc créé l’armement maritime « Grain de Sail Shipping » afin de pouvoir exploiter son voilier-cargo. Le premier d’une possible longue série pusique l’entreprise prévoit à l’avenir de construire d’autres unités de tailles croissantes au fur et à mesure de son développement. Cet armement va ainsi assurer les prestations de transport maritime pour le compte exclusif de la société de transformation des produits (cafés et chocolats).
Environnement et économies
Ce projet de voilier-cargo a notamment été motivé par la volonté de Grain de Sail de maîtriser ses approvisionnements à la source. Une relation directe avec les producteurs locaux qui s’inscrit aussi dans une démarche de respect de l’environnement, un point sur lequel les consommateurs sont devenus particulièrement sensibles.
Si le navire reviendra les cales pleines de matières premières, il ne quittera pas la Bretagne à vide pour autant et exportera aussi différents produits français, notamment du vin (rouge, blanc et rosé), des effervescents ainsi que des alcools, vers New York. L’entreprise proposera ces produits aux cavistes et restaurateurs New Yorkais. Les premiers contacts sont déjà établis outre Atlantique. Ensuite, le navire fera route au Sud vers l’Amérique centrale et les Caraïbes pour y charger des cafés verts et du cacao. Une escale aux Açores est également prévue pour y récupérer des épices avant un retour au Pays, à Morlaix.
Côté prix de vente, les amateurs des produits de Grains de Sail doivent s’attendre à un surcoût d’une petite dizaine de centimes de plus par tablette de chocolat et environ vingt centimes pour un paquet de 250 grammes de café avec ce nouveau mode de transport beaucoup moins néfaste pour l’environnement. Une majoration raisonnable au regard de ce beau coup de communication.
Crédit photo : Pixabay (CC0/Engyn_Akyurt)
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