À Guidel, lors de l’université du MoDem, Jean-Yves Le Drian a « lancé un appel au rassemblement des sociaux-démocrates et des démocrates-chrétiens, un combat qui l’anime depuis son engagement aux côtés de Jacques Delors, lorsqu’il fonda les transcourants au sein du PS », d’après Hubert Coudurier ( Le Télégramme, lundi 24 septembre 2018).
Tout le monde sait que le ministre des Affaires étrangères ne perd pas de vue la Bretagne. Il suffit d’un prétexte pour que Le Drian débarque ici ou là ; ça peut aller de l’inauguration de la plus longue ligne électrique souterraine de France à Mûr-de-Bretagne en janvier, à l’intronisation dans la confrérie du coco de Paimpol cet été. Mais il y a plus important, « Jean-Yves Le Drian multiplie, depuis quelques semaines, les contacts. Objectif : créer une formation régionale baptisée « les progressistes de Bretagne ». » (Le Télégramme, samedi 29 septembre 2018).
Arbitrer les investitures aux municipales et aux régionales
« Derrière cette bannière, des macronistes, bien sûr. Mais aussi des socialistes bien décidés, cette fois-ci, à ne pas rater le train en marche, des régionalistes, des UDI, des communistes, quelques UDB, des écologistes et puis des personnalités de la société civile. Sa mission : arbitrer les investitures aux municipales et aux régionales. Ce que confirme le député LREM et conseiller régional, Paul Molac, qui admet échanger, de temps en temps, avec Jean-Yves Le Drian. « C’est une forme de pensée, un laboratoire d’idées. Car la question principale est celle d’avoir un programme, avec des propositions sur la régionalisation, avec une autonomie fiscale, règlementaire… » » (Le Télégramme, samedi 29 septembre 2018).
Deux questions se posent immédiatement. Richard Ferrand (LREL), député de Carhaix et président de l’Assemblée nationale – donc homme important de la macronie – a-t-il l’intention de donner sa bénédiction à l’opération que tente Le Drian ? Ce qui reviendrait à reconnaître que le duc de Bretagne s’appelle bien Le Drian et que lui, Ferrand, n’est qu’un vassal. Or, il paraît que les relations entre les deux hommes sont « exécrables » (Le Télégramme, samedi 29 septembre 2018). Mais on a le droit également de s’interroger sur la signification du terme « progressiste ».
Que signifie le terme de « progressisme »?
Car, si Emmanuel Macron et ses partisans l’utilisent à tout-va, ils se gardent bien d’en indiquer la signification. Seul Jean-Claude Michéa, dans ses ouvrages, s’est penché sur la question. Évidemment ses réponses ne conviennent pas forcément aux femmes et aux hommes qui se situent « à gauche ».
« Si le véritable « progressiste » est d’abord celui qui exhorte tous les peuples de la Terre à faire de leur passé « table rase » et à en finir avec toutes les survivances du « vieux monde », alors il devrait être clair, en effet, que nul n’est mieux armé pour accomplir une telle tâche historique que le système capitaliste lui-même. » (Le loup dans la bergerie, Climats).
Michéa voit également dans « la croyance progressiste – ou de gauche » la reconnaissance « d’un mouvement historique providentiel – et irréversible – qui ouvrirait peu à peu au genre humain toutes les portes de l’Avenir radieux » (Les Mystères de la gauche, Climats). Selon « l’idée progressiste (…) tout pas en avant constitue toujours un pas dans la bonne direction. Contester un tel dogme reviendrait, en effet, à admettre que, sur un certain nombre de points, c’était mieux avant, proposition que tout intellectuel de gauche, au sens contemporain du terme, se doit de répéter » (Notre ennemi le Capital, Climats).
On peut en conclure que tout « progressiste un tant soit peu cohérent » se doit d’être « intimement convaincu qu’avant c’était forcément pire dans tous les domaines » (Les Mystères de la gauche, Climats).
Évidemment on peut reprocher à Michéa de se cantonner dans les sphères de la philosophie. Le géographe Jacques Lévy, lui, se rapproche du terrain politiquer : « On ne peut être progressiste si on ne reconnaît pas le fait urbain et la disparition des sociétés rurales » (Libération, lundi 15 octobre 2018)
Très modestement, Breizh-info vient d’aider Jean-Yves Le Drian à y voir un peu plus clair dans sa pensée « progressiste » (?!). De quoi aurait-il l’air s’il n’était pas capable d’expliquer à ses contacts « de droite » et « de gauche » en quoi consiste le « progressisme » ?
B. Morvan
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