Presque partout, les chauffeurs de bus sont difficiles à recruter. Ce n’est pas seulement une question d’amplitude, de responsabilités ou de salaires. Les chauffeurs de bus sont toujours sur les routes, dont l’état se dégrade. Ils côtoient d’autres usagers de la route, dont le comportement est de plus en plus dangereux. Le récent abaissement de la vitesse à 80 km/h par le gouvernement n’a rien changé et même raté sa cible comme prévu.
A Nantes, le soir, quand on prend le Chronobus C3 du rond-point des Châtaigniers vers le centre-ville, c’est rare de ne pas voir trois, voire quatre automobilistes faire une queue de poisson après avoir dépassé le bus, notamment avant la partie étroite de la rue Littré ou un rond-point. Idem sur le C1 avant la rue Gutenberg dans sa partie étroite (Chantenay), où il y a une priorité dans le sens montant.
« La nuit, il faut vraiment faire attention », lâche un chauffeur de bus. « Certes, il y a moins de circulation en ville, mais plus de bazar. Pas seulement la violence, mais aussi les livreurs à vélo qui font n’importe quoi, les conducteurs alcoolisés ou ceux qui ne font pas attention, ceux qui veulent rouler vite et ne pas se traîner derrière un bus ». De jour, un autre de ses collègues pointe « le portable. Ce n’est pas la vitesse qui pose problème, ce sont les gens qui sont vissés à leur portable et qui ne font pas attention à ce qui se passe autour d’eux – et il y en a plein ».
A la campagne, outre les conducteurs dangereux, c’est surtout l’état des routes qui inquiète les chauffeurs. Par exemple sur la ligne 71, qui emprunte la RD42 depuis la route de Fay à Héric (RD16) à l’Arche du Fouan, le seul carrefour routier du nord du département établi sur deux ponts, jusqu’à Orvault-Morlière, en passant par Notre-Dame des Landes, la Pâquelais et le bourg d’Orvault.
« C’est une route qui passe à travers la ZAD [entre l’Épine au nord et la Boissière au sud], mais curieusement elle est plutôt en bon état sur la ZAD elle-même », relève un riverain. « En revanche avant et après, c’est la catastrophe », complète un chauffeur de bus. « Elle est bombée, elle s’affaisse sur les côtés, à l’Épine notamment, de l’autre côté, entre la Boissière et la Pâquelais, enfin du moins le carrefour du Bois Rignoux [RD281] elle passe dans un bois, on ne voit rien, l’hiver y a du verglas, on doit rouler quasiment au milieu. Une roue sur le bord et on plante le car ».
En allant vers Orvault, l’état de la route ne s’améliore pas. « A Orvault, sur la côte qui monte à la chapelle des Anges, ils ont fait des plateaux surélevés. Résultat la route est dans un état catastrophique entre les plateaux. Entre la Pâquelais et Orvault, c’est pareil, la route n’est plus plane du tout ».
Le problème n’est pas limité à la RD42. Entre Bouvron et Guenrouët, la RD 102 est aussi en très mauvais état, tout comme plusieurs portions de la RN 171 entre Savenay et Montoir, la RD3 à l’entrée de Savenay, et sud Loire la RD31 de la Remaudière au carrefour de la route Le Loroux – Landemont (RD115), dont le goudron est complètement dégradé. Nous les avons indiquées sur une carte.
Nous invitons nos lecteurs de bien vouloir nous signaler les autres tronçons de routes départementales dégradés.
« On roule sur des routes dont l’état est de pire en pire, l’entretien de plus en plus défaillant », relève un chauffeur de bus, qui se « demande où va l’argent des impôts, qui eux ne baissent pas, bien au contraire. Le gravillonnage est une solution quatre fois moins cher que le bitume pour réparer les routes. Il est donc largement utilisé par les collectivités locales. Mais il est considéré par les chauffeurs de bus comme « une fausse bonne idée ; la route se dégrade quand même et en plus on a les gravillons ».
Ceux-ci émettent un dernier – et gros – reproche aux aménageurs et décideurs : « ce serait bien qu’on soit consulté, comme les autres usagers de la route, quand il y a des travaux. Nous on roule, on a l’expérience. Quand on voit certaines chicanes, certains ronds-points, on se dit ce n’est pas possible, l’aménageur n’a jamais pensé ni aux bus, ni aux camions, ni parfois aux voitures. C’est comme avec les abribus dont le remplacement n’en finit plus à Nantes [il en reste encore plusieurs dizaines à remplacer, alors que ça devait être fini à la fin de l’année dernière], on se retrouve avec des abribus où le nom est écrit sur le côté, mais pas devant – pas pratique pour les clients –, d’autres où le poteau qui indique le prochain bus est à dix mètres, d’autres où on n’a pas le trottoir adapté pour les personnes à mobilité réduite, c’est n’importe quoi ! ».
Louis-Benoît Greffe
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