Maire inamovible depuis plus de deux décennies, Yves Métaireau ne briguera pas un 5e mandat en 2020. Deux candidats se sont déjà déclarés, dont le sarkozyste Franck Louvrier, mais encore l’avocat d’affaires Jean-Yves Gontier.
Universitaire, il a enseigné aussi à Sciences Po Paris, en anglais en compagnie de Jean-François Copé, organise depuis janvier 2017 des conférences (les samedis baulois) et a lancé début 2018 une association, Pour la Baule, pour la baie, qui porte maintenant sa candidature. Nous l’avons interviewé.
Breizh Info : Jean-Yves Gontier, vous avez fait acte de candidature pour la mairie de la Baule ; certains vous accusent déjà de bluffer, comme le marchand de champagne Da Gloria en 2013-2014, qui a fini par disparaître du débat local ainsi que sa société.
Jean-Yves Gontier : Je ne bluffe pas du tout, je suis candidat pour les municipales de 2020. C’est une évidence que je me présente, j’ai des racines familiales à la Baule.
Breizh Info : quel a été votre carrière ?
Jean-Yves Gontier : Je suis avocat d’affaires, responsable pédagogique à Sciences Po où j’ai été maître de conférences de 2006 à 2015, responsable pédagogique de 2010 à 2015 en droit public et ancien élève de Sciences Po en droit des affaires public. Depuis 2015 je ne suis plus à Sciences Po mais toujours universitaire, je suis rattaché maintenant à Paris-Saclay, en recherche où je termine une thèse sur la diplomatie du droit. J’enseigne aussi à l’université de Columbia à New York, je donne des conférences à l’Université de Bretagne sud et l’IRCOM d’Angers. Pour moi, la théorie est indissociable de la pratique, je suis donc aussi avocat « of counsel », de plein exercice, au barreau de Paris. Je conseille ainsi des ministères, des états, des gouvernements en Afrique du Nord [et l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade qu’il a fait intervenir à Sciences Po en 2016], des ministères, des collectivités publiques.
Breizh Info : et vous êtes aussi franco-canadien ?
Jean-Yves Gontier : Je suis français. Mon père est arrivé à la Baule car il était atteint de tuberculose pulmonaire, mes grands-parents se sont vus conseillés par les médecins de s’installer en bord de mer. Puis il s’est expatrié quinze ans comme prof de médecine à Montréal. Je suis né au Canada et je vis à La Baule depuis mes trois ans.
Breizh Info : L’on dit à La Baule que vous avez postulé au poste de directeur de communication de la mairie.
Jean-Yves Gontier : la com’, ce n’est pas mon métier. Je m’attends à beaucoup de bêtises au sujet de ma candidature ; je n’ai jamais postulé au poste de directeur de communication.
Breizh Info : quelles sont vos idées forces pour votre candidature à la Baule ?
Jean-Yves Gontier : J’ai une vision, un projet pour La Baule. Déjà, il faut qu’elle conserve le leadership de Cap Atlantique [la communauté de communes], je suis convaincu que toutes les communes de Cap Atlantique sont liées par un destin commun. Il faut aussi une vraie qualité de vie – notamment pour la sécurité, le commerce, l’habitat, l’intergénérationnel et la cohabitation harmonieuse des quartiers. Il faut aussi que La Baule entre de plain-pied dans le XXIe siècle, saisisse les opportunités de la mondialisation.
Breizh Info : en 2018, ce ne serait pas trop tôt. Cela dit La Baule organise des congrès, attire une clientèle internationale…
Jean-Yves Gontier : La France est la première destination touristique au monde, il y a un flux de touristes étrangers, et pourtant à La Baule beaucoup de commerces sont en souffrance.
Breizh Info : Il faudrait dire ça dans le Castelbriantais, ou le pays de Redon. A La Baule, on a l’impression que ça ne marche pas si mal que ça.
Jean-Yves Gontier : Prenez la galerie du Royal, les commerces ferment les uns après les autres. Toutes les boutiques sont en train de fermer, il y a une crise majeure, beaucoup d’autres sont en souffrance.
Breizh Info : pourquoi, à votre avis ?
Jean-Yves Gontier : J’en débattrai pendant ma campagne.
Breizh Info : quel sens donnez-vous à votre candidature ?
Jean-Yves Gontier : J’ai envie de saisir l’engagement qui existe chez les Baulois. Faire quelque chose d’utile. Je me suis décidé en 2017, mais pas pour être contre qui ou quoi que ce soit. Je suis un candidat du Pour, je veux bâtir un projet.
Breizh Info : quand vous parlez de la cohabitation entre quartiers baulois, que voulez-vous dire ?
Jean-Yves Gontier : Je n’aborderai le sujet que pendant ma campagne. Pour l’heure, avant la campagne officielle, je parle de ma vision, de mes valeurs, je rencontre les Baulois et les Bauloises. Je suis d’une modernité enracinée sur le terroir baulois.
Breizh Info : vous vous êtes déjà impliqué dans le débat avec vos samedis baulois, non ?
Jean-Yves Gontier : Les samedis baulois, ce sont des conférences d’un bon niveau, mais je me suis aussi impliqué à travers les établissements scolaires, notamment au lycée Grand Air et pour faire une prépa Sciences Po pour les lycéens de la Presqu’Ile. J’ai aussi coopéré bénévolement avec la mairie au sujet du maintien de la desserte du territoire par le TGV ; je me suis battu pour obtenir de la SNCF la garantie du maintien de cette desserte [dont la SNCF assure qu’ « aucune suppression n’a jamais été prévue » d’autant que le nombre de voyageurs est en hausse, et ce bien que la rumeur de suppression de la desserte revient régulièrement]
Breizh Info : quel est votre positionnement politique ?
Jean-Yves Gontier : Je suis clairement de droite, gaulliste, mais je fais avec tout le monde, je ne suis pas favorable à tout politiser au niveau local. Je suis pour un projet d’intérêt général, avec toutes les familles politiques lorsqu’elles sont respectueuses du pacte républicain. Je tends la main aux démocrates, aux LR, à la majorité présidentielle, aux centristes.
Breizh Info : donc pas aux autres ?
Jean-Yves Gontier : Vous remarquerez que je n’ai pas cité ni le RN, ni La France Insoumise.
Breizh Info : vous avez voté pour qui en 2017 ?
Jean-Yves Gontier : Evidemment, je n’ai pas voté pour Marine le Pen. Je suis profondément fâché, scandalisé que certains chez LR aient appelé à voter pour elle, j’ai évidemment voté Macron.
Breizh Info : au premier tour, jusqu’où avez-vous soutenu LR ?
Jean-Yves Gontier : Je me suis détaché au moment de l’affaire Fillon, je n’ai pas repris ma carte chez LR, je ne crois plus aux partis.
Breizh Info : où en êtes-vous dans la composition de votre liste ?
Jean-Yves Gontier : Quand on a commencé nous étions quatre. Nous avons créé une dynamique – il y a 400 personnes dans mon association dont un noyau dur de 70. Malgré les pressions, notamment de la part de Franck Louvrier, nous recevons des échos positifs de notre démarche au sein de la société civile bauloise. Je ne reculerai donc pas, je ne céderai pas.
Breizh Info : sur la côte, Batz-sur-Mer et Saint-Brévin vont accueillir des migrants africains expédiés par la mairie socialiste de Nantes. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Yves Gontier : C’est une question de fond à laquelle je répondrai pendant la campagne officielle, à partir de mars prochain. Pour l’instant, je ne donne pas ma position sur les questions locales ou d’actualité, je parle de mes valeurs.
Breizh Info : justement, vos valeurs sur les migrants ?
Jean-Yves Gontier : La question est de savoir si on les laisse mourir ou pas. J’ai des valeurs extrêmement fortes pour rassembler les Baulois au-delà des clivages politiques.
Breizh Info : vous avez fait une réunion publique au Guézy, la première. Quelle était l’affluence ?
Jean-Yves Gontier : J’ai eu plus de 200 personnes pour ma première réunion d’information. Mais ma priorité, ce n’est pas l’image et la com’, c’est le terrain pour rencontrer les gens. Je souhaite leur redonner la parole.
Breizh Info : et pour cela, vous allez donc distribuer un questionnaire. Quelles questions y seront posées ?
Jean-Yves Gontier : Il est en phase d’élaboration. Je leur demanderai ce qui marche et ce qui est améliorable, les points forts et les points faibles. Des questions simples mais non moins profondes. Je veux surtout écouter les besoins, leurs contraintes.
Breizh Info : quel bilan dressez-vous des années de gestion de la ville par Métaireau ?
Jean-Yves Gontier : C’est encore une question de fond pour un débat public avec mes concurrents. La Baule est à un tournant de son histoire : elle doit entrer dans le XXIe sans renier le passé. Quand je suis allé voir Olivier Guichard [baron du gaullisme, plusieurs fois ministre, maire de La Baule de 1971 à 1995, député de Loire-Atlantique pendant 30 ans, président des Pays de Loire de 1974 à 1988], à l’époque j’étais étudiant, je lui ai dit que je suis de La Baule. Il m’a répondu que La Baule, c’est un équilibre entre la mer et la terre, entre des résidents principaux et secondaires, entre des personnes très âgées et très jeunes. Tout est une question d’équilibre à trouver et à gérer. Cependant depuis 1995 la gestion de la ville est saine et les finances sont bonnes.
Breizh Info : que pensez-vous des candidats ?
Jean-Yves Gontier : Mon initiative publique n’est pas contre qui ou quoi que ce soit, je veux dépasser les clivages politiques.
Breizh Info : mais encore ?
Jean-Yves Gontier : Il n’y a que Franck Louvrier qui a déclaré sa candidature [et Xavier de Zuchowicz, général et ancien directeur de l’institut des hautes études de la défense nationale, IHEDN, puis ancien gouverneur militaire de Paris, adjoint au tourisme, qui s’active en coulisses]. L’un d’eux est au service d’un parti, et l’autre n’est pas forcément la force porteuse de l’avenir.
Breizh Info : parce que vous l’estimez trop âgé ?
Ne comptez pas sur moi pour taper sur les gens, je suis là pour servir La Baule. Je ne suis pas là pour faire de la politique, mais être proche des gens.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
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