Depuis le 23 mars dernier, la Chine et les États-Unis se livrent une guerre commerciale à grands renforts de déclarations polémiques et de barrières douanières. Loin du maelström politico-médiatique, ce bras de fer entre les deux premières puissances économiques mondiales se joue aussi de façon plus discrète sur le front monétaire.
D’abord générales, les velléités protectionnistes de Donald Trump se cristallisent aujourd’hui sur la Chine, à tel point que l’administration américaine n’écarte plus la possibilité de taxer la totalité des exportations chinoises, soit près de 500 milliards de dollars de biens. Une sanction bien supérieure à celle des premières taxations douanières sur l’acier et l’aluminium lancée par Donald Trump au nom de « l’America First ».
Dans ce choc des titans, Pékin accuse Washington d’avoir déclenché « la plus grande guerre commerciale de l’histoire ». Tous les moyens sont donc bons pour s’opposer aux mesures protectionnistes américaines y compris l’usage d’une arme plus discrète mais tout aussi efficace : l’arme monétaire. En effet, la Chine qui a répliqué avec la taxation de 60 milliards de dollars de biens américains , tout en jouant avec le cours de sa propre monnaie. A partir du 15 octobre, l’accès au crédit pour les particuliers et les entreprises sera plus aisé suite aux assouplissements de la Banque centrale chinoise (PBOC) en direction des établissements financiers. Une mesure qui va permettre d’injecter 750 milliards de yuans (94 milliards d’euros) de liquidités supplémentaires dans l’économie chinoise.
Une guerre qui touche aussi la France
La baisse du yuan de près de 10% face au dollar au cours des derniers mois a permis aux exportateurs chinois de compenser l’augmentation des taxes américaines. Faute d’accord entre les deux pays, les fluctuations de la « monnaie du peuple » face au « billet vert » devraient se poursuivre au moins jusqu’au G20 de Buenos Aires, prévu le 30 novembre prochain. Les dernières prévisions du FMI font état d’un ralentissement de la croissance des deux pays rivaux en 2019, à +2,5% pour les États-Unis (-0,2%) et +6,2% (-0,2%) pour la Chine. La France n’est d’ailleurs pas épargnée par le conflit avec des exportations en baisse et une croissance relativement faible de +1,6%.
L’économie repose en grande partie sur la confiance des agents économiques et sur la stabilité des cours monétaires, conditions nécessaires au bon développement des entreprises. Il est donc urgent de mettre un terme à cette guerre des taxes. Pour sortir de l’impasse, les experts en politique internationale envisagent un renforcement des relations commerciales entre la Chine et l’Europe. Affaire à suivre…
Par Sébastien OUM, Président de Ambriva, services et solutions de change
Crédit photo : Pixabay (cc)
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