Le film First Man sortira le 17 octobre prochain sur les écrans français. Dédié aux premiers pas de l’homme sur la lune en 1969, il nous permet de constater l’évolution du traitement de la conquête spatiale au cinéma…
Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong posait le pied sur la lune. Un petit pas pour l’homme, un bon de géant pour l’humanité… et pour le cinéma ! À partir du moment où les Américains ont lancé le processus de cette mission, quelques années plus tôt par le biais du président Kennedy, les voyages dans l’espace et la découverte de nouveaux environnements n’étaient plus une utopie mais un objectif. Le fantasme laissait place à la réflexion et à l’ambition.
Différents genres du 7ème art se sont attaqués au sujet, et, parmi les films produits, plusieurs ont à la fois marqué l’histoire du cinéma et inspiré les scientifiques.
Les histoires vraies ou inspirées de faits réels
Les débuts de la conquête spatiale furent une aventure extraordinaire, remplie d’exploits et de prouesses qui passionnent encore de nos jours. Dans les années 60, l’homme a gravi des obstacles estimés infranchissables depuis la nuit des temps, et ce avec un matériel électronique paraissant on ne peut plus désuet à l’heure de l’informatique et du tout-numérique.
Comme les grands événements de l’histoire de l’humanité et leurs protagonistes, la conquête spatiale et ses héros ont fait l’objet de biopics et autres films basés sur des faits réels. Les premiers vols dans l’espace, les premiers pas de l’homme sur la lune, les missions Apollo ou dans des stations orbitales inspirées par les stations MIR ou l’ISS, tout a été immortalisé.
Certains films ont connu plus de succès que d’autres pour différentes raisons.
L’étoffe des héros (1983), avec Sam Shepard et Ed Harris, présente les premiers astronautes américains, d’anciens pilotes de chasse franchissant une à une les étapes les menant dans l’espace. Apollo 13 (1995), doté d’un gros casting (Tom Hanks, Gary Sinise, Kevin Bacon et Ed Harris, encore lui !), nous plonge, lui, dans la désastreuse mission du même nom, lors de laquelle les trois astronautes ont bien failli perdre la vie. Les histoires dramatiques ont de beaux jours devant elles, y compris dans l’espace, et ce n’est pas Gravity (2013) qui contredira cela. Cette fois, ils sont deux à jouer avec la mort, cela se passe tout simplement à la limite de l’orbite terrestre, mais le tournage entièrement numérique lui offre une expérience visuelle immersive inédite. Résultat ? Sept oscars et des critiques dithyrambiques !
En 2016, Les Figures de l’ombre avait par ailleurs des allures de film de propagande en faveur des minorités puisqu’il présentait des mathématiciennes afro-américaines comme les cerveaux de la mission Apollo 11, celle du premier vol vers la lune. Leur impact est réel mais les autres composantes de la NASA ont sciemment été mises en retrait.
Le cinéma américain étant le plus développé et le plus riche, les histoires concernant ses ressortissants sont largement majoritaires, Youri Gagarine a tout de même eu droit à un film russe à gros budget en 2013, Gagarine : First in space, hélas pas très bien distribué en France. Nous n’oublions pas Solaris (1972), de Andreï Tarkovski, mais celui-ci aurait davantage sa place dans la rubrique suivante…
Les pionniers et avant-gardistes
Et si nous allions plus loin encore, dans d’immenses vaisseaux, afin, pourquoi pas, de découvrir de nouvelles planètes habitables ? Pourrait-on réussir ou nous brûlerions-nous les ailes ? Voilà certaines questions posées par des films d’anticipation dont 2001 : l’Odyssée de l’espace et Interstellar sont peut-être les plus beaux représentants. L’esthétique n’est pas un détail, et, à 46 ans d’intervalle, ces deux-là ont fait avec les moyens les plus poussés à disposition.
2001 traite principalement deux sujets, celui qui nous intéresse ici, le voyage spatial, avec un vol vers Jupiter saupoudré de questions existentielles sur l’origine de l’homme, et celui de l’intelligence artificielle et de ses risques, dont nous avions parlés il y a quelques mois.
Sorti en 1968, à quelques mois du premier pas de l’homme sur la lune, et donc en plein âge d’or de la conquête spatiale, 2001 : l’Odyssée de l’espace est la référence ultime en terme de science-fiction, faisant passer le genre dans une nouvelle dimension. Ce qui se passe dans les étoiles sera à jamais respecté des cinéphiles, et plus seulement cantonné au rôle de série B divertissante.
Son style et son rythme propres à Stanley Kubrick rebuteront les spectateurs habitués aux blockbusters modernes, mais, comme le premier Star Wars, sorti en 1977 et lui-même inspiré de 2001, le film impressionne par ses effets spéciaux à base de maquettes et d’astuces artistiques.
2001 ne manque pas de scènes « psychédéliques », son plus proche héritier pourrait donc bien être Interstellar (2014), qui, à l’image de son « grand frère », profite d’une quête aux confins de la galaxie pour faire s’interroger l’homme sur sa nature, ses limites, ses peurs, sa force et son intelligence.
Dans Interstellar, la solitude et l’éloignement ne freinent pas l’amour, un amour qui mène les astronautes à découvrir de nouveaux mondes aussi rudes que somptueux dans l’espoir de sauver l’humanité menacée, ou, plus modestement, leur famille. Quelle plus belle raison de se battre ?
https://www.youtube.com/watch?v=0oaxrBB0lYE
Un vaisseau circulaire pour un voyage lointain, des questions existentielles et une atmosphère parfois psychédélique, une bande originale sublime…Interstellar s’est inspiré de la recette de 2001 : l’Odyssée de l’espace à la grande joie des amoureux de science-fiction !
D’autres films nous proposent de suivre des expéditions lointaines, notamment Sunshine (2007) ou Life (2017), dans des genres variés (horreur, thriller…) mais toujours propices à développer l’imagination et l’esprit critique.
De la lune à Mars
Après la lune, Mars est devenue la cible des sociétés aérospatiales du monde entier, qu’elles soient américaines, chinoises, russes… Comment ne pas citer l’entreprise Space X du milliardaire Elon Musk, dont nous avons déjà évoqué les ambitions sur Breizh Info.
L’on comprend que les effets d’annonce sont plus nombreux que les avancées concrètes concernant la planète rouge, elles reviennent cependant régulièrement sur le tapis, et, naturellement, au cinéma.
Seul sur Mars avait marqué les esprits en 2015, dépeignant la mission catastrophique mais réaliste d’un astronaute isolé sur la planète, qui s’en sortait tant bien que mal en mettant au point des installations de survie, y compris un potager.
Ce sens du génie à la fois scientifique et aventurier n’est finalement qu’une version plus extrême de ce que font déjà les hommes et les femmes s’isolant dans la station spatiale internationale pendant des mois. L’on peut aussi les comparer aux pionniers qui autrefois allaient – en prenant de nombreux risques et sans avoir aucune garantie de succès – sillonner les mers afin d’explorer le monde !
Nul doute que ces films permettent une émulation, si le cinéma s’inspire des hommes, les hommes peuvent désormais s’inspirer du cinéma.
Ils permettent également de rappeler l’importance de l’esprit d’aventure chez l’homme, essentiellement les Européens et les Occidentaux.
Ses exploits et ses découvertes les plus incroyables ont pu avoir lieu grâce aux risques qu’il a pris, à son envie d’en savoir toujours plus sur le monde qui l’entoure. Les questions « terre à terre » ne l’intéressent pas, l’homme blanc veut que son héritage soit le plus majestueux possible, quitte à y laisser la vie, et ne peut se contenter de la médiocrité, il a fait sien l’un des messages délivrés par Interstellar : « L’homme est né sur Terre, rien ne l’oblige à y mourir ».
Alexandre Rivet
Crédit photo : DR
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