SOS Méditerranée, armateur du transporteur de migrants Aquarius, et Médecins sans frontières avaient appelé à de grandes manifestations de soutien dans toute la France ce samedi. Forts de l’exposition médiatique récente de l’Aquarius, renforcée le jour-même par une brève irruption de militants identitaires au siège de SOS Méditerranée, ils comptaient sur une « vague orange » ‑ couleur que les manifestants étaient invités à porter.
C’était pour eux le moyen de prouver leur audience dans le pays. Ils l’ont prouvée, mais pas dans le sens qu’ils espéraient : la « vague orange » n’a été qu’une faible vaguelette. Même à Marseille, où SOS Méditerranée a son siège et donc un réseau de relations et d’intérêts, la manifestation n’a pas réuni plus de 2 000 personnes (même si certains médias bienveillants ont poussé le compteur jusqu’à 3 500 !).
En Bretagne, une dizaine de manifestations seulement ont pu être organisées à Brest, Lannion, Lorient, Morlaix, Nantes, Quimper, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire. Au total, elles ont mobilisé probablement moins de 2 000 participants, d’une moyenne d’âge relativement élevée. Le rassemblement le plus important a été celui de Rennes. Sylvaine Saliou, de France 3 Bretagne y a vu « plus d’un millier de manifestants », mais la vidéo panoramique qui illustre son article n’en montre pas plus de 500. Le Télégramme, pour sa part, en a compté 800. La bienveillance des médias s’est aussi manifestée dans un comptage très surévalué à Brest, Quimper ou Saint-Nazaire.
Qu’allait faire Nantes après des mois de présence des migrants ?
Mais c’était surtout la manifestation nantaise qui devait servir de baromètre de la ferveur populaire envers les migrants. Ces derniers sont une présence familière pour les Nantais : des centaines de clandestins et de demandeurs d’asile mêlés ont campé pendant des mois en plein centre-ville, square Daviais, avant d’être dirigés vers des gymnases de la ville.
Leur présence avait suscité autour d’eux une mobilisation militante activement relayée par le quotidien Presse Océan dont l’un des collaborateurs, le dessinateur Éric Chalmel, alias Frap, a lancé une pétition « pour une politique d’accueil et d’asile des réfugiés digne de la France » en compagnie de Goulven Boudic, enseignant à la faculté de droit, et de Frédéric Vasse, ancien conseiller en communication de Jean-Marc Ayrault. De plus, la CGT, la FSU, Solidaires, la CFDT et l’UNSA avaient aussi appelé à la manifestation du 6 octobre.
Une abstention révélatrice des Nantais
Aussi la déception a-t-elle dû être grande pour les organisateurs de voir moins de 200 personnes assemblées au départ du cortège, et moins d’une centaine à son point de dispersion, devant la préfecture de Loire-Atlantique. Là aussi, Ouest France a voulu voir 400 personnes et Presse Océan 500 ! L’un comme l’autre ont cependant veillé à ne publier que des photos ne montrant que les deux ou trois premiers rangs de manifestants. Les forces de l’ordre n’ont pas été moins surprises : l’important dispositif mis en place autour de la préfecture et de l’hôtel de ville s’est avéré totalement disproportionné.
Il pleuvait, c’est vrai, mais la pluie n’a jamais arrêté les Nantais : les rues du centre-ville étaient bondées comme… comme un samedi. Pour les immigrationnistes, le désaveu de la population nantaise est d’autant plus cuisant qu’un rassemblement pour la sauvegarde des éléphants organisé un peu plus tard dans l’après-midi a rassemblé… 3 000 personnes.
E.F.