La CFDT de la SEMITAN n’a pas signé la lettre ouverte de la CGT aux élus socialistes de Nantes et aux pouvoirs publics pour alerter sur la délinquance dans le centre-ville et les violences quotidiennes que subissent les agents de la TAN. Mais le délégué CFDT, Gabriel Magner, a pu s’en rendre compte par lui-même puisqu’il l’a prise de plein fouet. En pleine tête. Samedi 29, un véhicule mal garé gênait la circulation de son bus à gare SNCF sud. Il est descendu, le conducteur a ouvert la portière un peu violemment et il l’a prise en pleine tête – sans gravité heureusement.
Son collègue agressé à la station Diderot ne peut pas en dire autant. La nuit, certains services de la ligne 2 vont jusqu’à Diderot, au cœur du château de Rezé, quartier multiethnique au sud de Nantes. Ainsi, cela permet d’exploiter les tramways qui rentrent au dépôt de la Trocardière. Vers 1h15 ce même samedi, il a annoncé le terminus. Un récalcitrant ne voulait pas descendre et a donné des coups. Résultat – plusieurs jours d’incapacité de travail pour le conducteur de tramway, toujours en arrêt ce lundi.
Agressions, vols et attouchements lors de la soirée Tonus du 27 septembre… et des autres
Un autre conducteur a encore été tabassé dans le courant de la semaine dernière – et lui était aussi encore en arrêt ce lundi. Et la soirée étudiante Tonus du 27 septembre dernier a été très agitée – tant et si bien que la CGT a déposé une alarme sociale au C.H.S.C.T le lendemain : « les membres du CHSCT déposent un droit d’alerte sur l’ensemble du réseau lors des soirées étudiantes qui sont extrêmement agitées. Ruades dans les véhicules, agressions et crachats sur les conducteurs, vols avec violence et attouchements sur la clientèle, tout cela dans un contexte très alcoolisé ».
Bigre ! Les élus du CHSCT réclament, « au vu des événements du 27 septembre 2018, une présence policière obligatoire lors de ces soirées festives soumises ou non à autorisation ». Et ce n’est pas tout. « La station Commerce présente toujours les mêmes risques considérables, avec les faits de vol, d’attouchements et d’autres agressions perpétrées lors de ces rassemblements incontrôlés ».
La SEMITAN dans le top 10 des réseaux les plus rentables de France… pas des 10 plus sûrs
Ces jours-ci encore a eu lieu le comité d’entreprise de la SEMITAN où le cabinet Syndex a présenté les résultats de l’entreprise, « efficients grâce à une tarification élevée et une fréquentation toujours en hausse. La SEMITAN fait partie des 10 premiers réseaux de France en terme de rentabilité », relève la CFDT, qui remarque aussi que « cette productivité effrénée conduit à la situation actuelle : arrêt maladie, burn-out, TMS, démissions, lassitude, stress … ».
Rappelons qu’en dix ans les prix du ticket ont augmenté de 31%, du carnet de moitié. Pas mal pour une ville qui se dit « socialiste » ! Néanmoins les facteurs économiques, politiques (hausse des prix des carburants, chasse aux voitures en ville…) et démographiques font leur travail : la fréquentation et l’offre kilométrique, déjà en hausse en 2017, continuent d’augmenter à la rentrée 2018.
« Les abonnements sont tous en hausse et la sollicitation [du numéro] Allo TAN aussi », indique la CFDT. « Beaucoup de lignes accusent une forte charge, des essais de renforts sont en cours pour essayer d’améliorer la situation », le tout avec un fort manque d’effectif et de la violence au quotidien : pas étonnant que ça finisse par coincer.
A ce propos, la direction a donné ses chiffres pour les embauches : 136 CDI signés au 27 septembre 2018, 101 conducteurs embauchés pour 49 départs – la CFDT ne précise pas s’il s’agit de départs en retraite ou de départs volontaires, dont la CGT-SEMITAN signalait très récemment la forte hausse –, 32 conducteur en attente d’embauche et 16 agents au DSR.
La CFDT met un bémol : « le ressenti sur le terrain est complètement différent des chiffres de la direction ». Pas tant que ça puisqu’un conducteur nous disait ces jours-ci que « pour être serein, il faudrait embaucher une grosse trentaine de conducteurs. Chaque arrêt maladie, les agressions, l’absentéisme, chaque agent manquant met les effectifs en tension ».
Stationnements illicites sur les voies du C3 à Malakoff : la CGT sonne l’alarme
Une autre alerte sociale a été déposée au CHSCT du 28 septembre par la CGT concernant des stationnements illicites rue d’Angleterre, au cœur du quartier multiethnique de Malakoff, sur la ligne C3 : « en direction d’Armor nous constatons sur le terre-plein du côté droit du couloir de bus des stationnements illicites à toutes heures [qui] obligent les bus à sortir de leur couloir, risquant un choc frontal avec les véhicules en contre-sens qui arrivent par la gauche du boulevard de Berlin dont la visibilité est quasi nulle ».
Dans l’autre sens, pas mieux : « sur la voie de circulation générale le long du couloir de bus, les véhicules stationnent pour se rendre dans les commerces des environs, perturbant ainsi la circulation. Tous dialogues avec les conducteurs en cause se sont révélés à risque ». Autrement dit ont manqué de finir en bagarre ou l’ont été vraiment.
Bref, le phénomène ne datant pas d’hier – il se répète à d’autres endroits de l’agglomération, par exemple au droit du kebab de la place Jean Macé à Chantenay (C1, 10) avec les mêmes causes et les mêmes conséquences fâcheuses, il semble que la direction de la SEMITAN ait comme un retard systématique à prendre en compte les problèmes récurrents du réseau.
Louis-Benoît Greffe
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