En mai dernier, lors de la réunion des délégués du personnel à la SEMITAN, la CFDT s’interrogeait au sujet de la disparition des journaux gratuits à disposition du personnel – la direction de la SEMITAN avait répondu qu’il s’agissait d’abonnements gratuits « supprimés par Presse-Océan et Ouest-France ». Cependant, en septembre, une autre réunion de délégués du personnel fait la lumière sur cette question : ces journaux « gratuits » coûtaient en réalité 10.000 € par an à la SEMITAN et donc au contribuable.
« La CFDT reconnaît qu’il y avait de l’exagération dans le nombre de sites et de quotidiens distribués, ce qui représentait entre 8.000 € et 10.000 € par an », indique le syndicat. Qui cherche cependant à sauver la baraque de la presse écrite mainstream : « pour un coût annuel compris entre 2.500 € et 3.000 € vous pouvez avoir Ouest France et Presse Océan dans 7 sites de l’entreprise. » Et de s’interroger : « Est-ce trop demander pour les finances de la Semitan ? ». Réponse ambigüe de la direction : « Non ». Pendant ce temps Breizh Info est toujours gratuit et librement accessible.
Étudiants conducteurs de tram : l’expérience sera renouvelée
La CFDT demande aussi quel est le bilan de l’expérience d’embauche d’étudiants pour conduire les tramways. Pour rappel, 8 étudiants ont été embauchés en mai, affectés sur la ligne 3 au dépôt de la Trocardière et eu un stage de 120 heures avant de s’asseoir au volant des tramways. La direction répond que « les objectifs sont atteints, cela sera renouvelé ». Les étudiants rouleront en priorité l’après-midi (14-22h) pour ne pas perturber l’affectation selon l’ancienneté.
A la CGT, la SEMITAN répond que « le retour d’expérience pour les étudiants a été très positif. Pas d’accidentologie », en revanche pour les retraités qui sont revenus en renfort cet été, « c’est plus compliqué ».
Manque d’effectifs, pannes : des problèmes en vrac cet été
La direction de la SEMITAN omet aussi de répondre aux questions liées aux dysfonctionnements de l’été. Et il y en a. En vrac, la CFDT indique qu’aucun jour de congé demandé le week-end n’a pu être accordé faute d’effectifs, il y avait « quelques jours isolés en semaine […] mais uniquement pour les conducteurs de bus ! », des bus et des tramways ont été régulièrement garés par manque d’effectif… et point d’orgue, le 3 septembre, avec 14 manquants au dépôt de Saint-Herblain, des « Chronobus [étaient] garés et [des] préparateurs de parc obligés à conduire ».
En outre, les affectations de conducteurs ont connu de nombreux problèmes, aggravés aussi par le passage en jour vert du service des tramways lors de la semaine 35 (27 août au 2 septembre), prévue en jours bleu sur le calendrier [service normal lors de l’année scolaire] La CFDT pointe aussi des problèmes avec l’intranet Résonance dans les dépôts de Saint-Herblain et du Cardo, des pannes récurrentes du téléphone au Cardo, un suivi d’aide à l’exploitation (SAE) hors service… La direction élude en accusant les travaux et l’intégration en retard des nouveaux embauchés, et refuse de répondre à la CGT pour les congés d’été faute de chiffres disponibles.
Les conducteurs désemparés face à la circulation chaotique
La CGT commence sa liste de questions à la réunion des délégués du personnel avec la question – grave – de la circulation de plus en plus difficile pour les bus et les tramways à cause de l’incivisme des usagers de la route à Nantes et dans l’agglomération. « Un conducteur de ligne 1 avec 16 ans d’ancienneté, discret, calme et professionnel pète un câble suite au comportement dangereux d’un deux-roues ».
Face à une circulation de plus en plus chaotique, les agents de la TAN se sentent désemparés et pas soutenus : « de nombreux usagers ne respectent plus le code de la route sans parler du respect des autres usagers, les conducteurs de la SEMITAN subissent ce type de comportement. Sans compter que cela déborde sur leur temps de repos, le stress augmente ; et nous ne voyons aucune réaction de la part de la municipalité, des services de police et de notre direction ». Qui élude « on fait comme on peut ».
Résultat, les conducteurs de bus se méfient des cyclistes, « notamment en bas de Talensac, aux abords des facs, à gare SNCF sud et aussi sur le cours des 50 Otages où c’est le n’importe quoi général avec cette piste cyclable au milieu. Les livreurs aussi ne respectent pas les feux, passent où ils peuvent, c’est très difficile de savoir s’ils sont dans les angles morts ou pas… ». Les tramways y sont aussi confrontés, notamment au feu rouge en bas de Bellamy, rarement respecté par les cyclistes – même si l’un d’eux a été très grièvement blessé en février 2017.
Mais aussi des voitures, « qui font des queues de poisson ou doublent les bus, de préférence à l’approche des ronds-points ». En soirée sur le C3, « ça peut arriver trois fois, quatre fois entre le rond-point des Châtaigniers et la rue du Calvaire, à chaque fois il faut anticiper pour éviter de piler net, la nuit surtout c’est fatigant et plus ça va, plus ça empire », confie un conducteur. D’autant que « le problème n’est pas que sur le C3, on le retrouve à Morlière, sur de nombreux ronds-points, dans le centre-ville etc. ».
Et en plus « quand on tape ou qu’on freine en urgence pour éviter de taper, on se fait remonter les bretelles qu’on soit en cause ou pas », se récrimine un autre conducteur. Justement, une question de la CGT à la réunion des délégués du personnel de septembre renvoie à ce problème : le 18 août, un conducteur de tramway de la ligne 1 a freiné en urgence pour éviter une voiture à la station Lauriers – à l’entrée de Bellevue. Un responsable est allé voir ce conducteur.
« Le problème : le conducteur mis en cause n’est pas le bon, puisque celui-ci se trouvait à Duchaffault [plus à l’est sur la même ligne 1] à la même heure. [Il] a pu prouver son « innocence » en consultant Résonance [l’intranet de la TAN]. L’erreur viendrait du PCC !!! La CGT s’étonne qu’on puisse commettre de telles erreurs et imputer des fautes à des personnes qui ne les ont pas commises ». La direction embarrassée élude en invoquant une « erreur de retranscription du matricule » de l’agent de conduite.
Ces usagers qui tentent d’avoir des indemnisations indues sur le dos des agents de la TAN
Parfois, ces conducteurs incivils et dangereux vont même plus loin. Dans les premiers jours de septembre, dans le rond-point de Talensac, un cycliste a tapé sur l’arrière d’un C2 sans chuter. Le conducteur est descendu vérifier si tout allait bien et après que le cycliste ait repris sa route, a signalé l’incident au PCC. « Maintenant, on le fait systématiquement, parce qu’il y en a qui disent que tout va bien et après écrivent à la TAN pour demander une indemnisation, puis ça nous retombe dessus ».
Le cas était encore arrivé quelques jours auparavant dans un bus, où « une dame avait chuté, le conducteur avait demandé si ça allait, personne ne lui avait répondu, puis elle a écrit à la TAN pour demander une assez grosse indemnisation ».
Les responsables de ligne en burn-out, la direction fait la sourde oreille
La CFDT attire l’attention de la direction suite aux problèmes croissants rencontrés par les responsables de ligne, en nombre visiblement insuffisant : « les agents de maitrise, principalement les RDL, ont une charge de travail trop importante qui les empêchent de parcourir « leurs lignes » à bord des bus et de s’apercevoir de certains dysfonctionnements sur certaines lignes (les annonces sonores des arrêts ne sont pas déclenchées au bon moment, parfois juste au passage devant l’arrêt, voire même après l’arrêt, le positionnement des arrêts sur la cartographie INEO n’est pas toujours exact…) » .
Et le syndicat d’avertir : « le manque de disponibilité des RDL va même jusqu’à ne pas pouvoir s’apercevoir que les schémas de ligne indiquent des arrêts qui ne sont plus desservis par la ligne. La CFDT vous demande de remédier à cela afin d’éviter un burn out des collègues RDL ». La direction répond que « la charge de travail n’est pas trop lourde », autrement dit circulez, il n’y a rien à voir. C’est peut-être aussi pour cela que la grève de la TAN ce 25 septembre a été particulièrement suivie…
Et les responsables de services sont aussi débordés
La CGT relève de son côté que « pour l’ensemble des dépôts, la CGT constate qu’il y a beaucoup de copier-coller dans les horaires, jusqu’à 5 ou 6 fois le même service pour certains collègues. N’y a-t-il pas moyen d’entrer un programme qui alerte les RCS [ceux qui élaborent les services] lorsque le service revient toujours sur la même personne ? ». Cette fois la direction avoue : « c’est dû à la surcharge de travail des RCS ». Qui avaient eux aussi une bonne raison de faire grève…
Louis-Benoît Greffe
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