Les localiers de Ouest-France ont besoin de vitamines

Pourquoi les journalistes du groupe Ouest-France n’ont-ils pas cherché le soutien de leurs lecteurs dans le conflit qui les oppose à la direction ? Avec une pétition sur Internet, ils auraient pu tenter de rameuter les gens. Or, rien de tout cela. Peut-être avaient-ils de solides raisons de s’abstenir de faire appel au public.

On peut fournir quelques raisons. Ainsi seulement 37% des Français font confiance (2% tout à fait et 35% plutôt) aux journalistes (Harris Interactive, Marianne, 25 mai 2013). À la question, « Croyez-vous que les journalistes sont indépendants ? » (C’est-à-dire résistent aux pressions de l’argent), 58% des sondés répondent non, 28% oui et 14% ne savent pas. Quant à la capacité supposée des journalistes à ne pas céder aux pressions politiques, pas moins de 64% des Français jugent qu’ils n’y résistent pas contre 27% qui leur font ce crédit (TNS Sofres, La Croix, mercredi 3 février 2016).

Autrefois, dans les rédactions locales, la population connaissait et appréciait les journalistes d’Ouest-France ; ces « localiers » appartenaient au paysage. Enracinés, rien ne leur échappait ; c’était des artisans qui connaissaient les attentes des lecteurs et savaient dénicher les sujets vendeurs. Aujourd’hui, on a l’impression d’avoir affaire à des gens de passage qui rêvent d’être mutés dans une grande ville où ils pourront se spécialiser et échapper ainsi aux contraintes du « tout terrain ».

B.M.

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