Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini ne veut pas signer l’accord sur les migrants prévu avec l’Allemagne tant que toutes ses demandes n’auront pas été satisfaites.
Matteo Salvini et les règles de Dublin
La signature d’un accord entre l’Allemagne et l’Italie portant notamment sur la question des migrants a été reportée. En cause, l’insatisfaction de Matteo Salvini sur plusieurs points contenus dans le document. « Ce traité est sur mon bureau depuis des semaines. Mais je n’ai encore rien signé », a déclaré le leader de la Lega à un quotidien autrichien.
« Nous avons toujours dit aux Allemands que cet accord devait faire partie d’un accord plus large – que nous voulions un changement aux règles de Dublin, que nous voulions de nouvelles règles pour les navires qui secourent les réfugiés en Méditerranée », a expliqué Matteo Salvini.
Du côté allemand, si les négociations avaient d’abord été menées par le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer (CSU), la chancelière Angela Merkel (CDU) s’est emparée du dossier entre temps. Horst Seehofer avait alors signé des accords bilatéraux avec l’Espagne et la Grèce.
Que reproche Matteo Salvini ?
Ces retours dans le premier pays d’accueil en Europe ne s’appliquent toutefois qu’aux individus appréhendés à la frontière germano-autrichienne. Il en va de même pour l’Italie. En échange, l’Allemagne s’engage à accueillir le même nombre de migrants récupérés en mer Méditerranée et débarqués en Italie.
Mais Matteo Salvini reste ferme sur ses positions et veut une révision de ces règles de Dublin qui permettent à l’Allemagne de renvoyer les migrants dans les 48 heures en Italie. Si le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer était auparavant très confiant sur la signature rapide de cet accord par Matteo Salvini, ce dernier a donc mis un sérieux coup de frein à l’enthousiasme de Berlin. « Je ne signerai rien tant que l’Allemagne restera sourde et ne répondra pas à toutes nos demandes. Je ne signe pas des accords par bribes ».
Sud-Tyrol : le faux pas de Matteo Salvini ?
Par ailleurs, au cours de ce même entretien avec la presse, Matteo Salvini a fait savoir son désaccord avec le gouvernement autrichien. Ce dernier a récemment eu l’idée de proposer la double nationalité pour les Sud-Tyroliens. « Seule l’Italie décide qui donne les passeports aux Italiens. C’est une position que je défends aussi », a déclaré Matteo Salvini.
En s’opposant à la possibilité pour les Sud-Tyroliens d’obtenir la nationalité autrichienne, le ministre de l’Intérieur italien va ainsi à l’encontre du vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache et de son parti, le FPÖ. Pour cette formation, le cas du Sud-Tyrol est un combat de longue date alors que cette région de l’Extrême-Nord de l’Italie est toujours tiraillée entre culture (et langue) germanique et appartenance administrative italienne.
Rappelons que le Sud-Tyrol n’a été rattaché à l’Italie qu’en 1919 avant de connaître les affres du jacobinisme mussolinien par la suite. Une « italianisation » à marche forcée qui a laissé de mauvais souvenirs dans ce territoire montagneux. L’apprentissage de l’allemand par les enfants, alors interdit par l’Italie, se faisant de manière clandestine.
Cette opposition de Matteo Salvini au projet du FPÖ suscite d’autant plus d’incompréhensions en Autriche puisque l’Italie avait elle-même accordé la double nationalité aux Italiens de Dalmatie, d’Istrie et de Fiume en 2006.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Ministero dell’interno)
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