Jean-Michel Vernochet est écrivain, essayiste et géopolitologue. Ancien professeur de l’École supérieure de journalisme de Paris et ancien grand reporter au Figaro Magazine, il est l’auteur de nombreux ouvrages relatifs à l’islam radical, l’Iran, la Syrie, l’Ukraine, le terrorisme ou la guerre civile idéologique. Il contribue régulièrement au site géopolintel.fr et anime un Libre Journal sur ERFM.
Il a publié le livre « L’Imposture » aux éditions Kontre Kulture, présenté ainsi par son éditeur :
La notion de Grand Remplacement, mise en avant par Renaud Camus, n’est pas un fantasme ; il n’est qu’à regarder autour de soi, dans le métro, les cours de récréation ou simplement dans la rue… un peu moins il est vrai dans la petite lucarne, sauf dans les films et séries par lesquels on veut habituer le Français à vivre dans une société multiculturelle et multiethnique. Mais à cette légitime réaction de résistance de l’autochtone sur sa terre, on oppose des accusations de frilosité, de repli sur soi, d’islamophobie – avec ce que cela rappelle de l’antisémitisme, pourvoyeur de mort sociale pour celui qui en est accusé. Piégé dans son combat contre la destruction de son environnement social et culturel, renvoyé dans les cordes de l’extrême-droite par la représentation médiatique, usé parfois par un quotidien parsemé d’agressions, tant physiques que verbales, le résistant oublie de regarder au-delà de la cause directe qui mine son existence et détruit son pays. Car derrière la flèche, il y a toujours un archer, et il est primordial de le démasquer.
Nous l’avons interrogé au sujet de cet ouvrage, particulièrement incisif et instructif.
Jean-Michel Vernochet – l’Imposture – 13€ – Kontre Kulture
[amazon_link asins=’2367251304′ template=’ProductCarousel’ store=’httpwwwbrei05-21′ marketplace=’FR’ link_id=’a99e81fd-c00f-11e8-b83d-539144b4c2b9′]
Breizh-info.com : Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Jean-Michel Vernochet : Je suis un esprit indépendant qui avait vingt ans en 1968 et qui depuis, a dégringolé trop vite la pente existentielle. Reste que durant toute la durée de ma chute dans le temps, je me suis efforcé de garder les yeux grands ouverts… d’où ma production discursive. Je vous renvoie à mon livre relatif à ces événements révolutionnaires de 68 qui ont ouvert l’actuel « bal du Diable sous l’enseigne de la postmodernité »*. Je ne m’y raconte pas. Je livre à ceux qui voudront bien me lire, le bilan d’une vie d’observations et de méditation du fait social et politique. À ce titre, j’en conseille vivement la lecture à tous ceux qui ne veulent pas mourir complètement idiot. Ce texte ouvre en effet des perspectives inédites sur la marche de l’histoire au cours du dernier demi siècle.
L’Imposture dont nous parlons ici relève d’une démarche identique. Il s’agit d’une analyse du temps présent mais en visant au rétablissement des faits dans leur vérité vraie. Les choses et les êtres ne pouvant être en deux endroits à la fois, la réalité objective par conséquent existe bel et bien. N’en déplaise à tous les adeptes de la post-vérité qui voudraient nous faire accroire qu’il n’y aurait que des différences de point de vue, d’angles de perception et que toutes les opinions se vaudraient…
Sauf évidemment celles qui sont interdites ! Nous en savons quelque chose puisque les idées qui battent en brèche la dictature consensuelle condamne leurs porteurs à une inévitable mort sociale. Les relativistes qui tiennent le haut du pavé médiatique travaillent avec frénésie (et succès d’ailleurs) à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ils sont évidemment une plaie qu’il faut combattre et éradiquer. Reste que la pente est rude pour qui a choisi le camp de la raison critique. Renaud Camus quant à lui, n’est pas tout à fait l’un de ces biaiseurs, jeteurs de confusion mentale, mais il n’en est hélas pas loin eu égard à ses silences et à ses pudeurs hors de propos !
https://www.youtube.com/watch?v=k-8yYkoelWk
Breizh-info.com : Effectivement vous commencez votre livre, « l’Imposture », par une attaque vis à vis de la notion de « grand remplacement » érigée par Renaud Camus, pour quelles raisons. Vous partagez pourtant avec lui les mêmes conclusions ?
Jean-Michel Vernochet : M. Renaud Camus n’est évidemment pas mon cœur de cible. C’est un littéraire pur jus qui semble avoir oublié de regarder les choses en face. Je ne le crois cependant pas innocent. Il y a chez lui une évidente part de rouerie (et par conséquent de mauvaise foi). En effet je ne puis croire qu’il soit assez borné pour qu’il ne voie pas l’insuffisance de ses propositions… Je m’explique :
… Il y deux Grand remplacement. Le visible, celui qui saute aux yeux et contre lequel on bute à chaque pas dans la rue, celui contre lequel on se cabre. Puis l’autre que Renaud Camus, atteint de strabisme très divergent, semble ne pas voir. Or le second, celui qui donne de l’urticaire et des sueurs froides, n’est que la simple conséquence du premier, plus discret, plus insidieux. Or tous les allophobes voudraient nous faire croire qu’ils ne le voient pas. Cacher ce sein que je ne saurait voir ! Grand remplacement primaire sans lequel le second n’existerait pas et surtout n’aurait pas pu avoir lieu. Il faut donc dénoncer et bannir ceux qui vomissent les effets des causes qu’ils chérissent ! Autrement dit, façon Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.
Bref, remettons les choses dans l’ordre et la charrue après les bœufs… Les immigrés, supposés réfugiés et/ou migrants ne sont pas arrivés ici tout seuls, en France et en Europe. Qui les a fait venir ? Qui leur a préparé le terrain idéologique et politique pendant des décennies ? Qui a fait voter les lois et les décrets pour arracher de ses gonds les portes de la ville d’Ys ? Chacun est en mesure de répondre par lui-même à ces questions et, à partir de là, comprendre pourquoi et comment les dénonciateurs du genre Renaud Camus, nous baladent et nous envoient sur une voie de garage intellectuelle.
Toutes les réponses se trouvent dans mes derniers livres. Un dernier mot cependant : l’explication de teinture marxiste (et par conséquent matérialiste) de l’ouverture initiale des frontières par le marché du travail, la pression sur les salaires, l’importation massive de manœuvre servile à prix cassés, pour n’être ni fausse ni absurde, mais elle est évidemment très insuffisante. Cet aspect n’est au mieux qu’un cofacteur, il faut aller chercher les sources et les causes originellement déterminantes beaucoup plus loin dans l’histoire, sans quoi l’on s’expose à n’y rien comprendre.
Breizh-info.com : Qui est l’archer, que vous tentez de démasquer, derrière la flèche ? En gros, qui sont les coupables de ce « grand remplacement » ?
Jean-Michel Vernochet : La réponse est simple. Ouvrez votre poste de télévision et la réponse vous sautera aux yeux. À condition bien entendu que les écailles qui les couvrent ne soient pas trop épaisses. Il est à ce titre indispensable de réapprendre à penser par soi-même. Même si la chape de béton et de plomb qui incarcère nos cervelles (et notre vision du monde) dans l’enceinte de confinement des lieux communs, des mythes et des mensonges fondateurs du monde contemporain, semble parfaitement hermétique, elle commence néanmoins à se fissurer et à laisser passer quelques raies de lumières.
Mais tout est fait pour noyer les bonnes lectures (Youssef Hindi par exemple) sous l’immense et scintillants fatras d’un politiquement correct faussement dissident. Plutôt que d’enrichir Zemmour qui pratique un mimétisme franchouillard extensif, soutenez plutôt ceux qui parmi les auteurs non conformistes sont condamnés soit à l’exil, soit à la prison, soit à de très lourdes amendes ou à l’éternel silence médiatique… ce quatrième pouvoir (en fait le premier) qui possède l’exorbitant privilège de vous faire exister ou pas.
Mieux et plus soft que les hôpitaux psychiatriques de feu l’Union soviétique.
Breizh-info.com : Vous expliquez que Macron est l’incarnation même de la fin du politique en France. Pourquoi ?
Jean-Michel Vernochet : Macron n’est pas un « politique », c’est un exécutant. L’affaire Benalla été initiée par ses propres commanditaires qui viennent par ce biais de le recadrer. Il a été choisi, nommé et coopté (et non pas élu, une illusion d’optique) pour devenir le Merkel français. Un bonhomme fabriqué de À à Z, un produit de synthèse né du mariage des médias et de la haute finance (les puissances d’argent). Accessoirement pour épauler la Grande Amérique-Monde dans ses guerres, notamment en Syrie contre les États rivaux ou concurrents, Russie, Chine. Toutefois Macron avait manifesté en 2017 des velléité de se démarquer de la ligne éditoriale euratlantiste (il voulais presque sauver le soldat Bachar), il vient de rentrer dans le rang illico presto. Le dernier épisode de la frégate Auvergne, impliquée en Méditerranée orientale dans la disparition d’un Iliouchine-20 de l’armée russe, n’est qu’en piqûre de rappel supplémentaire (ne cherchez pas, la presse française n’en a pas soufflé mot) !
Au final, avec Macron nous assistons à une accélération du grand projet mondialiste : détruire les peuples et en finir avec l’État nation (le verrou qu’il faut faire sauter, comme feu Edmond de Rothschild laffirmait tranquillement le 18 juillet 1970). Cela avant le big one, le méga collapsus planétaire, économique et financer, qui s’avance sur l’horizon. M. Macron a ainsi été nommé dans l’unique but de faire en France ce qu’a si bien fait frau Merkel en Allemagne avec ses 8 millions d’immigrés depuis 2011 – et pas seulement 1 million en 2015 – lesquels sont en train d’inéluctablement se déverser à bas bruit à travers de l’Europe. Dans ces conditions que reste-t-il de l’État souverain ?
Breizh-info.com : Si la médiacratie domine aujourd’hui notre société en tant que premier pouvoir, alors quelles perspectives pour demain ?
Jean-Michel Vernochet : La Constitution du 24 juin 1793 faisait de la révolte, de l’insurrection populaire le droit le plus sacré, devoir le plus indispensable face à l’iniquité d’un pouvoir devenu illégitime.
Propos recueillis par Yann Vallerie.
A noter que Jean-Michel Vernochet publie également en cette année 2018 : « En l’An 68… Trublions, enragés & messianiques… » (voir ici).
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine